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Trois magazines cherchent à conquérir la clientèle des plus de 50 ans
by Michaëla Bobasch, Le Monde

November 8, 2003

A première vue, les trois mensuels destinés aux seniors, Notre temps, Pleine vie et Vivre plus, offrent le même éventail de rubriques  : culture-loisirs (livres, cinéma, théâtre, expositions, musique), santé-forme, pratique (bricolage, jardinage, cuisine, mode, décoration), voyages. Sans oublier les jeux  : le plus souvent des mots croisés, fléchés, codés, mélangés...

Tous font le portrait d'une personnalité ou livrent un entretien avec elle  : en novembre, Charles Aznavour dans Vivre plus, Cecilia Bartoli dans Pleine vie et Woody Allen dans Notre temps. Enfin, tous trois présentent le dossier du mois, sur un sujet de société. En novembre toujours, Pleine vie explore "les villes françaises moyennes où il fait bon vivre", tandis que Vivre plus s'interroge sur "la manière d'aider nos vieux parents" et que Notre temps s'intéresse aux "secrets de famille".

Y a-t-il une différence entre ces magazines  ? se demande alors le lecteur. Assurément. En premier lieu, le public concerné. Notre temps, le plus ancien, reconnaît s'adresser prioritairement à des couples de 55 à 65  ans. Certaines rubriques, comme l'automobile, sont confiées à un tandem de journalistes seniors, Nicole et Philippe. "Si Nicole éprouve des difficultés à placer sa valise dans le coffre elle ne manquera pas de signaler à l'adresse des constructeurs que la jupe du véhicule est trop haute", explique Jean-Paul Bury, rédacteur en chef. Les deux autres titres visent un public plus jeune et majoritairement féminin.

Les orientations de chacun se reflètent dans le titre. Vivre plus se veut positif  : "A 50  ans, on a davantage de temps, de liberté, et des revenus plus élevés  ; il est donc possible de vivre de manière plus intense. Notre revue ne s'adresse pas à des pantouflards", explique Isabelle Palacin, rédactrice en chef. Pleine Vie parle de "plénitude", de "vie bien remplie", axée prioritairement sur le quotidien et les loisirs pour un public qu'on ne veut pas limiter aux couches aisées. "Lorsque la revue donne une recette, elle doit comporter une liste d'ingrédients limitée et être facile à réaliser. Etre utiles, c'est notre exigence constante, notre obsession", précise Anne de Poncins, rédactrice en chef. Quant à Notre temps, il se réclame à la fois de l'idéal de "liberté à plein temps"et de la modernité "en prise sur l'actualité".

Pourtant, l'examen des sommaires ne montre pas d'énormes différences. Ainsi, la rubrique "santé" aborde systématiquement les maladies liées à l'âge  : l'ostéoporose, la prévention de la grippe (Notre temps), l'embolisation du fibrome utérin, le dépistage du glaucome (Pleine vie), les cancers, les maladies cardio-vasculaires, la cystite (Vivre plus).

Les enquêtes prennent en compte les préoccupations d'une génération tiraillée entre les parents âgés, les enfants parfois encore à charge et les petits-enfants. C'est pourquoi des articles sur la maladie d'Alzheimer ou les soins aux personnes âgées alternent avec des reportages sur le rôle des grands-parents.

Aborder la sexualité

On retrouve souvent les mêmes sujets, seul le traitement diffère. Ainsi, Vivre plus propose les nouvelles coiffures de l'hiver sous l'intitulé "changer de tête". Sur le même thème, Notre temps présente "trois coupes faciles à vivre" sous forme d'une transformation à laquelle se sont prêtées... trois journalistes de la rédaction, âgées de 42 à 53  ans.

Cette initiative est d'autant plus intéressante que, sacrifiant aux recommandations des études marketing, selon lesquelles les seniors se perçoivent comme ayant dix à quinze ans de moins, les mannequins photographiés dans ces magazines ont au maximum... 35 à 40  ans  ! "Même si les 'top models' sont jeunes, nous veillons toutefois à ce qu'elle portent des tenues adaptées à des femmes plus âgées, et nous proposons deux fois par an des articles sur la mode grandes tailles", explique Anne de Poncins, de Pleine vie.

Les trois magazines diffèrent également sur la manière d'aborder la sexualité. Celle-ci est absente dans Vivre plus, "parce que nous considérons que les femmes de 50  ans sont épanouies et suffisamment expérimentées pour n'avoir pas besoin de conseils dans ce domaine", explique Isabelle Palacin. Pleine vie traite le sujet via la rubrique santé. Notre temps se veut plus engagé  : "Nos lectrices ont été pionnières pour l'utilisation de la pilule et elles refusent de tirer le rideau à 60  ans. Nous avons eu un débat sur le traitement hormonal substitutif", souligne Jean-Paul Bury.

Le courrier des lecteurs, plus important à Notre temps(1  500  lettres par mois) que dans les autres magazines, oriente souvent le choix des sujets. "C'est indispensable dans un journal qui ambitionne de promouvoir l'émergence et la reconnaissance des seniors dans la société française", indique le rédacteur en chef. C'est également le plus européen des trois titres, car il profite de contacts réguliers avec ses "petits frères" dans six pays de la CEE.

Cependant, les responsables des trois mensuels se disent prêts à relever un nouveau défi  : capter la clientèle des baby-boomers. C'est pourquoi ils proposent d'ores et déjà des enquêtes sur "l'emploi après 50  ans".

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Notre temps, créé en mai  1968 par Bayard Presse, diffusion payée 1  013  888 exemplaires
Pleine vie, créé en 1981 par les caisses de retraite et racheté en 1997 par le groupe EMAP, 1  084  872 exemplaires
Vivre plus, créé en avril  2001 par le groupe Média Participation, 130  000 exemplaires

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