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Retraite,
mode d'emploi
Le
Figaro Economie, May 7, 2001
Catherine
Dufrene
Le
sujet a beau faire l'objet de nombreux débats politiques, la plupart des
Français ne s'inquiètent pas de leurs revenus futurs de retraités.
Pourtant, ils auront beau avoir cotisé tout au long de leur carrière,
ils seront loin de toucher l'équivalent de leur salaire. Guide pour ne
pas être pris au dépourvu au moment venu.
Les Français se bercent encore d'illusions quant à leur
retraite. Ainsi, selon une récente étude de Novacy (groupe Generali) qui
s'appuie sur un sondage Sofres réalisé auprès de 2 100 personnes,
plus d'un tiers des personnes interrogées pensent qu'elles toucheront,
une fois à la retraite, plus de 70 % de leur dernier salaire! Des
chiffres très éloignés de la réalité. Ainsi, un cadre salarié célibataire
de 45 ans, qui perçoit aujourd'hui un revenu de 32 000 francs,
recevra moins de 40 % de son salaire une fois à la retraite.
Plus cigales que fourmis, seuls 3,4 % des cadres
interrogés lors de cette même étude utilisent leur épargne pour préparer
leur retraite. Pourtant, pour se constituer une retraite décente, mieux
vaut épargner tôt et de manière substantielle. Dès 2006, l'effet «papy-boom»
commencera et les experts estiment qu'en 2040 la France comptera 7 retraités
pour 10 actifs! Pour ne pas avoir de mauvaises surprises et subir une
forte baisse de son pouvoir d'achat, mieux vaut prendre tout de suite les
devants. L'effort d'épargne est plus facile quand on s'y prend tôt. Les
spécialistes conseillent de commencer à épargner dès 35 ans pour alléger
la charge.
Comment faire le point?
La première étape consiste à faire le point sur ce qu'on percevra. Le
plus simple est de faire établir un diagnostic, même longtemps avant le
départ à la retraite. «On peut demander un audit de protection
sociale, quel que soit l'âge. Le mieux est de le renouveler tous les deux
ans. Mieux vaut aussi demander un diagnostic pour le couple, et non une évaluation
individuelle», conseille Charles Casahoursat, directeur technique du
réseau commercial de La Mondiale. Autre détail important: faire évaluer
ses droits en montant net plutôt que brut, ce qui permet de savoir
exactement quelles sommes seront disponibles.
Le régime de base
Deuxième étape: comprendre le fonctionnement du régime de base. Tout
salarié ayant cotisé au moins un trimestre à la Caisse nationale
d'assurance vieillesse (la Cnav) et âgé d'au moins 60 ans peut bénéficier
d'une retraite du régime général. Le salaire minimum soumis à
cotisations de Sécurité sociale pour valider un trimestre d'assurance
est de 8 404 francs.
La retraite «à taux plein» représente 50 % du salaire de base
plafonné à 14 950 francs brut mensuel, soit 7 475 francs (au-delà,
les régimes complémentaires prennent la relève). Pour en bénéficier,
le salarié doit avoir engrangé un certain nombre de trimestres durant sa
carrière. Attention: leur nombre est différent selon l'âge de l'intéressé.
Pour ceux qui prendront leur retraite à partir de 2003, il faudra 160
trimestres (40 ans de cotisation).
Précision importante: certaines périodes de la vie, non
salariées, sont considérées comme équivalentes et ouvrent droit à un
certain nombre de trimestres. Ainsi, les mères ont droit à huit
trimestres supplémentaires par enfant élevé pendant au moins neuf ans
avant le seizième anniversaire. De même, et cela n'est pas cumulable, la
durée effective du congé parental peut donner lieu à l'octroi de
trimestres supplémentaires (deux ou trois ans maximum).
Une majoration de 10 % est également attribuée aux personnes ayant
eu (ou élevé) au moins trois enfants. Certaines périodes d'arrêt
d'activité (maladie, d'invalidité, service militaire, chômage) peuvent
également générer des trimestres de retraite. Tout comme la
mobilisation pendant certaines guerres (Seconde Guerre mondiale,
l'Indochine, Madagascar, Corée, Tunisie, Maroc ou encore la guerre d'Algérie).
