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By Claire Guélaud, Le Monde Pour
la seconde fois en six semaines, les personnels hospitaliers sont invités
à se mobiliser, jeudi 22 janvier, en faveur de l'hôpital public et
de ses missions, à l'appel de quatre fédérations syndicales de la santé
et de trois syndicats médicaux, préoccupés, disent-ils, par "la
dégradation permanente des conditions de travail" et par "la
réduction continue de l'offre de soins". Il faut remonter à une
quinzaine d'années pour trouver pareille démarche unitaire dans un
milieu où les clivages entre médecins et non médecins restent forts. La
CGT, FO, SUD et la CFTC, majoritaires dans la fonction publique hospitalière,
l'Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH), la Confédération
des hôpitaux généraux (CHG) et la Coordination médicale hospitalière
(CMH), qui représentent ensemble les trois quarts des médecins, ont pris
le risque de lancer une nouvelle journée d'actions et de grèves, après
un premier rendez-vous manqué, le 16 décembre 2003. Hasard du
calendrier, elle est programmée le jour où le Haut Conseil pour l'avenir
de l'assurance-maladie doit boucler son rapport. De
l'avis des organisateurs, qui faisaient preuve d'une grande prudence,
mardi soir, cette journée revêtira des formes variées : délégations
auprès des pouvoirs publics (DDASS, agences régionales de
l'hospitalisation, etc.) ou des élus, assemblées générales, arrêts de
travail limités, grèves plus "dures", pouvant aller jusqu'à
la fermeture des blocs opératoires... "Nous sommes au début d'un
processus de mobilisation", analyse le Dr Rachel Bocher, présidente
de l'INPH, tandis que le secrétaire général de la fédération Force
ouvrière de la santé, Jean-Marie Bellot, fait état, non sans humour,
d'une mobilisation "relativement bonne" des appareils
syndicaux "sans révolution sur le terrain". Les
hôpitaux publics se trouvent, en réalité, dans une situation singulière.
La réduction du temps de travail - l'entrée en vigueur des 35 heures,
sans création d'emplois ni réorganisation du travail suffisantes ;
l'application aux médecins hospitaliers de la semaine de 48 heures
et l'intégration des gardes dans leur temps de travail - ne pouvait guère
plus mal tomber. Elle s'est produite au moment où commençaient à apparaître
les pénuries de personnels soignants (infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes,
etc.) et médicaux. Malgré
les crédits consentis par l'Etat pour permettre une application souple
des 35 heures (compte épargne-temps, etc.) et le relèvement du
numerus clausus, dont les effets dans le temps sont décalés, la tension
sur les effectifs est devenue un problème majeur. Le "désenchantement
hospitalier", que René Couanau, président de la mission
d'information parlementaire sur l'organisation interne de l'hôpital et député
(UMP) d'Ille-et-Vilaine, avait décrit dans un rapport publié en mars
2003, semble plus vif que jamais, alors même que la collectivité
nationale n'a jamais autant dépensé pour sa santé et, singulièrement,
pour le système hospitalier. "Ce
n'est pas Hôpital 2007 -le plan gouvernemental- qui nous inquiète. C'est Hôpital 2004",
résume Nadine Prigent (CGT), soulignant le contraste entre, d'une part,
" le sentiment de ras-le-bol et la lassitude" qui
prévalent actuellement dans nombre d'établissements et, d'autre part,
l'engagement pris par le ministre de la santé de rénover et de réformer
l'hôpital d'ici la fin du quinquennat. RÉVOLTE
ET REPLI Le
désarroi ambiant, pointé par tous, engendre des comportements opposés
: la révolte et le repli. "Certains salariés ne pensent
plus qu'à leurs jours de RTT", relève, désabusé, un
syndicaliste. A l'inverse, la fièvre monte dans les hôpitaux touchés de
plein fouet par les restructurations : les 39 établissements
de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) ; certains
centres hospitaliers régionaux (notamment celui d'Orléans) et de
nombreux hôpitaux généraux, qui redoutent de faire les frais de la réforme
budgétaire et de la tarification à l'activité (T2A). S'ils
prévoient de "grosses différences"d'un département à
l'autre, les syndicats s'attendaient, mardi soir, à une mobilisation
assez nette à Paris, en Bretagne (Finistère et Ille-et-Vilaine), dans le
Nord et le Pas-de-Calais, dans les Bouches-du-Rhône mais aussi à Lyon,
Toulouse, Bordeaux, Caen et Angers. En règle générale, ils faisaient état
d'une mobilisation plus forte des médecins hospitaliers, urgentistes en tête,
que des personnels non médicaux. "Ceux qui exercent des
disciplines cliniques comme la pédiatrie, la psychiatrie ou la gériatrie
ont tendance à être plus réactifs que ceux qui ont des spécialités
plus techniques, comme la chirurgie ou la radiologie", analyse le
Dr Rocher. "Plus sensibilisés au lien social, ils s'inquiètent
davantage des conséquences concrètes de la mise en place de la
tarification à l'activité et des risques de concurrence accrue entre le
public et le privé", ajoute-t-elle. Ils sont aussi très préoccupés
par la difficulté à assurer la relève. Le 16 octobre 2003, dans
une lettre ouverte à M. Mattei, 58 professeurs des universités-praticiens
hospitaliers (PU-PH) avaient tiré la sonnette d'alarme. Ils ont été
rejoints depuis par 186 collègues. Gouvernance : les points-clés de la réforme Il a fallu six mois à Jean-François Mattei pour boucler la réforme de l'organisation interne de l'hôpital, rejetée par la majorité des syndicats, mais approuvée par la CFDT, l'UNSA, la CMH - pourtant partie prenante à la journée de jeudi sur la question des effectifs - et le Syndicat national des médecins, chirurgiens, pharmaciens et biologistes des hôpitaux publics (SNAM). Des pôles d'activité regroupant des services doivent être mis en place dans chaque établissement avant le début de 2007. La représentation des usagers au conseil d'administration est renforcée et un conseil exécutif, composé à parité de médecins et de l'encadrement, est créé pour piloter le système. Sauf en psychiatrie, les chefs de service, inscrits sur une liste nationale d'aptitude par le ministre de la santé, seront nommés sur décision conjointe du directeur et du président de la commission médicale d'établissement. Copyright © 2002
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