Génération du Papy-Boom : le risque de longévité
Cass
Business School, City University London
Juin 2009
Grande
Bretagne
D'après une étude de la London Business School les gouvernements devraient aider les assureurs à s'assurer eux-mêmes.
Nous vivons tous de plus en plus longtemps. Selon un nouveau modèle de prévision du taux de mortalité développé par des chercheurs de Cass Business School, les hommes britanniques pourraient vivre jusqu’à 12 ans de plus que prévu.
L’augmentation de l’espérance de vie, associée à l’arrivée à l’âge de la retraite de la génération du baby-boom, signifie que les fonds de pension et les organismes de retraite par capitalisation ont besoin d’une protection financière contre la longévité accrue de leurs membres ou de leurs clients. Ces fonds et ces organismes n’ont jamais été autant exposés aux conséquences financières d’une telle longévité et le secteur privé propose peu d’options pour les protéger contre ce
risque.
Ce nouveau modèle, formulé par le professeur David Blake, directeur du Pensions Institute de Cass Business School, assisté de ses collègues le professeur Andrew Cairns (Heriot-Watt University) et le professeur Kevin Dowd (Nottingham University Business School), se base sur une analyse des données de mortalité des hommes de 65 ans et indique que les personnes vivent plus longtemps et que la longévité augmente beaucoup plus rapidement que prévu.
« Nous savons que les gens vivent plus longtemps mais ce modèle démontre que la longévité s’accélère bien plus vite que les prédictions actuelles et que l’espérance de vie à venir présente des incertitudes considérables. Il s’agit là d’un défi énorme pour les prestataires des soins de santé à long terme, qui amplifie les problèmes auxquels sont confrontés à la fois le gouvernement et le secteur des retraites au Royaume-Uni », explique le professeur Blake. Pour cette raison, le Pensions Institute de Cass Business School appelle les gouvernements des pays ayant un marché des annuités et des fonds de pension arrivés à échéance à émettre des obligations indexées sur la longévité, afin d’aider le secteur privé à gérer ce
risque.
« Le Royaume-Uni compte 150 ans d’histoire de fonds de pension et il fait partie des premiers pays d’Europe à devoir faire face au problème du risque de longévité dans les plans de retraite d’entreprise du secteur privé. Afin de se protéger contre ce risque, il a utilisé les swaps de longévité mais ce marché aura du mal à décoller tant qu’un prix fiable pour le risque de longévité ne sera pas établi » explique le professeur Blake. Pour ce faire, les gouvernements des pays d’Europe doivent émettre des obligations indexées sur la longévité, pour établir le prix du marché pour ce
risque.
« Lorsque les régimes de retraite par capitalisation du reste de l’Europe commenceront à arriver à échéance, ils seront confrontés aux mêmes problèmes que ceux du Royaume-Uni depuis des décennies, continue Blake. Les régimes de retraite des pays du nord-ouest de l’Europe (Hollande, Irlande, Suède, Norvège, Danemark) et la Suisse seront les prochains à arriver à échéance et à subir l’impact du risque de longévité ; ils peuvent tirer les leçons du cas britannique pour éviter l’apparition d’une crise similaire ».
Ce risque est également présent en Allemagne, en raison de son système de provisions au bilan des entreprises en cas de fonds insuffisants pour les montants à verser au titre des retraites. Les entreprises allemandes s’assurent pour protéger ces montants mais le coût de telles assurances augmentera inévitablement pour refléter un risque de longévité
accru.
Les pays du reste de l’Europe, y compris la France et l’Italie, n’ont pas de régimes de retraite d’entreprise à « prestations définies » financés par capitalisation ; ils ont commencé seulement très récemment des régimes de retraite à « cotisations déterminées ». Quoi qu’il en soit, ils finiront inévitablement par être confrontés, eux aussi, au problème d’une population vieillissante et à la nécessité de trouver des instruments de protection contre le risque de longévité.
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