Minimum vieillesse : les
raccourcis de Sarkozy
Jean-Baptiste Chastand, Le Monde
7 Mars 2012
France
Nicolas
Sarkozy a proposé, mardi 6 mars, sur
France 2, d'instaurer des conditions de
résidence et de durée de
cotisation pour les étrangers
non-européens qui souhaiteraient
percevoir le minimum vieillesse. Le candidat a
expliqué qu'il voulait que les
étrangers prouvent qu'ils ont
travaillé au moins cinq ans et
résidé dix ans en France pour
pouvoir en bénéficier.
Une proposition étonnante quand on sait
que les conditions de résidence ont
déja été relevées
à dix ans en janvier. Dans le cadre du
budget de la Sécu pour 2012, des
députés de la Droite populaire
avaient en effet réussi à faire
voter un amendement pour relever de 5 à
10 ans la durée de résidence en
France.
"Est-il normal que quelqu'un qui vient à
partir de 60 ans en France ait un minimum
vieillesse plus grand que la veuve d'un
agriculteur qui a cotisé toute sa vie et
qui a une petite retraite ? Ce n'est pas
normal", a par ailleurs justifié Nicolas
Sarkozy un peu plus tard dans l'émission.
Une affirmation là aussi suprenante.
Comme son nom l'indique, le minimum vieillesse
est en effet le minimum que peut percevoir
n'importe quelle personne âgée de
plus de 65 ans.
L'allocation de solidarité aux personnes
âgées (ASPA), le nom officiel du
minimum vieillesse, s'élève, en
2012, à 742,27 euros par mois. Son
fonctionnement consiste en fait à
compléter les ressources dont
bénéficie déjà le
retraité pour atteindre les 742,27 euros.
Par exemple, une veuve d'agriculteur qui
perçoit une pension de reversion de 300
euros, pourra, en plus, toucher 442,27 euros
d'ASPA. Un étranger qui touche une petite
retraite verra également sa pension
augmentée pour atteindre ce minimum.
L'étranger, comme la veuve, percevront
donc 742,27 euros par mois.
Sur les 70 000 bénéficiaires de
l'ASPA, 20 000 sont des étrangers. Une
proportion très importante qui s'explique
assez facilement. Il est beaucoup plus
compliqué pour des immigrés
arrivés en cours de carrière de
cotiser suffisament pour pouvoir
bénéficier d'une retraite à
taux plein, que pour des personnes qui ont
passé toute leur vie active en France.
En faisant cette proposition sur la durée
de cotisation, Nicolas Sarkozy reprend en tout
cas l'autre principale revendication de la
Droite populaire. En octobre, l'amendement des
députés issus du mouvement qui
prévoyaient d'introduire de telles
conditions de travail pour les étrangers
avait été retiré à
le demande du gouvernement. Nicolas Sarkozy le
reprend désormais à son compte.