Sécurité sociale
/ Avancée de l’âge de la
retraite : Les raisons qui ont
motivé la mesure
News Abidjan
1 Février 2012
Côte d’Ivoire
Le
gouvernement a adopté, le mercredi 11
janvier dernier, un projet d'ordonnance qui fait
passer de 55 à 60 ans l'âge de
départ à la retraite du secteur
privé en Côte d'Ivoire. C'est la
quintessence du communiqué du premier
conseil des ministres de 2012. Il n'y avait pas
meilleur cadeau de nouvel an pour les travailleurs
du secteur privé d'une part et
l'Institution de prévoyance sociale
(Ips-Cnps) à charge de la gestion des
pensions et rentes des travailleurs du
privé d'autre part.
C'est le moins qu'on puisse dire au regard
de la joie qui a animé les concernés
en apprenant la nouvelle. Aussi, la
réalisation de ce vœu, longtemps
caressé par la Caisse nationale de
prévoyance sociale (Cnps) permettra
à l'Institution d'améliorer sa
santé financière. Cette mesure
suscitée à partir d'une étude
actuarielle par les responsables de la Cnps pour
répondre à une préoccupation
urgente a été adoptée
à point nommé suite à une
communication en conseil des ministres du ministre
d'Etat, ministre de l'Emploi, des Affaires
sociales et de la Solidarité.
En effet, longtemps confrontée à un
déficit financier, la Caisse nationale de
prévoyance sociale n'arrive plus à
assurer correctement la couverture des milliers de
travailleurs appelés chaque année,
à faire valoir leurs droits à la
retraite. Selon les explications du directeur
général de la Cnps, Bernard N'Doumi,
''la branche retraite'' du régime de
sécurité sociale assurée par
l'institution qu'il dirige, cumule depuis 1999 un
déficit qui dépasse aujourd'hui la
centaine de milliards Fcfa. Il fallait,
poursuit-il, très tôt prendre des
mesures qui, d'ici une dizaine d'années,
vont permettre d'arrêter ce déficit
et faire en sorte que cette branche redevienne
équilibrée voire excédentaire
aux fins d'assurer effectivement une retraite aux
travailleurs ivoiriens.
En effet, les difficultés de
trésorerie de la Cnps se sont
aggravées au fil des années à
cause de la faiblesse du ratio retraités /
cotisants. Selon des chiffres officiels, seulement
8% des employeurs cotisent pour leurs
employés. En d'autres termes, 92% des
patrons ne se préoccupent pas de la
retraite de leurs salariés.
Résultats, pendant que la Cnps doit payer
des pensions à un nombre croissant de
retraités et assister des accidentés
du travail, le nombre de cotisants n'augmente pas.
A cela s'ajoute le problème de
recouvrement. De nombreux employeurs ayant
déclaré leurs salariés ne
reversent pas les cotisations. A ce jour, le taux
national de couverture est de 10% contre 65%
à 70% dans des pays d'Afrique du Nord. Pour
corriger le déséquilibre de la Cnps,
le gouvernement ivoirien a opté à la
fois pour un recul de l'âge de la retraite
et pour un relèvement des taux de
cotisations. " Ainsi, le taux de cotisation passe,
à compter de 2012, de 8% à 12% et
sera de 14% à partir de 2013 ", fait savoir
le premier responsable de l'Ips-Cnps. Les deux
mesures, à l'en croire, vont permettre non
seulement de réduire le nombre de
départs à la retraite, mais aussi
d'accroître les gains de la Cnps.
Dans leur majorité, les travailleurs et les
syndicalistes interrogés saluent le
relèvement de l'âge de départ
à la retraite. Cela, argumentent-ils, va
donner des années supplémentaires
d'activité aux travailleurs. Ils vont
cotiser davantage pour les instruments de
prévoyance sociale et avoir la
possibilité de mieux épargner pour
leurs vieux jours. Cependant, les
bénéficiaires de ces nouvelles
dispositions restent circonspects quant aux
mécanismes de prélèvement des
nouveaux taux.
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