Mme Béboï Kuta Kala-Lobè, " Les personnes âgées sont délaissées "
Par Jean-Célestin Edjangue, Le Messager (AllAfrica)
Cameroun
22 Février 2007
A la veille du Congrès international qui se tient à Douala, du 23 au 25
février, la présidente de la Mutuelle des personnes âgées du Cameroun (Mupac)
dénonce leur situation déplorable.
" Les personnes âgées rencontrent des problèmes différents selon
qu'elles vivent en milieu urbain ou en zone rurale. Mais dans un cas
comme dans l'autre, elles doivent déployer d'énormes efforts pour
survivre ". Mme Sarah Béboï Kuta Kala-Lobè. Elle préside aux destinées
de la Mutuelle des personnes âgées du Cameroun (Mupac) depuis avril 2003
(date de sa création). Ce regroupement, membre de la Fédération
internationale des associations de personnes âgées, reçoit pour la
première fois une rencontre internationale sur le vieillissement et la
Santé.
" Au Cameroun, confie Mme Beboï Kuta Kala-Lobè, la personne âgée est
abandonnée à elle-même, qu'elle soit au village ou en ville ". Et de
préciser : " Contrairement à ce qu'on pourrait croire, c'est en ville
que les difficultés sont les plus graves. Malgré le bouillonnement lié à
des mouvements incessants de population, la présence régulière des gens
dans l'environnement des personnes âgées, il n'y a pas d'attention
particulière à leur endroit. De telle sorte qu'une personne âgée vit
souvent retranchée du monde, renfermée sur elle-même. Et si elle n'a pas
les moyens de faire un petit commerce qui lui rapporte de quoi se
nourrir ".
Le regard profond, l'air grave, la présidente de la Mupac, une structure
qui compte environ 5.000 (cinq mille) adhérents, indexe aussi le cas des
personnes de troisième âge vivant en milieu rural : " Elles représentent
l'écrasante majorité de nos membres. Elles doivent faire face à la fois
à des difficultés de déplacement, les moyens de transport étant
problématiques, mais aussi à l'accès aux structures de santé.
Généralement, le centre de santé de l'arrondissement est situé à
plusieurs kilomètres de distance.
Ce qui fait que l'état de santé peut se détériorer avant même d'y
arriver. Enfin, il y a la question des toilettes privées. Les villageois
font souvent les besoins dans la nature. Or, à partir d'un certain âge,
on devient fragile. Il faut donc des installations spécifiques en
matière de toilettes, adaptées à l'état physique et psychologique d'une
personne âgée ". En revanche, les solidarités semblent jouer plus
facilement au village. Une réalité qui permet de rompre l'isolement que
les personnes âgées rencontrent par exemple en ville : " En milieu
rural, tout le monde se connaît. Les familles au sens large du terme,
ont gardé certaines valeurs, notamment l'entraide. Ce n'est donc pas au
village que les personnes âgées sont isolées. Elles sont plutôt
généralement encadrées ".
Curieux paradoxe que celui des personnes âgées au Cameroun et plus
généralement en Afrique. Elles sont considérées comme des sages qui ont
une mission capitale dans la transmission du savoir et du savoir-faire
en même temps qu'elles tendent à être mises à l'écart de la société : "
C'est une situation regrettable. Les personnes âgées doivent continuer à
servir de relais intergénérationnelle. Sinon, c'est tout un pan de notre
patrimoine historique et culturelle qui va disparaître ", lance la
présidente de la Mupac en guise d'avertissement.
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