« Trois
catégories de personnes sont
concernées par la nécessité
d'avoir une activité
rémunérée une fois à
la retraite », explique le sociologue Serge
Guérin spécialiste des seniors :
- les « jeunes retraités »,
au chômage avant 50 ans, qui n'ont
jamais retrouvé d'emploi :
- les retraités modestes, qui ont vu le
montant de leur revenu en moyenne
divisé par deux par rapport à
leur rémunération
d'activité ;
- les femmes seules qui n'ont exercé
régulièrement une
activité.
Dominique Foy, 63 ans, qui s'installe trois fois
par semaine avec toute sa collection de timbres
rares au carré Marigny à Paris,
appartient à la première
catégorie. Il a fait une carrière
dans la banque et s'est retrouvé au
chômage à 46 ans.
Aujourd'hui, il vit de la philatélie, une
passion transmise par son grand-père. Il a
investi toutes ses économies – environ 15
000 euros environ dans la création de son
entreprise, Uniphila. Celle-ci a toujours
présenté un bilan positif et lui
permet de vivre correctement.
« Depuis la crise, l'activité tourne
au ralenti. Je m'en sors, contrairement à
beaucoup de mes confrères, car ma
clientèle est surtout composée de
collectionneurs étrangers, des clients plus
acheteurs que les Français. »
Sylvie vend ses
broderies dans le XVIe
Parmi ceux qui ont vu leur revenu
décroître fortement au moment de leur
départ en retraite, beaucoup font appel
à leur savoir-faire manuels (bricolage,
couture…) et essayent d'en tirer une
rétribution.
Ayant touché un salaire au-dessus du smic,
Sylvie Labbé, une ancienne fonctionnaire de
la préfecture de police initiée
à la broderie par sa mère, a fait de
cet héritage familial une source de
rémunération.
Ce petit bout de femme à la tignasse rouge
emmitouflée sous un châle en laine
marron touche 800 euros de retraite, un montant
à peine plus élevé que le
minimum vieillesse (750 euros).
Pour pouvoir payer le crédit de son
pavillon et subvenir à ses besoins
quotidiens, elle chine des linges de maison
brodés dans les vide-greniers de campagne,
les restaure pour ensuite les revendre entre 45 et
350 euros sur les brocantes parisiennes, comme
celle de l'avenue Versailles, dans le XVIe
arrondissement de Paris.
« Partie
pour travailler jusqu'à ma mort ! »
Reste les femmes qui, à la mort de leur
mari, n'ont plus d'autres ressources que le
minimum vieillesse. C'est le cas d'Anne Auzzoles,
septuagénaire active,
récupère depuis près de dix
ans des chapeaux et les revend au marché
aux puces de Montreuil, une fois que sa sœur
aînée les a remises à neuf.
« Ma sœur était modiste, mais elle a
dû s'occuper de ses cinq enfants et a mis sa
carrière de côté. Quant
à moi, j'ai été un temps
responsable de promotion dans une entreprise puis
femme au foyer. Lorsque nos maris respectifs sont
décédés, notre situation
financière s'est vite
dégradée.
Cette activité me fait vivre mais ne me
permet pas de faire des économies. Pour
l'instant, je suis partie pour travailler
jusqu'à ma mort ! »