Enfin, des compléments de pension sont attribués dans certaines
situations. Notamment en cas de dépendance ou lorsque le conjoint est à
charge (celui-ci doit être âgé de 65 ans ou être reconnu inapte au
travail et ne doit pas disposer de ressources personnelles supérieures au
plafond). Des éléments à ne pas oublier lors de l'évaluation de vos
droits.
Ceux qui n'auraient pas le nombre de trimestres requis à
60 ans ont intérêt à poursuivre leur activité. Le taux plein est
accordé d'office aux salariés qui partent à la retraite à 65 ans.
Les complémentaires...
Pour les montants supérieurs au plafond de cotisation de la Sécurité
sociale, chaque salarié cotise obligatoirement auprès d'une caisse complémentaire.
Les salariés du privé (ouvriers, employés, agents de maîtrise...) sont
affiliés à l'Arrco. Les non-cadres cotisent dans la limite de trois fois
le plafond fixé par la Sécurité sociale. Le régime des cadres comporte,
lui, une spécificité: cotisations à l'Arrco pour la première tranche (jusqu'au
plafond de la Sécurité sociale), puis à l'Agirc pour les tranches
suivantes.
Le système des régimes complémentaires fonctionne par nombre de points
«achetés». Depuis le 1er avril, la valeur du point Arrco est
de 6,7983 francs. Le salaire de référence (c'est-à-dire le prix d'achat
d'un point) s'élève à 76,7965 francs. La valeur du point Agirc pour
2001 est quant à elle de 2,4126 francs pour un salaire de référence de
26,79 francs. En fin de carrière, le nombre de points acquis au cours de
la vie active est multiplié par la valeur du point.
Là aussi, des majorations existent. Pour chaque enfant à charge au
moment de l'attribution de la retraite (cas relativement peu fréquent),
les droits acquis sont par exemple majorés de 5 % par l'Arrco.
L'Arrco et l'Agirc prennent aussi en compte certaines situations (périodes
de chômage indemnisé, invalidité, maternité...), sous conditions.
L'Arrco et l'Agirc ont signé en février dernier un accord pour maintenir,
jusqu'au 31 décembre 2002, la possibilité de départ à 60 ans. Toutes
les personnes qui ont donc déjà tous leurs trimestres (158 pour cette
année et 159 pour 2002) peuvent prendre leur retraite à 60 ans à taux
plein.
La retraite anticipée...
Vous souhaitez quitter plus tôt la vie active? Rien ne vous en empêche a
priori, à condition d'attendre toutefois 60 ans dans le régime de base.
Mais tout se paie! Le montant de votre retraite sera minoré de 1,25 %
par trimestre manquant pour le régime de base (dans la limite de 25 %).
Des pénalités existent aussi dans les régimes complémentaires. Par
exemple, un salarié qui s'arrête de travailler à 55 ans recevra
seulement 43 % de la retraite complémentaire qu'il aurait perçue
s'il était parti à 65 ans. En travaillant une année de plus (jusqu'à
56 ans), le taux passe à 50 %.
Attention: en partant, non seulement vous perdez une grosse partie de
votre retraite, mais cette perte est définitive! Vous ne retrouverez pas
l'intégralité de votre pension une fois fêté votre 65e anniversaire.
Mieux vaut donc attendre l'heure prévue ou se constituer une épargne
conséquente.
... ou repoussée
L'espérance de vie s'allonge et certains salariés ne sont pas pressés
de prendre leur retraite. Ceux qui continuent leur activité salariée à
temps plein, mais avaient déjà le nombre de trimestres requis à 65 ans,
n'obtiendront pas de majoration de leur retraite. Les cotisations
obligatoires qu'ils versent ne leur profiteront donc pas. Les plus de 65
ans à qui manquent des trimestres pourront en revanche améliorer leur
situation.
En cas de maintien d'une activité à temps partiel, vous pouvez généralement
opter pour une retraite progressive (vous percevrez une partie de votre
pension en fonction de vos autres revenus). A la fin de votre activité à
temps partiel, vous recevrez le montant intégral de votre retraite.
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