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Faute de contrôles réguliers de leur vue, les seniors riquent de passer à
côté de plusieurs affections dont le caractère silencieux peut masquer
des troubles graves. Sont à redouter : La cataracte.
Le cristallin s'opacifie surtout lorsqu'on est myope, diabétique ou traité
à la cortisone. La cataracte
altère la vision de loin et la perception des couleurs. La chirurgie sous
anesthésie locale est le seul traitement efficace. C'est une opération
banale (400 000 actes/an en France). On procède par une incision de 3 mm,
on détruit le cristallin par ultrasons et on le remplace par une lentille
intra-oculaire ou implant qui restaure la puissance initiale du cristallin
tout en corrigeant des défauts visuels comme la myopie ou l'hypermétropie
(L'Opération de la cataracte, par Hervé Robin, Masson, 52 p., 13,50 €
). "Les couleurs retrouvent leur éclat", assure Pierre-André Duval,
ophtalmologiste à Montferrier (Hérault). Mais il faut des lunettes pour
lire. L'implant est en général calculé sur la vision de loin (en cas
d'erreur, on peut le changer ou glisser un implant secondaire). "Pour
limiter les risques d'infection, on opère les deux yeux séparément.
Complication possible : le décollement de rétine (1 cas sur 200), d'où
la nécessité de l'examiner préalablement si le cristallin n'est pas
trop opaque." La déchirure et le décollement
de la rétine. Le corps vitré (humeur transparente entourée d'une membrane contenue dans
la cavité postérieure oculaire) se sépare de la rétine, surtout chez
les myopes : 20 % seulement des plus de 80 ans sont épargnés. C'est le décollement
postérieur du vitré (DPV). Il peut entraîner avec lui la rétine,
provoquant une déchirure (dans 30 % des cas), ou un décollement de
celle-ci (10 %). La déchirure se soigne au laser, le décollement nécessite
une chirurgie lourde. "Les symptômes, indolores, se manifestent par l'apparition de mouches
volantes (myodésopsies signant le DPV) parfois associées à des éclairs
lumineux (phosphènes), signes d'une traction du vitré sur la rétine. Il
faut consulter rapidement, avant que l'humeur aqueuse s'insinue par les déchirures
provoquant un décollement de la rétine. Malgré les interventions
chirurgicales, 5 % à 10 % des patients perdent la vue", explique le
Dr. Duval. La pratique régulière de l'examen du fond d'œil (dilatation de la pupille
et observation à l'aide d'une lentille) permet de détecter des lésions
(palissades, givre focal) à traiter préventivement au laser. Le délai
de cicatrisation des impacts de laser est de quinze jours, pendant
lesquels on évitera chocs et vibrations en s'abstenant de faire du sport,
de circuler exagérément en voiture ou dans les transports et de soulever
du poids. La DMLA. La dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) touche le centre
sensible de la rétine ou "macula". La proportion des personnes
atteintes est de 5 % à 70 ans, et de 25 % à 85 ans. La forme "sèche"
détruit la macula par atrophie. "On ne devient pas aveugle, mais on
perd la vision centrale avec la capacité de lire, de distinguer la
monnaie ou les visages", expliquent Salomon-Yves Cohen et Thomas
Desmettre dans DMLA, Guide à l'usage des patients (Bash, 191 p. 14,48 €
). Il n'y a pas de traitement. Il faut apprendre à mieux utiliser la
vision périphérique résiduelle et recourir aux appareils de basse
vision. L'autre forme de la DMLA, dite " humide" ou exsudative, est plus
rare mais plus agressive. La destruction maculaire provoquée par une
prolifération de néovaisseaux sous-rétiniens se manifeste par une atténuation
de la perception des couleurs et surtout une déformation des images (celles-ci
gondolent, les lignes droites deviennent courbes). "Il faut consulter
dans les huit jours, car seule la mise en œuvre rapide d'un traitement
limitera les séquelles", précise le Dr. Duval. L'examen de dépistage
est l'angiographie qui permet de visualiser les néovaisseaux. La photocoagulation des néovaisseaux au laser argon est le traitement le
plus radical, mais il a l'inconvénient de léser la rétine saine en même
temps que les néovaisseaux. "L'autre traitement moins agressif
consiste en injections intraveineuses de vertéporfine qui s'accumule électivement
dans les néovaisseaux pour les thromboser après activation par un laser
spécial. Ce produit très coûteux (1 427 € l'ampoule) n'est remboursé
à 100 % que dans certaines formes très précises de néovaisseaux",
regrette le Dr. Duval. Dans 60 % des cas, on stabilise la lésion, 20 %
des patients récupèrent de la vision et on compte 20 % d'échecs. Les glaucomes. Le glaucome aigu dit " à angle fermé" est rare. Il atteint
surtout les hypermétropes de plus de 55 ans. Il associe douleurs aiguës
et baisse visuelle, et peut faire perdre la vue en 24 heures s'il n'est
pas traité en urgence. Le glaucome dit "à angle ouvert", souvent héréditaire, détruit
lentement les fibres optiques de la périphérie du champ visuel. Il se
signale par la concomitance d'une tension élevée mais indolore, car modérée,
d'une restriction du champ visuel périphérique et d'un creusement du
nerf optique. L'ophtalmologiste mesurera aussi l'épaisseur de la cornée,
car une cornée plus épaisse ou plus mince que la moyenne fausse la
mesure de la tension. Des collyres diminuent la pression intra-oculaire. Il existe aussi un traitement chirurgical qui permet l'écoulement de l'humeur aqueuse. On le propose aux négligents, aux voyageurs qui auront du mal à se procurer leur collyre ou à ceux pour lesquels il n'y a pas de collyre efficace. Copyright © 2004
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