La retraite à
l'étranger tente de plus en plus de
Français
Challenges
30 Avril 2012
France
L'expatriation ne
fait plus peur aux Français. Depuis dix
ans, le nombre de ceux qui sont partis vivre
à l’étranger ne cesse de
croître. Officiellement ils sont plus de 1,5
million. Encore ce chiffre est-il
sous-estimé : on considère en effet
qu’il pourrait être deux fois plus nombreux,
bon nombre de nos compatriotes ayant choisi de ne
pas s’inscrire auprès de leur consulat. On
serait ainsi passé en dix ans de 2 à
3 millions de Français vivant à
l'étranger. Une hausse spectaculaire de
50%.
Or parmi ces presque 3 millions de Français
de l’étranger, un tiers sont des
retraités. Et leur nombre augmente, lui
aussi, à grande vitesse. Une bonne partie
d'entre eux sont des salariés d'origine
étrangère qui ont été
naturalisés. Mais on recense de plus en
plus de Français qui choisissent de vivre
ailleurs, dans un autre pays, pour des raisons
personnelles qui n'ont rien à voir avec un
retour aux sources.
Pourquoi
partent-ils ?
Parmi ces motifs d’exil, il y a bien sur le climat
et la douceur de vivre. Soyons franc : personne,
parmi les experts que nous avons
interrogés, n’a jamais eu affaire à
un Français s’installant en Alaska ! Les
destinations phares sont franchement plus chaudes
(Tunisie, Maroc, Espagne), pour ne pas dire
tropicales (Brésil, République
Dominicaine, Thaïlande…). Outre leur climat
accueillant, le second point commun de ces pays,
c’est aussi un cout de la vie
généralement inférieur
à celui de la France.
Mais, précise Paul Delahoutre, qui anime le
site retraite-étranger.fr et qui a
très longtemps vécu hors de France,
pour que cela soit valable, il faut adapter sa
façon de vivre : "acheter une voiture sur
place, ou se déplacer comme les gens du
pays, en taxi ou en autobus. Et modifier ses
habitudes alimentaires : le bordeaux et le
camembert sont considérés comme des
mets de luxe. Mieux vaut acheter leurs
équivalents locaux, plus abordables ou…
s’en passer !"
Mention spéciale aux fonctionnaires
français. Ils ne peuvent
bénéficier d’aucun avantage fiscal
lorsqu’ils partent ailleurs, car leurs pensions
sont obligatoirement imposées en France.
C’est sans doute pour cela que les candidats au
départ, retraités de la fonction
publique, s’orientent plutôt vers les
îles de l'Outre-mer (Polynésie
française, Martinique, Guadeloupe et
Réunion) où ils
bénéficient d’avantages
spécifiques…
Leurs pays
préférés ?
Dans la liste des destinations
préférées des Français
prenant leur retraite à l’étranger,
on trouve d’abord des pays européens, comme
l’Espagne et le Portugal. Pour des raisons
familiales souvent. Pratiques ensuite : le
parapluie européen permet de
bénéficier d’une couverture sociale
intéressante, compensée par une
fiscalité pas toujours
légère… Ailleurs, si l’ont s’en
tient aux statistiques de la Caisse des
Français à l’étranger, qui
offre un complément de couverture sociale
aux retraités hors communauté
européenne, la destination phare est le
Maroc. Elle concentre 8% des départs :
presque 50.000 retraités y couleraient des
jours heureux, entre Marrakech et Agadir.
La Tunisie n’est pas loin, en troisième
position, handicapée ces derniers mois, par
les incertitudes liées à la
Révolution de Jasmin. L’attrait pour ces
deux pays s’explique : ils sont proches, on y
parle français et ils permettent de
bénéficier d’un différentiel
de pouvoir d’achat très favorable. De plus,
leur fiscalité est particulièrement
adaptée, avec des abattements qui vont
jusqu’à 80%, et tous deux redoublent
d’efforts pour accueillir nos retraités. La
Tunisie multiplie les opérations à
destination des investisseurs.
