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Le
COR remet à Lionel Jospin les clés d'une future
réforme des retraites
By: Laetitia Van Eeckhout
Le Monde, December 6, 2001
Le
Conseil d'orientation des retraites (COR), estime que l'équilibre des
retraites, dans l'hypothèse d'un taux de chômage de 4,5 % en 2010,
représentera 6,5 points de PIB en 2040. Les membres du COR jugent
tous souhaitable de développer une politique de l'emploi, mais le recul
de l'âge de la retraite ne fait pas l'unanimité.
Le Conseil d'orientation des retraites (COR)
devait remettre à Lionel Jospin, jeudi 6 décembre, un rapport traçant
les axes d'une réforme d'ensemble du système par répartition.
Si
ces pistes ne font pas l'unanimité au sein du conseil, les dix-huit séances
de travail ont au moins permis aux syndicats et aux experts de poser un
diagnostic partagé sur l'ampleur des besoins de financement du système
de retraite, qui pèse déjà 1 000 milliards de francs (environ
12 % du PIB).
Le
COR estime que l'équilibre des retraites a un prix : de 4 à 6,5 points
de produit intérieur brut (PIB) à l'horizon 2040 dans l'hypothèse d'un
taux de chômage de 4,5 % en 2010. "Il peut être
couvert", affirme-t-il, rejetant "l'idée parfois exprimée
qu'il sera impossible de financer les retraites". Il invite le
gouvernement à jouer sur plusieurs leviers et non à se contenter de
modifier les paramètres de fonctionnement des régimes (durée de
cotisation, indexation, etc.).
Il
est "urgent", selon lui, d'entreprendre une politique "volontariste"
de l'emploi afin de relever le taux d'activité des travailleurs âgés. Ce
préalable indispensable passe par la formation tout au long de la vie, la
prise en compte de la pénibilité de certaines fonctions, la valorisation
des compétences jusqu'en fin de carrière, des incitations au retrait
progressif d'activité ou la limitation des dispositifs de préretraite.
Le
COR estime que le taux de remplacement (pourcentage de la retraite par
rapport au dernier salaire) passera de 78 % aujourd'hui (tous régimes
confondus) à 64 % en 2040. Il juge qu'après la réforme Balladur de
1993, qui a allongé la durée de cotisation à quarante ans et prévu un
calcul des pensions sur les vingt-cinq meilleures années, il est
"indispensable" de rassurer les salariés sur le niveau
futur de leur retraite. Mais le COR ne tranche pas sur le le niveau des
taux de remplacement à garantir aux futurs retraités, ni sur les modes
d'indexation des pensions (sur les prix, les salaires ou la croissance).
Dès
lors, il reste deux leviers : accroître les ressources (cotisations,
transferts en provenance de l'assurance-chômage ou des allocations
familiales) et prolonger la durée d'activité, alors que l'âge moyen de
cessation d'activité est aujourd'hui de 58 ans. Si on ne joue que
sur ce paramètre, il faudrait que cet âge soit de 64 ans, et même de 67
ans en 2040. Les membres du COR jugent tous souhaitable de développer une
politique active de l'emploi pour augmenter le taux d'activité des plus
de 55 ans. En revanche, un recul de l'âge légal de la retraite dans
l'immédiat et/ou un allongement de la durée de cotisation pour obtenir
une retraite à taux plein ne fait pas l'unanimité. Quant à l'hypothèse
d'une hausse des cotisations, à législation inchangée d'ici à 2040,
elle devrait être de 4 points en 2020 et de 9,2 points en 2040
(pour les salariés du privé), ce qui porterait leur taux à 29,7 %
du salaire brut en 2020 et à 34,9 % vingt ans plus tard !
Dans
son rapport final, édulcoré par rapport à sa version initiale (Le
Monde du 22 novembre), le COR ne privilégie aucune mesure. Il
juge qu'il faut combiner "l'ensemble des moyens mobilisables".
"NOUVEAU
CONTRAT SOCIAL"
Le
conseil plaide en faveur d'un "nouveau contrat social entre génération". Celui-ci
devra garantir la "solidité financière" des régimes,
mais aussi ouvrir un éventail de choix individuels (rachat de cotisations,
choix de l'âge du départ à la retraite, possibilités d'améliorer sa
pension en cas de poursuite d'activité au-delà du moment où sont réunies
les conditions pour bénéficier du taux plein). Il devra, en outre,
prendre en compte des inégalités par catégorie socioprofessionnelle et
la pénibilité du travail, les moyens de corriger les nouveaux types d'aléas
de carrière et éviter de trop grandes distorsions entre les différents
régimes, notamment privés et publics (fonctionnaires). Le COR souligne
qu'un éventuel alignement de la durée de cotisation des fonctionnaires
sur celle des salariés du privé devrait s'accompagner de compensations,
comme une gestion plus dynamique des carrières, la prise en compte de
tout ou partie de leurs primes ou l'assouplissement des conditions d'accès
à la retraite. Plusieurs syndicats, dont la CGT et Force ouvrière, se
sont catégoriquement opposés à une telle réforme.
Enfin,
le COR évite un sujet tout aussi explosif : la réforme des régimes
spéciaux (EDF-GDF, SNCF, etc...). Il renvoie la responsabilité de
l'équilibre à long terme de ces régimes aux directions et aux syndicats
des entreprises concernées.
Les
membres du COR n'ont pas cherché à fermer le débat par des mesures
radicales et une "une réforme toute faite", préférant
l'"éclairer". Mais le document final - revu et corrigé
par le syndicats - est moins tranché que la mouture initiale. L'ensemble
des organisations de salariés se félicite que le COR ait fait "œuvre
de pédagogie" et posé "sans tabous" les termes
du débat "sous un angle à la fois financier, économique, démographique
mais aussi sociétale". A cinq mois de l'élection présidentielle,
les candidats pourront y trouver les outils d'une réforme qui a été
différée depuis dix ans.
Une
instance destinée à établir un diagnostic
Annoncé
dans le discours du premier ministre sur les retraites du 21 mars
2000 et installé en mai 2000, le Conseil d'orientation des retraites (COR),
présidé par Yannick Moreau, conseillère d'Etat, est composé pour une
moitié de syndicalistes, de représentants patronaux et des travailleurs
indépendants, et, pour l'autre moitié, d'experts, de représentants des
associations familiales et de retraités, et de directeurs
d'administrations centrales. Il a pour rôle d'organiser une réflexion
dans la durée, en s'appuyant sur un diagnostic des régimes de retraites,
et d'apprécier les conditions requises pour assurer leur viabilité.
To find the report made by the Conseil des Retraites
: go on www.premier-ministre.gouv.fr.
and find the link to the "dossier Retraites".
Global Action on Aging
PO Box 20022, New York, NY 10025
Phone: +1 (212) 557-3163 - Fax: +1 (212) 557-3164
Email: globalaging@globalaging.org
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