Le Canada abolit la retraite
obligatoire
La Croix
11 Avril 2012
Canada
Pour les
retraités canadiens, c’est une victoire.
«Si on oblige les gens à se retirer
à 65 ans, on nuit à la
société» , martèle
Danis Prud’homme, directeur général
de la Fédération de l’âge d’or
du Québec, le plus grand regroupement
d’aînés de la province. «Dans
les années 1970, nous avions huit
travailleurs pour un retraité. En 2030, ce
sera deux travailleurs pour un retraité.
C’est impossible, on ne peut pas fonctionner comme
société.»
« UNE
DISCRIMINATION FONDÉE SUR L’ÂGE
»
Avec d’autres organisations de salariés, le
réseau s’est battu pour l’abolition de la
retraite obligatoire, déjà
supprimée dans la plupart des provinces
canadiennes. Les fonctionnaires
fédéraux qui y étaient encore
soumis pourront désormais prendre leur
retraite à l’âge qu’ils auront
choisi. «La discrimination fondée sur
l’âge est une forme de discrimination pure
et simple» , a jugé le
président de la Commission des droits de la
personne, David Langtry.
DES
RÉGIMES DE RETRAITE ESSOUFFLÉS OU
À L’AGONIE
Le gouvernement répond à ainsi une
inquiétude amplifiée par la crise.
Le niveau des retraites publiques est faible au
Canada : un retraité ayant cotisé
toute sa vie touchera, au maximum, une pension de
987 dollars canadiens (756 €) par mois. Un
supplément, plafonné à 540
dollars (414 €), est offert aux retraités
à faibles revenus (34% des retraités
canadiens), mais il reste insuffisant pour les
sortir de la pauvreté.
Pour s’assurer un niveau de vie décent
à la fin de leur carrière, les
Canadiens doivent cotiser à des
régimes privés, mais la plupart
n’épargnent pas assez. Les régimes
de retraite sont dans le rouge, et plusieurs
pourraient être acculés à la
faillite. «Avec la dernière crise,
les pensions de nombreux retraités ont
été réduites. On ne peut pas
les empêcher de retourner sur le
marché du travail!» Serge Blain,
patron d’une quincaillerie de Montréal qui
emploie quarante salariés, en a
recruté plusieurs. «Nous manquons de
personnel, et ces gens-là, qui ont de
l’expérience de vie, deviennent
intéressants pour nous.»
LES
BÉNÉFICES DE L’ÂGE
Grâce à son emploi de
caissière, Linda Lavoie, 66 ans, a
doublé son revenu. «Je peux
gâter mes petits-enfants et m’offrir
quelques douceurs , dit-elle. Et puis je suis en
forme!» Autant que Pierre Piotte, son
collègue de 79 ans. «J’ai
essayé de prendre ma retraite, mais je ne
l’ai pas supporté. Ici mes tâches
sont adaptées, je travaille plus au bureau…
Mais j’ai une expertise, et mon rendement n’a pas
baissé!»
TRAVAILLER PLUS
LONGTEMPS POUR GAGNER PLUS
Aussi, le taux d’emploi des personnes
âgées de plus de 65 ans est de 10,9%
au Canada (contre 1,6% en France). Le Canada
affronte cependant une pénurie de
main-d’œuvre amplifiée par le départ
des baby-boomers. Les mesures se multiplient pour
les retenir au travail: plans de formation,
horaires adaptés… Et surtout, carotte et
bâton financiers. Dès 2013, les
travailleurs qui s’arrêteront à 70
ans au lieu de 65 ans verront leur pension
bonifiée de 42%. À l’inverse, ceux
qui raccrocheront plus tôt seront
pénalisés. Car la disparition de la
retraite obligatoire n’a pas eu le moindre effet
sur les modes de vie: les Canadiens partent
toujours, en moyenne, à 61 ans et demi.
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