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Le Conseil d'orientation des retraites pousse à engager des réformes
de grande ampleur
By: Isabelle Mondraud
L'organisme
mis en place par Lionel Jospin remettra son rapport au premier ministre le
6 décembre Le Conseil
d'orientation des retraites (COR) met la dernière main au rapport qu'il
rendra à Lionel Jospin le 6 décembre. Les pistes de réforme qu'il
énumère seront au cœur de la campagne présidentielle à venir. Le COR
propose notamment l'alignement de la durée de cotisation des
fonctionnaires sur celle du privé. Il suggère de réserver les départs
anticipés "au vu de l'état de santé de l'assuré" et non en
fonction du métier. LA MISSION du
Conseil d'orientation des retraites (COR), installé par Lionel Jospin en
mai 2000, arrive à son terme ; du moins, celle qui consiste,
pour ce Conseil composé de syndicalistes, d'experts et de parlementaires,
à "éclairer" le gouvernement, à travers un nouveau rapport,
sur la réforme des retraites. Une dernière
réunion devait avoir lieu mercredi 21 novembre avant la remise du
document au premier ministre, prévue le 6 décembre, à l'issue
d'une ultime séance en présence de la ministre de l'emploi et de la
solidarité, Elisabeth Guigou. A partir de là, la "première réforme
de la prochaine législature", selon l'expression de Mme Guigou,
entrera de plain-pied dans la campagne pour l'élection présidentielle. "En
tout cas, nous, on y veillera", souligne Jean-Marie Toulisse,
secrétaire confédéral de la CFDT. REDÉPLOIEMENT
DES RESSOURCES Après onze séances
plénières, les travaux du COR se sont en effet accélérés, et pas
moins de sept rencontres, consacrées à la rédaction du rapport, se sont
succédé depuis le 4 septembre. Dans la version, encore provisoire,
qui devait être examinée mercredi, le COR, présidé par Yannick Moreau,
énumère déjà des pistes de réforme, sur la base de constats sévères.
Ainsi, les besoins de financement, dans l'"hypothèse de retour au
plein-emploi en 2010" dessinée par M. Jospin, avec un taux
de chômage de 4,5 %, sont estimés entre 4 et 6,5 points de PIB.
Les variables d'ajustement examinées, telles que la croissance, le taux
de fécondité, l'immigration, la productivité, ne changent pas
sensiblement les choses pour le COR. Pas même la remontée de l'âge
moyen de cessation d'activité, qui se situe, en France, à 58 ans,
du fait de l'utilisation importante des préretraites. En décalant
d'un an l'âge moyen de liquidation des pensions, le rapport entre actifs
et retraités reste défavorable. "Le décalage nécessaire à l'équilibre
(...) serait de six ans dans une hypothèse de la législation
actuelle" et de "neuf ans" d'ici à 2040... Le redéploiement
des ressources - les excédents de l'assurance-chômage, de la branche
famille ou le prolongement, au-delà de 2014, de la contribution pour le
remboursement de la dette sociale (CRDS) - a également été envisagé.
La hausse des cotisations, elle, paraît exclue. A législation inchangée
d'ici à 2040, il faudrait augmenter, pour les seuls salariés du privé,
les cotisations de 4 points en 2020 et de 9,2 points en 2040, ce
qui porterait à près de 30 % le taux de cotisation en 2020 et à
34,9 % vingt ans plus tard ! Le rapport "estime qu'un
recours plus ou moins grand à -un- ensemble de mesures (...) sera nécessaire
et qu'il est important que l'opinion le comprenne aussi rapidement que
possible". ALIGNEMENT
PUBLIC-PRIVÉ Progressivement,
le COR en vient donc aux solutions plus lourdes. L'alignement de la durée
de cotisation des fonctionnaires (37,5 ans) sur celle des salariés
du privé (40 ans) figure clairement dans le document. Cette réforme
devrait s'accompagner de mesures d'"accompagnement",
parmi lesquelles le COR suggère l'intégration "partielle"
des primes dans le calcul des pensions des fonctionnaires, ou encore une
meilleure gestion des ressources humaines de la fonction publique, qui
faciliterait la mobilité et la promotion interne. La retraite avant 60 ans
pour les salariés ayant déjà acquis 40 ans de cotisations, chère
à la CFDT, ne semble guère enchanter le COR, du fait de son coût "élevé".
"Un droit au départ précoce ne saurait constituer la seule réponse
donnée aux travailleurs soumis à de fortes contraintes".
D'ailleurs, s'agissant de ceux qui bénéficient de régimes spéciaux, le
COR affiche sa préférence pour un départ à la retraite anticipée "au
vu de l'état de santé de l'assuré". En soulignant l'inégalité
de traitement, peu compatible avec le droit européen, entre infirmières
du public et du privé, le conseil plaide "pour une approche dans
laquelle on tienne davantage compte du poste effectivement occupé que du
secteur d'activité ou du métier". Face à ces
contraintes, le COR pose le problème de la dégradation du taux de
remplacement (le ratio de la pension par rapport au revenu d'activité).
Selon ses calculs, ce taux, estimé aujourd'hui à 78 %, tous régimes
confondus, passerait à 64 % en 2040... Pour le maintenir, il
faudrait un financement supplémentaire équivalant à 15 points de
cotisations. Il est donc proposé de mieux prendre en compte les
situations individuelles et, notamment, les périodes de chômage ou de
formation. Enfin, le COR s'engage en faveur d'une revalorisation des
retraites. Pour Jean-Christophe
Le Duigou, responsable de ce dossier à la CGT, rejoint par Jean-Louis
Deroussen (CFTC), le COR n'est "en rien un lieu de négociations".
C'est avec le gouvernement qu'elles doivent s'engager. PO Box 20022, New York, NY 10025 Phone: +1 (212) 557-3163 - Fax: +1 (212) 557-3164 Email: globalaging@globalaging.org
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