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France :Assurance-maladie  : le Haut Conseil

 
juge prioritaire d'améliorer l'organisation et la qualité 

des
 soins

by Claire Guelaud, Le Monde

January 15, 2004
 

   

La mission de Bertrand Fragonard est en bonne voie. Le président du Haut Conseil pour l'avenir de l'assurance-maladie, chargé à la mi-octobre par Jean-Pierre Raffarin de dresser un "diagnostic partagé" du système de soins, semble sur le point d'y parvenir.  Son projet de synthèse, discuté les 15 et 22 janvier, a été généralement bien accueilli. C'est de bon augure, à quelques jours de la remise officielle au gouvernement, le 23 janvier, de son rapport qui comportera quelque 120 pages et de volumineuses annexes.  

Cette pré-synthèse est le texte le plus politique du Haut Conseil : il en fixe la doctrine et éclaire les enjeux de la réforme de l'assurance-maladie. M. Fragonard y rejette le statu quo en raison de la croissance inéluctable des dépenses de santé et du niveau du déficit. Et il propose d'agir dans trois directions : améliorer le fonctionnement du système de soins, ajuster les conditions de remboursement et augmenter les recettes.  

 Sauvegarder "l'armature" du système de soins.

 Des membres du Haut Conseil, comme les représentants des salariés, des caisses d'assurance-maladie et des professionnels de santé, redoutaient que le débat fût limité au financement. Ils ont été rassurés : M. Fragonard commence par donner acte à l'assurance-maladie de sa contribution "au développement du système de santé et à l'égalité des chances dans l'accès aux soins". Il lui attribue l'amélioration de l'état de santé de la population. Le Haut Conseil "porte au crédit" du système la conjonction d'un taux élevé de remboursement (entre 65 % et 80 %) et d'une "gratuité quasi complète" dès que les dépenses sont fortes, quel que soit le revenu des assurés. Cette combinaison "est au cœur de l'égalité dans l'accès aux soins", pointe le magistrat de la Cour des comptes, qui rappelle la très forte concentration des dépenses médicales : "5 % des personnes couvertes par l'assurance-maladie mobilisent 60 % des remboursements ; en moyenne, ces remboursements s'élèvent en 2000 à près de 20 000 euros par personne." "L'armature de la prise en charge par les régimes de base de ces fortes dépenses doit être sauvegardée", prévient M. Fragonard. "On peut en changer les paramètres mais pas la logique", ajoute-t-il, écartant toute révision draconienne des prises en charge à 100 %.  

Le défi du financement.

Compte tenu du vieillissement de la population, de l'évolution des techniques médicales, des exigences des professionnels et des assurés, le Haut Conseil juge que les dépenses de santé continueront à croître à un rythme "très vraisemblablement significatif" (de 1 à 2 points au-dessus du PIB). Jugeant "critique" l'impasse financière actuelle de l'assurance-maladie et "insupportable" le niveau prévisible du déficit en l'absence de mesures - 66 milliards d'euros en 2020 -, M. Fragonard rejette, au nom d'un Haut Conseil "unanime", le recours à un endettement massif.  

L'équilibre des comptes, poursuit-il, ne peut être atteint à l'horizon 2020 en s'en remettant " à la seule augmentation des recettes" ou "exclusivement à une baisse des remboursements" : il faudrait, dans le premier cas, doubler la CSG et, dans le second, diminuer de 21 points le taux de prise en charge. Quant au "rationnement insidieux" des soins, il se ferait "au détriment de la qualité". Partisan de jouer sur les différents paramètres du système et sur son organisation, le Haut Conseil plébiscite, en matière de financement, la CSG, qui, "par son assiette large et le principe de proportionnalité qui la sous-tend, peut apparaître comme une réponse adaptée au financement". La prise en charge dans l'assiette des cotisations des primes des fonctionnaires et l'alignement du taux de CSG des retraités et des chômeurs sur celui des actifs sont indirectement évoqués. Matignon a déclaré, mardi 13 janvier, qu'il n'envisageait ni relèvement ni alignement des taux, après avoir indiqué en décembre qu'il y travaillait.  

Améliorer le fonctionnement du système de soins.

Le Haut Conseil insiste sur la nécessité d'une "action résolue"sur l'organisation et la qualité médicale du système. Il en recense les maux : gestion insuffisamment médicalisée du risque maladie, faiblesse des démarches d'évaluation périodique des connaissances et des pratiques médicales, inadaptation de la tarification, etc. M. Fragonard propose aussi de réfléchir à des "formes nouvelles de ticket modérateur" et d'"ajuster" les conditions de prise en charge. Mais tout ajustement pénalisant les ménages ayant les dépenses les plus élevées et ceux qui ont les revenus les plus modestes "méconnaîtrait les principes mêmes de la solidarité nationale", prévient-il. Il conclut sur l'urgence d'une meilleure répartition des pouvoirs et des responsabilités entre Etat et organismes d'assurance-maladie. 

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