L’employeur doit informer ses
salariés expatriés de leurs
droits à retraite
Net PME
23 Février
2012
France
Dans un
arrêt du 25 janvier 2012, la Cour de
cassation a rappelé l'obligation
d'information qui pèse sur les employeurs
en matière de protection sociale.
L'entreprise qui n'informe pas
précisément l'un de ses
salariés de la manière de se
constituer des droits à la retraite manque
en effet à son obligation contractuelle
d'information et doit lui verser des dommages
intérêts.
Dans cette affaire, un salarié avait
travaillé plus de 20 ans à
l'étranger, pour le compte de diverses
filiales d'une entreprise de restauration
collective.
Lors de son départ à la retraite, il
constate que, pendant toute la durée de son
expatriation, il n'a pas cotisé au
régime d'assurance vieillesse de la
sécurité sociale. Il reproche
à son employeur de ne pas l’avoir
informé du fait que son activité ne
donnait pas lieu au versement de cotisations au
régime général de retraite et
de ne pas l’avoir averti qu'il pouvait y
adhérer volontairement. Il réclame
à son employeur des dommages et
intérêts.
La Cour de cassation lui a donné gain de
cause. Pour la Cour, l’employeur, tenu d’une
obligation de bonne foi dans l’exécution du
contrat de travail, doit informer le
salarié expatrié de sa situation au
regard de la protection sociale pendant la
durée de son expatriation. La solution est
d’autant plus vraie qu’en l’espèce, le
salarié, en raison de sa formation et de
son expérience professionnelle, n’avait
« aucune qualification particulière
pour apprécier lui-même
l’étendue de sa couverture sociale ».
L’employeur avait bien tenté de faire
valoir que les bulletins de paie du salarié
ne mentionnaient que des cotisations au titre de
la retraite complémentaire, ce qui aurait
dû alerter le salarié sur le fait
qu’il ne cotisait pas au régime
général. Un argument rejeté
par la Cour de cassation qui a jugé que
l’information contenue dans les bulletins de
salaire ne mettait « pas suffisamment en
évidence l’absence de cotisation au
régime général pour
éclairer de manière claire et
exhaustive le salarié sur sa situation, des
cotisations étant prélevées
au titre de la retraite complémentaire, de
sorte que le salarié pouvait
légitimement considérer qu’il
cotisait à l’assurance retraite ».
Et, la Cour de cassation de conclure : « Le
manquement de l’employeur à son obligation
d’information a causé un préjudice
au salarié, consistant en une perte de
chance de s’assurer volontairement contre le
risque vieillesse ».
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