Maroc
12 mars 2007
L’équilibre des principaux régimes de retraite au Maroc
serait menacé à moyen et long terme. Le constat est de Fathallah
Oualalou. La dette implicite des caisses de retraite avoisine le PIB du
pays.
Conformément au timing qu’il avait fixé pour la fin février 2007, le
Premier ministre doit être incessamment destinataire du Procès verbal de
la commission nationale de la retraite. Driss Jettou avait demandé à
ladite commission un compte rendu sur le cahier de charges et le statut de
la CIMR.
C’est dans ce contexte d’attente qu’a été organisé vendredi 9 mars
2007 à Skhirat, une journée d’études sur la «place des régimes de
retraite de la fonction publique dans la dynamique de réforme ».
L’initiative vient de la CMR, qui célèbre ainsi son dixième
anniversaire.
Parmi les sommités internationales présentes à cette rencontre axée sur
les «expériences internationales» en matière de retraite, un certain
Robert Holzmann, directeur du département de la Protection sociale à la
Banque mondiale, ainsi que des représentants du Conseil français
d’orientation des retraites et, entre autres, de la direction des études
financières de la Commission européenne.
C’est devant ce panel d’experts et de hauts cadres, que Fathallah
Oualalou a exprimé son inquiétude concernant certains aspects précis
des caisses marocaines de retraite. Selon l’argentier du pays, la Caisse
marocaine des retraites (CMR), la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS)
et la Caisse interprofessionnelle marocaine de retraite (CIMR), ne
couvrent pas leurs engagements à plus de 35%.
Et de se faire plus précis : les trois caisses disposent de 80 milliards de
dirhams sous forme de réserves. A l’inverse, elles cumulent une dette
avoisinant le PIB du Maroc. Il s’agit de la dette implicite, c’est-à-dire,
de la différence entre les engagements de ces caisses et leurs réserves.
Le ministre des Finances qui écarte d’emblée une «rupture immédiate»
de l’équilibre de ces institutions n’en écarte pas moins cette éventualité
sur le moyen et long terme. D’où d’ailleurs la nécessité de la réforme
en cours et diverses mesures comme l’intégration au sein du Régime
collectif d’allocation de retraites (RCAR), des caisses de retraite
internes. Il s’agit de la caisse interne de l’Office es chemins de fer,
de celle de la Régie des Tabacs et de l’Office d’exploitation des
ports.
En parallèle, les cotisations ont été sensiblement relevées depuis 2003.
A la CMR, ces augmentations varient entre 14 et 20% pour les pensions
civiles, de 14 à 30% pour le régime des pensions militaires.
C’est dire, au vu du constat de Oualalou, combien sont incertaines les
projections des différentes institutions sur leur pérennité.
L’hôte du jour, Mohamed Bendriss Benhamed, a ainsi rappelé que la CMR (retraités
de la fonction publique) est sereine jusqu’à l’horizon 2020. Cela, en
tenant compte de plusieurs paramètres, comme l’a noté l’intéressé
lui-même : «les capacités de manœuvre deviennent de plus en plus étroites
et les réformes seront à l’avenir certainement plus difficiles, coûteuses,
nécessitant d’importants sacrifices de la part aussi bien des actifs
que des retraites».
Naturellement, les commentaires allaient bon train à la suite du diagnostic
sans complaisance du ministre des Finances. Un diagnostic destiné,
semble-t-il, à faire évoluer le dossier de la réforme face à des réticences
à caractère syndical, en particulier sur la retraite à 65 ans.
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