Tanzanie: Besoin d'aide pour élever la nouvelle génération
IRIN
12 Novembre 2009
Tanzanie
Quand un membre actif d'un ménage meure d'une maladie liée au VIH dans le nord de la Tanzanie, les personnes âgées [qui appartiennent à ce ménage] doivent travailler plus pour s'en sortir financièrement, selon une étude publiée récemment par la Banque
mondiale.
« Le décès d'un adulte [de la famille] est associé à un allongement du temps de travail sur la ferme... Les femmes âgées qui perdent un membre de leur ménage travaillent cinq heures de plus par semaine », a découvert l'étude.
Plus de 1 000 hommes et femmes de plus de 50 ans ont été interrogés sur une période de 13 ans - entre 1991 et 2004 - dans la région de Kagera.
Les personnes âgées qui dépendaient d'allocations ou d'autres types de soutien offerts par leurs enfants ont souvent dû, en plus de subvenir à leurs besoins, s'occuper de leurs petits-enfants
orphelins.
« Des grands-parents qui devraient être à la retraite sont forcés de recommencer à travailler et à s'occuper des enfants, alors qu'ils ne sont plus dans les meilleures conditions physiques », a dit Wamuyu Manyara, gérant d'actifs pour le Centre africain de développement régional (Africa Regional Development Centre) de HelpAge International. « Une femme âgée qui fait de l'ostéoporose ne devrait pas être forcée de retourner travailler dans les champs et sur la ferme ».
L'étude a démontré que le choc causé par la mort d'un enfant était surtout ressenti par les personnes âgées qui vivaient avec l'enfant au moment du décès. Les femmes ont moins facilement accès aux terres et aux actifs que les hommes, mais elles prennent souvent en charge la majeure partie du travail et sont souvent plus ébranlées que les hommes suite à un décès. Le fait de posséder plus d'actifs comme des terres ou des animaux pourrait atténuer le choc.
« Des politiques qui contribuent à assurer un marché complet pour le bétail et les autres actifs, qui permettent l'accumulation d'avoirs et protègent les droits à la propriété des femmes pourraient concourir à réduire les effets à long terme des décès dans la fleur de l'âge [15 à 50 ans] », indique le rapport.
Peu de soutien
Les personnes âgées sont souvent marginalisées par les programmes d'aide sociale du gouvernement. « Elles ne sont pas assez préparées pour défendre leurs droits. Dans les programmes gouvernementaux, elles finissent par être regroupées avec les enfants ou les personnes handicapées - ces deux derniers groupes ont des lobbies très puissants qui occultent les besoins des personnes âgées », a dit M. Manyara, de
HelpAge.
« Au Kenya, nous cherchons actuellement à désigner des porte-parole dans les communautés pour que les personnes âgées puissent s'exprimer, mais comme nombre d'entre elles ne parlent pas anglais ou sont analphabètes, elles ne sont pas toujours prêtes à assumer cette responsabilité ».
Plusieurs gouvernements africains s'efforcent d'inclure les personnes âgées dans leurs programmes d'aide sociale, en particulier celles qui ont un parent handicapé ou malade à charge. « On connaît maintenant l'ampleur du
problème, et certains programmes cherchent à répondre aux besoins économiques des personnes âgées », a indiqué M.
Manyara.
« Une femme âgée qui fait de l'ostéoporose ne devrait pas être forcée de retourner travailler dans les champs et sur la ferme »
« Des pensions de vieillesse et des subventions pour la garde des enfants sont offerts aux Sud-Africains d'un certain âge et les Kenyans bénéficient de programmes de transfert d'argent. Ce sont là des exemples pratiques du type de programmes qui doivent être développés dans toute la région... [mais ceux qui ont besoin d'aide] sont bien plus nombreux que ceux que nous parvenons à aider ».
D'après une recherche réalisée par le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) dans cinq pays africains, entre 40 et 60 pour cent des orphelins du Kenya, de Namibie, de Tanzanie, d'Ouganda et du Zimbabwe sont pris en charge par leurs grands-parents, et en particulier par leur grand-mère.
Besoin de programmes ciblés
« Certaines de ces personnes âgées peuvent encore travailler. Elles ont de l'énergie et devraient être soutenues dans leur travail par des projets générateurs de revenus », a suggéré Wamuyu Manyara. « Les conditions d'accès au microcrédit sont généralement tellement strictes que les personnes âgées n'y ont pas droit. Il faut faire quelque chose pour aider les personnes âgées qui peuvent encore travailler à accéder à ces financements ».
Kavutha Mutuvi, coordonnatrice de la campagne de HelpAge International dans la région, a dit que les personnes âgées avaient besoin d'une sécurité de revenus. « Un système de pension sociale devrait exister, surtout pour les personnes âgées ayant une famille à charge », a-t-elle ajouté.
Mais les obstacles administratifs entravant l'accès aux aides sont considérables. « Lorsqu'une grand-mère veut demander une allocation de placement familial, les certificats de décès de ses enfants ou les actes de naissance de ses petits-enfants peuvent lui être demandés », a remarqué Mme
Mutuvi.
« Elle peut ne pas avoir ces documents ou ne pas y avoir accès, mais le fait qu'elle soit leur grand-mère peut facilement être vérifié auprès des responsables locaux. Il devrait y avoir une façon de supprimer la plupart des contraintes administratives auxquelles elles font face lorsqu'elles demandent de l'aide ».
Les personnes âgées ont également besoin d'une aide psychosociale quand leurs enfants décèdent et qu'elles doivent se charger d'élever leurs petits-enfants. « Nous avons essayé de constituer des groupes de soutien, qui ont plus de succès auprès des femmes que des hommes. Mais lorsqu'il s'agit d'aider les grands-parents à éduquer leurs petits-enfants, il existe un besoin indéniable, car ils viennent nous poser des questions quand les enfants veulent, par exemple, en savoir plus sur la sexualité », a expliqué Mme
Mutuvi.
Le rôle des personnes âgées devrait être pris en compte lors de la mise en place de mesures et de programmes de garde à domicile, en apportant un soutien significatif comme, par exemple, une aide physique de la part des travailleurs sociaux, a-t-elle
dit.
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