Mario Monti exige des Italiens
un nouvel effort sur les retraites
par Anne Le Nir, La Croix
5 Décembre 2011
Italie
«
Appelez ce plan “le décret-loi Sauve
Italie”, si vous voulez ! L’important est de ne
pas finir comme la Grèce, un pays envers
lequel nous avons beaucoup de sympathie mais que
nous ne nous voulons pas imiter. »
C’est en ces termes que le nouveau
président du Conseil italien, Mario Monti,
entouré de son équipe de professeurs
et de techniciens, a présenté lundi
5 décembre à la presse
étrangère, à Rome, sa cure
d’austérité draconienne, qui porte
sur plus de 20 milliards d’euros. C’est la
quatrième adoptée par le pays depuis
le début de l’année, pour un montant
total de 80 milliards d’euros.
LES LARMES DE LA MINISTRE DES AFFAIRES SOCIALES
À la fois grave, ne cachant pas les
défis urgents à affronter pour tenir
les engagements d’équilibre
budgétaire d’ici à 2013, et
optimiste « ensemble nous
y parviendrons ! » –, Mario Monti admet la
dureté du plan, mais souligne qu’« il
fait mal à un peu tout le monde » .
Lui-même va renoncer à son traitement
de président du Conseil et de ministre de
l’économie.
Alors qu’elle expliquait que les sacrifices
demandés aux Italiens « ont aussi un
coût psychologique » pour les membres
du gouvernement, la ministre chargée des
affaires sociales, Elsa Fornero, s’est d’ailleurs
effondrée en larmes.
Parmi les mesures les plus controversées,
la question des retraites qui, en Italie, reposent
sur un double système. Pour les retraites
dites « de vieillesse », la date de
départ sera repoussée dès
2012 de 62 à 66 ans pour les hommes et de
60 à 62 ans pour les femmes.
Quant aux retraites dites «
d’ancienneté », il faudra avoir
versé des cotisations pendant 41 ans et 1
mois pour les femmes et 42 ans pour les hommes –
contre 40 ans pour les deux actuellement –, afin
d’obtenir une retraite à taux plein,
indépendamment de l’âge. À
terme, l’objectif est de ne garder qu’un seul
régime, basé sur l’âge.
Le calcul du montant sera fondé non plus
sur les dernières années de salaire,
mais sur le total des annuités. Par
ailleurs les montants de toutes les retraites
seront gelés en 2012, sauf pour celles
inférieures à 960 €.
« C’est un coup très dur ! Nous
sommes prêts à proposer au
gouvernement des contre-mesures qui tiennent
compte de la situation réelle des familles,
des travailleurs et des femmes », a
déclaré Susanna Camusso, leader de
la CGIL, principal syndicat du pays avec 5,6
millions d’adhérents.
Autre point douloureux pour la majeure partie des
Italiens, dont 80 % sont propriétaires de
leur logement, la taxe foncière sur la
résidence principale abolie par Silvio
Berlusconi en 2008 est réintroduite sous
une nouvelle forme. Un impôt municipal dont
le montant sera calculé en fonction des
revenus du foyer et de la valeur du bien
immobilier, revalorisée uniformément
de 60 %. En revanche, il n’y aura pas,
contrairement à ce que demandaient les
syndicats et le centre gauche, d’impôt sur
les grandes fortunes, en raison du veto du parti
de Silvio Berlusconi, très fort au
Parlement. Les possesseurs de voiture de luxe, de
yacht, d’hélicoptère ou d’avion
devront toutefois contribuer, à travers un
impôt spécial, à
l’accélération de la
réduction de la dette publique (120 % du
PIB). Idem pour ceux qui ont rapatrié leur
capital, moyennant une amende symbolique,
grâce à l’amnistie fiscale du
gouvernement Berlusconi. Ils seront soumis
à une contribution spéciale pour la
seule année 2012 (1,5 % du total du
capital).
L’équipe Monti a aussi annoncé des
coupes sévères dans le budget des
collectivités locales. Et la TVA pourrait
augmenter – « si nécessaire » ,
dit le premier ministre – de 21 à 23 % au
printemps prochain. Le gouvernement cherche aussi
à renforcer la lutte contre
l’évasion fiscale. Le seuil au-delà
duquel il est interdit de payer une prestation de
service en liquide descend de 2 500 € à 1
000 €.
Emma Marcegaglia, présidente de la
Confindustria, le Medef italien, a dit soutenir
pleinement cette cure extrême qui comporte
aussi quelques mesures de relance. Notamment la
réduction des charges patronales pour les
entreprises qui embaucheront et l’institution d’un
grand fonds de garantie de prêts aux PME.
Alors que l’éditorialiste du quotidien La
Repubblica, Massimo Giannini, décrit ce
décret-loi comme « une
opération chirurgicale sans
anesthésie » , les Italiens vont
devoir maintenant faire leurs comptes.
L’association de consommateurs Adiconsum estime
que les mesures adoptées en 2011 devraient
coûter 2 890 € par foyer.
De son côté, la Conférence
épiscopale italienne a demandé des
efforts pour plus d’équité. Le plan
fera l’objet d’un débat parlementaire qui
s’annonce tendu, avant son adoption
définitive à la fin décembre.
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