France
23 mars 2007
Edouard Dapvril, 62 ans, syndicaliste FO : "Les fonds de pension,
c'est dangereux"
Nous sommes une classe d'âge charnière qui aura aidé ses parents, qui
aide aujourd'hui ses enfants, voire ses petits-enfants", constate
Edouard Dapvril, 62 ans. Ce syndicaliste FO se considère comme "un
privilégié avec un grand P". Il était "Etam", comme
employé, technicien, agent de maîtrise, une catégorie intermédiaire
entre les ouvriers et les ingénieurs. Il aide encore régulièrement son
fils, qui gagne le smic comme agent de sécurité malgré son bac et une
année d'université. "Aujourd'hui, la société incite les jeunes à
consommer, mais ne leur en donne plus les moyens. Cela crée des
frustrations."
Ancien du Mouvement des jeunesses socialistes et des cercles Léo-Lagrange,
versé dans le militantisme syndical par hérédité, Edouard Dapvril
constate la dépolitisation ambiante. "De vrais socialistes, il n'y
en a plus", estime-t-il. Il ne cache pas son vote, pense qu'"une
femme mettrait un peu d'ordre".
Les grands candidats ont promis, sous une forme différente, une
revalorisation des retraites. Edouard Dapvril s'en félicite, mais lève
un sourcil soupçonneux : "Ils ne disent pas où ils vont trouver
l'argent." Il s'inquiète surtout pour l'avenir, s'interroge sur les
remises en cause d'un système solidaire. "L'orientation actuelle,
c'est les fonds de pension. C'est dangereux. Les parents condamnent leurs
enfants en vivant de leur exploitation pour soutirer les dividendes qui
paieront leur retraite." La guerre des générations, cet homme qui a
vécu des solidarités de la mine n'en veut surtout pas.
Jean
Fediaczko, 60 ans, dont dix-neuf ans de fosse : "Qui va payer nos
retraites ?"
Fils d'immigrés ukrainiens, Jean Fediaczko a fait dix-neuf ans de fosse, à
l'abattage, par une température de 35 °C et une humidité de 85 %.
"C'étaient les tropiques sans les palmiers." Il est remonté
avec des traces de silicose. Et la crainte d'être un jour dépendant.
"Quand ma mère est tombée malade, il a fallu lui trouver une place.
Ma soeur, qui est psychiatre à Grenoble, a tout pris en charge,
heureusement. Moi, je n'en avais pas les moyens. Avec ma pension, je
n'aurai pas de quoi me payer une maison de retraite. Mes enfants ne
pourront peut-être pas m'aider. Il me restera quoi, l'hospice ?"
"Nos 1 000 euros, on ne les a pas volés, assure Jean Fediaczko. Mais
qui va payer nos retraites ?" L'homme travaille 50 heures par mois au
centre minier, une rentrée supplémentaire, même si les pourboires ont
tendance à baisser. "Ça, c'est un signe qui ne trompe pas. Les gens
comptent." Il s'inquiète pour ses deux enfants. "L'aîné me
dit qu'il aurait voulu vivre à mon époque. Il me dit aussi : "Papa,
je ne pense pas que je toucherai une retraite comme toi." De notre
temps, il y avait du travail, même pour les analphabètes. Aujourd'hui,
on voit des bac + 2, + 3 qui logent chez Don Quichotte."
Les thèmes qui détermineront son vote sont listés.
"1. La retraite. 2. L'emploi pour les jeunes." Il n'a pas encore
décidé de la couleur de son bulletin, trouve que "Bayrou n'est pas
mauvais", mais au final ne compte guère sur les uns ou les autres
pour changer sa vie. "Et puis, la France n'est peut-être pas si mal
que ça. Sinon, les gens ne viendraient pas en masse émigrer ici. Ça,
c'est un signe qu'on n'est pas autant en déclin qu'on le dit."
Copyright © Global Action on Aging
Terms of Use |
Privacy Policy | Contact
Us