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La nécessité d'une réforme des retraites
Le
Figaro Economie, May 18, 2001
Beatrice
Taupin
Dès 2001, les moins de 20 ans seront moins nombreux en
France que les plus de 60 ans. D'ici 2020, selon les 1ers travaux du
Conseil d'orientation des retraites, les dépenses liées aux pensions
pourraient représenter entre 13,6 % et 13,8 % du PIB, contre 12 %
aujourd'hui. L'amélioration de la situation économique et le retour
au plein emploi ne résoudront pas d'un coup de baguette magique le déséquilibre
des retraites attendu au tournant de 2007, lorsque l'effectif des
personnes en âge de travailler commencera à diminuer. Dès 2011,
rappelait récemment l'Insee, les moins de 20 ans seront moins nombreux
que les plus de 60 ans. C'est cette réalité démographique qui explique
les difficultés. Le rapport Charpin, qui avait étudié plusieurs scénarios,
mettait très clairement en lumière cet alourdissement des dépenses de
retraite. Leur poids passerait de 12% du produit intérieur brut (PIB)
actuellement à 14,1% en 2020, si l'on retient l'hypothèse d'un taux de
chômage ramené à 6%. L'alourdissement serait moindre (13,5 % du PIB) si
le chômage tombait à 3%. Les premiers travaux du Conseil d'orientation des
retraites (COR) tendent à confirmer ces données et sont même plus
pessimistes : en retenant le scénario Jospin de «retour au plein
emploi», correspondant à un taux de chômage ramené en 2010 à
4,5%, à mi-chemin entre deux hypothèses du rapport Charpin, les dépenses
de retraite représenteraient en 2020 entre 13,6% et 13,8% du PIB. Les projections, certes encore provisoires du Conseil,
soulignent aussi que la situation des fonctionnaires est plus dégradée
que celle des salariés du privé, et se détériorera plus vite. Le
besoin de financement serait de 132 milliards de francs par an en 2020
pour les fonctionnaires d'Etat et de 48 milliards pour les agents des
collectivités locales (territoriaux et hospitaliers). Un besoin proche de
l'hypothèse Charpin la moins favorable. Or, aucun élément nouveau n'étant
intervenu dans ces régimes, le besoin de financement aurait dû se situer
à mi-chemin entre les deux scénarios Charpin. Cela n'est pas le cas,
sans que pour l'instant on dispose d'explications. La situation apparaît aussi un peu moins favorable pour
les régimes complémentaires des salariés du privé (Arrco-Agirc). Rien
que de très logique : dans leur accord du 10 février dernier, postérieur
au rapport Charpin, les partenaires sociaux ont décidé de stopper la
baisse de rendement des régimes. Cette révision des règles, intégrée
par le COR, accroît mécaniquement les dépenses, et donc le besoin de
financement. En revanche, on constate un mieux pour l'assurance
vieillesse des salariés du privé (Cnav), dont le besoin de financement
en 2020 se situerait entre 72 et 99 milliards. Selon Yannick Moreau, la présidente
du COR, ce fait tient à la révision à la baisse de la pension moyenne
des retraités retenue par la Cnav. Cette pension augmente actuellement de
0,5% par an. La progression atteindra 1,5% du fait de l'«effet noria»
c'est-à-dire de la hausse des salaires (et donc des pensions) d'une génération
à l'autre, qu'avait imprudemment omis d'intégrer le rapport Teulade, d'où
ses conclusions très optimistes. Mais les spécialistes ont du mal à apprécier le rythme
auquel se fera ce passage de 0,5 à 1,5%. La Cnav considère aujourd'hui
qu'il sera plus lent qu'elle ne le pensait au moment du rapport Charpin,
d'où un besoin de financement revu à la baisse.«Nous n'en sommes
encore qu'au début des projections. Certaines données sont provisoires, indique
Yannick Moreau. Nous les avons données aux partenaires sociaux pour
qu'ils aient le temps de les examiner et de poser des questions, de façon
à ce que nous puissions leur fournir des données complémentaires».
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