Pension gelée ou en baisse pour des milliers de retraités québécois
Par Karim Benessaieh, www.cyberpresse.ca
31 Juillet 2009
Canada
Comme des milliers de retraités québécois, Pierre Bourgeois, de Mascouche, a eu une mauvaise surprise au début du mois de juillet. Pour la première fois, son chèque de pension du gouvernement fédéral, gelé depuis janvier dernier en raison de la déflation, a légèrement diminué.
Personne ne lui a expliqué le mécanisme de ce calcul plutôt complexe, dénonce l'homme de 70 ans. «Il me reste 100$ par mois pour manger, je n'ai pas les moyens de perdre cet argent. Tous les retraités dans mon bloc ont vu leur chèque baisser, entre 3$ et 20$. C'est la première fois que ça nous arrive. C'est rageant.»
Il s'agit en fait d'une conjonction exceptionnelle, vraisemblablement jamais vue depuis que les prestations fédérales pour les retraités sont indexées selon l'inflation, soit 1985. En cas de déflation, les prestations sont gelées. En janvier 2008, cependant, la Régie des rentes du Québec, l'autre source principale de revenus des retraités, a augmenté ses prestations de 2%.
Résultat: par un implacable calcul mathématique, les prestations fédérales, recalculées en juillet selon le revenu de l'année précédente, ont été amputées. Plus précisément, c'est le Supplément de revenu garanti, établi selon le revenu des personnes âgées à faible revenu, qui a diminué. M. Bourgeois a ainsi vu son chèque de pension du fédéral passer de 1039$ à 1036$ par
mois.
À la Fédération de l'âge d'or du Québec (FADOQ), on confirme avoir reçu «quelques appels» de retraités inquiets. «Mais probablement que beaucoup ne s'en sont pas aperçus ou ont jugé la somme trop minime pour réagir», précise Frédéric Lalande, conseiller aux dossiers
sociaux.
«Quelques dizaines» de ces retraités ont également joint les députés du Bloc québécois, selon le leader parlementaire du parti et député de Joliette, Pierre Paquette. «Les gens dans mon comté n'ont pas le réflexe d'appeler leur député fédéral, alors ils représentent sans doute un nombre beaucoup plus élevé de retraités, estime M. Paquette. Ils sont inquiets, nous essayons de les rassurer, de leur expliquer pourquoi leur chèque a diminué. C'est dur pour eux, ce sont souvent des gens démunis qui ont besoin de tous leurs sous.»
Pour M. Paquette, la situation de ces retraités est un des «paradoxes typiques» des programmes sociaux au Canada. «C'est arrivé pour les prêts et bourses, pour les garderies à 7$. Le gouvernement du Québec devrait s'assurer que quand il bonifie ses prestations, il ne voit pas Ottawa baisser les siennes. Si on était les maîtres d'oeuvre de nos programmes, on n'aurait pas ce genre de paradoxes.»
La formule d'indexation d'après l'inflation devrait être corrigée, estime le leader parlementaire. «Elle est manifestement faite pour une économie en inflation, ce qui n'est pas le cas en ce moment. Le problème, c'est que le coût de la vie pour les personnes âgées continue d'augmenter, lui. Mathématiquement, ça tient la route mais nous, on remet en cause la mécanique.»
Les dernières données de Statistique Canada confirment cette analyse. L'indice des prix à la consommation a reculé de 0,3% en juin dernier dans le pays, mais a progressé au Québec de 0,2%. La déflation du mois dernier n'est en fait due qu'au recul des prix de l'essence - c'est la raison pour laquelle les experts préfèrent parler d'«inflation négative». Pour le reste du panier de consommation, on a plutôt constaté une inflation de 2,1%.
Le pays n'a connu que deux épisodes d'inflation négative depuis 1985, soit en juillet 1994, essentiellement à cause des baisses spectaculaires des taxes sur les cigarettes, et depuis octobre 2008.
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