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Voici quelques extraits du rapport de la commission d'enquête de l'Assemblée
nationale sur les conséquences sanitaires et sociales de la canicule de
l'été 2003, qui sera rendu public mercredi 3
mars. Alerte météorologique. La commission d'enquête s'étonne que les travaux de la commission santé
et biométéorologique du Conseil supérieur de la météorologie n'aient
pas eu davantage d'écho auprès des experts sanitaires de l'Institut de
veille sanitaire (IVS) et de la direction générale de la santé (DGS),
censés pourtant participer aux réunions. Il est vrai que, d'après M.
Cohen -secrétaire de la commission-, l'IVS n'était pas assidu
: "Le représentant de l'IVS ne venait pas à nos réunions
depuis des années alors que l'IVS en est membre." (...) Les prévisions
de Météo France ont rapidement mentionné le caractère exceptionnel des
températures accablant la France métropolitaine et, dès le 4
août, affiché des conseils de comportement sur son site Internet.
(...) Il est regrettable que ces messages n'aient pas suffisamment été
relayés auprès du grand public (...) et on peut s'étonner que ces démarches
n'aient pas suscité plus d'inquiétudes de la part de la DGS et de l'IVS. Les carences du système de
veille et de prévention.
L'IVS n'a pas permis de prévenir la crise comme il l'aurait dû, au moins
au regard de la loi. (...) Les Ddass, pas plus que les administrations
centrales du ministère de la santé, n'ont pu anticiper l'ampleur de la
crise. (...) L'absence de réactivité. Un chapitre entier du rapport est intitulé "Une direction générale
de la santé (DGS) inconsciente de la gravité de la situation". Il
ressort des chronologies établies par les services du ministère de la
santé que la DGS a eu connaissance de plusieurs cas de décès par
hyperthermie entre le 6 et le 8 août.
(...) Cette accumulation de signes n'a apparemment pas inquiété outre
mesure les services de la DGS. (...) Il est plus regrettable que le
principal responsable de la santé publique -Lucien Abenhaïm, directeur général
de la DGS au moment des faits- attende que les phénomènes s'accordent à
ses modèles pour qu'il réagisse. Il n'est pas interdit à un expert
scientifique, si reconnu soit-il au plan international, de faire preuve
d'un élémentaire bon sens. (...) Il est fâcheux que les difficultés
rencontrées par les urgences hospitalières aient été considérées
comme résultant d'un problème de lits ponctuel, sans relation particulière
avec le contexte climatique. (...) Il paraît assez surprenant que le
cabinet du ministre ait reçu, le 11 août,
un état des lieux correspondant à la situation qui prévalait trois
jours plus tôt. Des alarmes qui n'ont pas
fonctionné. La brigade des sapeurs-pompiers de Paris a constaté un accroissement
notable de son activité de secours à victimes et d'assistance à
personnes dès le 5 août
(...) Leurs signaux d'alarme ne seront pas exploités par les autorités
en charge de la sécurité civile. (...) Le chef de cabinet du préfet de
police donnera pour consigne, le 8 août,
d'"éviter une dramatisation inutile". (...) Les personnels des
urgences ont fait face à une crise grave, dont ils sont quasiment les
seuls à avoir souligné les premiers signes dès l'origine. Il est
dommage que leur alerte n'ait produit ses effets qu'au niveau des
structures hospitalières et qu'elle n'ait pas davantage été relayée au
sein du ministère de la santé, auprès de la DGS et de l'IVS notamment. Une communication tardive
et inadaptée. La DGS diffuse un communiqué le 8 août
à 16 h
39 sous l'intitulé "Fortes chaleurs en France
: recommandations sanitaires". Il est assez archétypal de la
lourdeur de cette administration centrale. Il faut tout d'abord observer
qu'il a fallu deux jours de négociations entre plusieurs services et le
cabinet du ministre pour l'élaborer. Son contenu est affligeant, se
bornant à rappeler les risques découlant de la chaleur. (...) le plus
surprenant est sans doute que, malgré l'accumulation de signaux inquiétants,
cette communication rassurante perdurera jusqu'au 13
août. Des administrations
cloisonnées. Il semble que l'information n'ait pas convenablement circulé, même au plus fort de la crise. (...) Tant le centre opérationnel de gestion interministériel des crises (Cogic) que les préfectures étaient, théoriquement du moins, au cœur de l'action des services de l'Etat. (...) Ces administrations du ministère de l'intérieur n'ont pas toujours, elles non plus, pris la mesure des événements. Copyright © 2004
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