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France: By Claire Guélaud, Le Monde
Le
ministre de la santé a donné le "top départ" de la
concertation sur la réforme de l'assurance-maladie, lundi 9
février, en annonçant aux 57 délégations reçues avenue de Ségur
la création de huit groupes de travail et l'ouverture de
"discussions bilatérales" en février et mars sur la
gouvernance des caisses et le financement.
En ouvrant ce mini-sommet, Jean-François Mattei a clairement
inscrit ses pas dans ceux du Haut Conseil pour l'avenir de
l'assurance-maladie, s'efforçant de rassurer ses interlocuteurs
: il a écarté la "privatisation" ou la "mise en
concurrence entre régimes" comme l'"étatisation" d'un
système qui "fait partie de notre patrimoine social." Lors
de cette réunion, Guillaume Sarkozy, le représentant du Mouvement des
entreprises de France (Medef) a réclamé "15
milliards d'euros" d'économies à l'horizon 2007. Alors que
le gouvernement souhaite que le patronat revienne dans les caisses de Sécurité
sociale, M. Sarkozy a exclu
"un retour au paritarisme d'antan". Il n'a cependant pas écarté
la possibilité de participer à une instance de pilotage de
l'assurance-maladie, alors qu'un autre représentant du Medef, Bernard
Mesuré, était plus affirmatif. Devant ces nuances, le président du
Medef, Ernest-Antoine Seillière, a jugé bon de préciser la "ligne"
patronale, mardi 10 février,
sur France 2
: " Le patronat et
les syndicats ne sont pas légitimes pour gérer les questions de santé." Sans
s'étendre sur le caractère "abyssal" du déficit (11
milliards d'euros en 2004), M.
Mattei a souligné la nécessité du redressement. "Un retour
vers l'équilibre en 2007 et la perspective d'une croissance des dépenses
alignées à moyen terme sur la richesse nationale sont nécessaires",
a-t-il dit, précisant que son critère de choix en matière de périmètre
remboursable serait "la recherche des conduites diagnostiques et thérapeutiques
réellement utiles". Le ministre a insisté sur la nécessaire "responsabilisation"
de tous les acteurs de la santé (Etat, assurance-maladie, assureurs complémentaires,
professionnels et patients) et appelé à un changement général des
comportements. "LE
PLUS DUR RESTE À FAIRE" Comme
prévu, il a proposé la constitution de groupes de travail thématiques,
animés par des responsables du ministère. Huit sujets ont été retenus
: la répartition de l'offre de soins, la coopération ville-hôpital,
l'orientation et l'information du patient, l'évolution des conditions
d'exercice et la coordination des soins, le bon usage du médicament, le
partage des données médicales, les abus et les gaspillages, la régulation
conjoncturelle des dépenses et la loi de financement de la Sécurité
sociale. "La
course est lancée, le plus dur reste à faire
: réanimer ce malade comateux qu'est l'assurance-maladie", a
estimé le Dr Michel Chassang, président de la Confédération des
syndicats médicaux français (CSMF), qui s'est dit prêt à jouer le jeu
à condition que les médecins ne soient pas des "boucs émissaires".
Une vingtaine de personnes ont pris la parole à la suite de M.
Mattei. Le nouveau secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, a redit son opposition à toute "maîtrise comptable des dépenses". François Joliclerc (UNSA) a demandé que soit assurée la "traçabilité du patient dans le système de soins". Jean-Louis Deroussen (CFTC) a regretté qu'il n'y ait pas de groupe de travail sur la prévention. Daniel Prada (CGT) s'est félicité du fait que le problème du financement puisse être abordé en bilatéral, tandis que Gaby Bonnand (CFDT) insistait sur la nécessité d'"articuler" le fonctionnement des régimes de base et complémentaires. Chacun a pris ses marques, avant d'entrer dans le vif du sujet. Copyright © 2002
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