La réforme est
inévitable, estime la ministre
Finley
La Presse
22 Février
2012
Canada
Le gouvernement
fédéral devra augmenter les
impôts ou tomber dans l'ornière des
déficits permanents s'il n'apporte pas les
changements qui s'imposent au programme de
Sécurité de la vieillesse, affirme
la ministre des Ressources humaines, Diane Finley.
Dans un discours hier à Toronto visant
à expliquer plus en détail les
impératifs financiers qui poussent le
gouvernement Harper à envisager une
réforme, la ministre Finley a soutenu que
ce programme n'est pas viable à long terme
en raison du vieillissement de la population
canadienne.
À l'heure actuelle, le Canada compte
l'équivalent de quatre travailleurs pour un
retraité. D'ici à 2030, il restera
deux travailleurs pour un retraité. En
fait, le nombre de personnes âgées
doublera au pays au cours des deux prochaines
décennies, a lancé la ministre en
énumérant une litanie de
statistiques.
«Aujourd'hui, le Canada arrive au 27e rang
lorsqu'on évalue la moyenne d'âge de
la population. D'ici à 2030, on s'attend
à ce que le Canada grimpe au
huitième rang. C'est un changement
important en peu de temps. Si nous voulons
réussir, nous devons nous adapter au
vieillissement de la population. Et il faut
commencer maintenant», a affirmé la
ministre.
«Il ne fait aucun doute que le
vieillissement de la population nous force
à réévaluer nos mesures et
nos programmes. Nous devons examiner nos
programmes existants maintenant afin de
déterminer comment ils peuvent mieux
contribuer à la création d'emplois
pour les Canadiens de tous les âges et
à notre croissance
économique», a ajouté Mme
Finley.
Choix simples
Les choix qui s'offrent aux Canadiens sont donc
simples, selon la ministre: augmenter le fardeau
fiscal des travailleurs, financer le programme de
Sécurité de la vieillesse en
accumulant les déficits ou adopter une
réforme pour limiter la hausse des
coûts du programme. Selon la ministre, il
est de loin préférable de choisir la
troisième option.
Le gouvernement fédéral a
versé 36 milliards en prestations de la
Sécurité de la vieillesse en 2010.
On s'attend à ce que la facture explose
à 108 milliards en 2030, à mesure
que la population vieillit. L'une des options
envisagées, mais non confirmées par
le gouvernement Harper, est de faire passer
l'âge d'admissibilité à ce
programme de 65 ans à 67 ans. Aucun
changement n'est prévu au Régime de
pensions du Canada, qui est suffisamment
capitalisé.
«Les gens vivent plus longtemps et retirent
des prestations de la Sécurité de la
vieillesse sur une plus longue période. Une
personne qui atteint l'âge de 65 ans
aujourd'hui peut s'attendre à recevoir des
prestations de la Sécurité de la
vieillesse pendant 20 ans, soit 4 ans de plus
qu'en 1970. Ajoutons à cela que les
baby-boomers sont plus nombreux à prendre
leur retraite. Nous aurons donc plus de gens qui
retireront des prestations plus longtemps. En
conséquence, le coût total des
prestations sera de plus en plus inabordable pour
les travailleurs de demain et les
contribuables», a dit la ministre.
D'autres pays ont adopté des
réformes pour assurer la viabilité
de leur régime de retraite. Le gouvernement
Harper le fera aussi, a assuré Mme Finley.
Mais la ministre n'a pas donné de
détails sur la réforme que contemple
le gouvernement Harper, se bornant à dire
que son collègue des Finances, Jim
Flaherty, proposera un plan de réforme dans
le budget qu'il déposera d'ici à la
fin du mois de mars.
Le discours de Mme Finley visait à calmer
la tempête politique provoquée par le
discours du premier ministre Stephen Harper
à Davos, en Suisse, le mois dernier. C'est
durant ce discours que M. Harper a
évoqué, sans offrir de
détails, la possibilité d'une
réforme du programme de
Sécurité de la vieillesse.
Vives
réactions
Les partis de l'opposition, de même que les
groupes de défense des
intérêts des personnes
âgées, ont dénoncé tout
projet de réforme, même embryonnaire,
du gouvernement Harper.
Le directeur parlementaire du budget, Kevin Page,
a aussi mis son grain de sel en affirmant dans un
récent rapport que le programme de
Sécurité de la vieillesse est tout
à fait viable et que le gouvernement
fédéral aura la marge de manoeuvre
financière suffisante malgré
l'arrivée massive des baby-boomers à
la retraite.
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