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France :

"Une DGS inconsciente de la Gravité de la Situation"

Le Monde

February 26, 2004



Voici quelques extraits du rapport de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur les conséquences sanitaires et sociales de la canicule de l'été 2003, qui sera rendu public mercredi 3  mars.  

Alerte météorologique.

La commission d'enquête s'étonne que les travaux de la commission santé et biométéorologique du Conseil supérieur de la météorologie n'aient pas eu davantage d'écho auprès des experts sanitaires de l'Institut de veille sanitaire (IVS) et de la direction générale de la santé (DGS), censés pourtant participer aux réunions. Il est vrai que, d'après M.  Cohen -secrétaire de la commission-, l'IVS n'était pas assidu  : "Le représentant de l'IVS ne venait pas à nos réunions depuis des années alors que l'IVS en est membre." (...) Les prévisions de Météo France ont rapidement mentionné le caractère exceptionnel des températures accablant la France métropolitaine et, dès le 4  août, affiché des conseils de comportement sur son site Internet. (...) Il est regrettable que ces messages n'aient pas suffisamment été relayés auprès du grand public (...) et on peut s'étonner que ces démarches n'aient pas suscité plus d'inquiétudes de la part de la DGS et de l'IVS.  

Les carences du système de veille et de prévention.

L'IVS n'a pas permis de prévenir la crise comme il l'aurait dû, au moins au regard de la loi. (...) Les Ddass, pas plus que les administrations centrales du ministère de la santé, n'ont pu anticiper l'ampleur de la crise. (...)  

L'absence de réactivité.

Un chapitre entier du rapport est intitulé "Une direction générale de la santé (DGS) inconsciente de la gravité de la situation". Il ressort des chronologies établies par les services du ministère de la santé que la DGS a eu connaissance de plusieurs cas de décès par hyperthermie entre le 6 et le 8  août. (...) Cette accumulation de signes n'a apparemment pas inquiété outre mesure les services de la DGS. (...) Il est plus regrettable que le principal responsable de la santé publique -Lucien Abenhaïm, directeur général de la DGS au moment des faits- attende que les phénomènes s'accordent à ses modèles pour qu'il réagisse. Il n'est pas interdit à un expert scientifique, si reconnu soit-il au plan international, de faire preuve d'un élémentaire bon sens. (...) Il est fâcheux que les difficultés rencontrées par les urgences hospitalières aient été considérées comme résultant d'un problème de lits ponctuel, sans relation particulière avec le contexte climatique. (...) Il paraît assez surprenant que le cabinet du ministre ait reçu, le 11  août, un état des lieux correspondant à la situation qui prévalait trois jours plus tôt.  

Des alarmes qui n'ont pas fonctionné.

La brigade des sapeurs-pompiers de Paris a constaté un accroissement notable de son activité de secours à victimes et d'assistance à personnes dès le 5  août (...) Leurs signaux d'alarme ne seront pas exploités par les autorités en charge de la sécurité civile. (...) Le chef de cabinet du préfet de police donnera pour consigne, le 8  août, d'"éviter une dramatisation inutile". (...) Les personnels des urgences ont fait face à une crise grave, dont ils sont quasiment les seuls à avoir souligné les premiers signes dès l'origine. Il est dommage que leur alerte n'ait produit ses effets qu'au niveau des structures hospitalières et qu'elle n'ait pas davantage été relayée au sein du ministère de la santé, auprès de la DGS et de l'IVS notamment.  

Une communication tardive et inadaptée.

La DGS diffuse un communiqué le 8  août à 16  h  39 sous l'intitulé "Fortes chaleurs en France  : recommandations sanitaires". Il est assez archétypal de la lourdeur de cette administration centrale. Il faut tout d'abord observer qu'il a fallu deux jours de négociations entre plusieurs services et le cabinet du ministre pour l'élaborer. Son contenu est affligeant, se bornant à rappeler les risques découlant de la chaleur. (...) le plus surprenant est sans doute que, malgré l'accumulation de signaux inquiétants, cette communication rassurante perdurera jusqu'au 13  août.  

Des administrations cloisonnées.

Il semble que l'information n'ait pas convenablement circulé, même au plus fort de la crise. (...) Tant le centre opérationnel de gestion interministériel des crises (Cogic) que les préfectures étaient, théoriquement du moins, au cœur de l'action des services de l'Etat. (...) Ces administrations du ministère de l'intérieur n'ont pas toujours, elles non plus, pris la mesure des événements.

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