Quant à l’immobilier marocain, il tient
salon chaque année à Paris, avec un
beau succès. Une ville spécialement
destinée à nos retraités est
d’ailleurs en train de sortir de terre, entre
Taroudant et Agadir. Et le Français Pierre
et Vacances est en train de finir un
"éco-resort" à Marrakech, où
sera construite une résidence
orientée "retraités", les
Sénioriales. Elle ouvrira fin 2012, avec
des appartements de 50m² à partir de
120 000 euros, et qui disposent de services, de
régisseurs et d’un club…
Acheter un bien
immobilier sur place ?
Autre destination en vogue : la Thaïlande.
Douceur de vivre, accueil chaleureux de la
population et services médicaux de pointe y
sont pour beaucoup. Sur cinq ans, ces trois
destinations ont toutes connu une hausse de plus
de 350% du nombre de leurs entrants
retraités. Dans certains cas, comme le
Maroc, leur nombre a même été
multiplié par… 10. Autres surprises de ce
classement : la montée rapide de l’ile
Maurice (+170% en cinq ans) et du Brésil
(+40%). La première, pour sa qualité
de vie et sa pratique de la langue
française. La seconde pour son soleil et
son dynamisme… à moins que ce soit dans la
perspective de la Coupe du monde de football et
des Jeux Olympiques !
A chaque fois, la tentation est grande d’acheter
sur place. On peut, près de Bangkok, en
Thaïlande, s’offrir un 100 m²
près d’une plage, pour le prix d’un petit
deux-pièces à Paris. Et 250 000
euros suffisent pour s’offrir un bel appartement,
à Miami, en Floride, autre destination
appréciée des Français. Mais
il faut prendre ses précautions. «A
l’étranger, contrairement à ce qui
se passe en France, ce n’est
généralement pas l’acquéreur,
mais le vendeur qui est protégé.
» rappelle Louis Eudes, PDG de Delocalia,
une société
spécialisée dans la
délocalisation. Travaux, titre de
propriétés, clauses du contrat,
commissions des intermédiaires, tout doit
être vérifié avec soin, pour
éviter les mauvaises surprises. "On a
parfois l’impression d’être un peu les
pigeons venus se faire plumer…" résume
Philippe Mabillon, un ancien courtier en engrais
venus s’installer près de Marrakech et qui
avoue avoir surpayé "à peu
près tout" faute d’avoir été
bien conseillé.
Couverts ou pas
par la Sécu ?
La belle vie pour pas chère ? Certes, mais
il faut aussi prendre un certain nombre de
précaution. Avant de partir, il faut
notamment bien border le dossier santé. Le
niveau médical de la France est
célébré partout dans le
monde, à juste titre. Or, certaines des
destinations référées des
retraités Français pâtissent
d’une absence de réseaux de soins
adaptés à leurs exigences. C’est un
élément à prendre en compte,
surtout pour ceux qui partent après 70 ans.
Au sein de l’Union européenne, les
retraités sont couverts par la
Sécurité sociale française.
Ailleurs, c’est selon : certains pays ont
passé une convention avec la France, ce qui
facilite la prise en charge financière des
soins. Pour les autres, il faut sortir son carnet
de chèques et adhérer à la
Caisse des Français à
l’étranger (CFE).
Autre sujet à bien maitriser avant de
partir : la fiscalité. Les résidents
Français bénéficient souvent
d’un traitement nettement plus doux que celui
qu’ils auraient eu en France. Mais pas toujours.
Les formalités de départ paraissent
très simple : contacter la Caisse nationale
d’assurance vieillesse (CNAV), donner sa nouvelle
adresse, ses coordonnées bancaires et
recevoir, partout dans le monde, sa pension. Ces
revenus seront imposés, pour peu que vous
soyez définitivement implanté
à l’étranger, selon la convention
fiscale passée entre la France et votre
pays d’accueil. En l’absence de convention, il
faut s’attendre à une double imposition.
Petite compensation : vous échapperez au
paiement de la CSG et de la CRDS sur tous ces
transferts. Dans tous les cas, l’aide d’un
conseiller sera précieuse…
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