Questions-réponses

Le Monde Economie, 19 mars 2001

1-Quel est le poids des dépenses liées aux retraites en Europe ?

En 1998, les prestations de vieillesse et de survie constituaient, de loin, le poste de dépenses le plus important de la protection sociale (45,7 % du total des prestations de l'Union), soit un peu plus de 12 % du PIB (" La protection sociale en Europe ", Giuliano Amerini, Statistiques en bref, Eurostat). 

L'Italie où elles représentent 64 % du total des prestations sociales, est la plus concernée. Ceci est lié, entre autres, à la proportion de la population âgée de 65 ans et plus (18 % en Italie, contre une moyenne de 16 % dans l'Union européenne).

En Irlande, au contraire, la part des prestations au titre de la fonction vieillesse et survie est inférieure à 30 %. Il s'agit du pays ayant la population la plus jeune d'Europe : 32 % des Irlandais avaient moins de 20 ans en 1998 (contre une moyenne de 23 % dans l'Union) et seulement 11 % de la population avaient 65 ans et plus.

La Grèce présente également une proportion élevée de dépenses vieillesse et survie puisque le poste représente 52,6 % du total de ses prestations. La France est en revanche en dessous, à 44 %.

Après les dépenses au titre vieillesse et survie, le poste soins de santé, maladie et invalidité vient en deuxième position. Il représente 35 % du total des prestations et 9,3 % du PIB. Au Portugal, en Irlande et en Finlande, ces dépenses l'emportent dans le total des prestations.

La fonction famille-enfants représente 8,3 % du total des prestations dans l'Union européenne (2,2 % du PIB). Cette fonction représente plus de 12 % du total des prestations au Luxembourg, au Danemark, en Finlande et en Irlande. En revanche, elle compte pour moins de 5 % du total des prestations en Espagne, en Italie et aux Pays-Bas.

Dernier poste : les dépenses liées au chômage qui représentent 7,2 % du total et 1,9 % du PIB, mais avec des disparités importantes.

2-Les préretraites représentent-elles une solution européenne au chômage ?

Bien que l'âge officiel de la retraite des hommes soit actuellement de 65 ans ou plus dans la plupart des Etats membres, on observe, depuis le milieu des années 1980, un recul lent mais constant du nombre d'hommes âgés de 55 à 59 ans sur le marché du travail. En 1998, moins de 70 % des hommes et à peine 40 % des femmes âgés de 55 à 59 ans étaient économiquement actifs.

Parmi les 60 à 64 ans, seuls 32 % des hommes et tout juste 15 % des femmes étaient encore présents sur le marché du travail. " L'inversion de la tendance à la retraite anticipée chez les hommes et l'augmentation du nombre de femmes âgées économiquement actives doivent jouer un rôle majeur dans toute politique visant à soulager les systèmes de protection sociale ", indique un rapport de la Commission européenne.

Le taux élevé du chômage de longue durée exerce également une pression considérable sur les systèmes de protection sociale de l'Union. En 1998, plus de 8 millions de personnes étaient sans emploi depuis un an ou plus dans l'Union, soit quelque 5 % de la main-d'œuvre.

3-En Allemagne, quelles sont les incidences des arrêts de la cour constitutionnelle de Karlsruhe ?

L'Allemagne a décidé, lorsque Helmut Kohl était chancelier, d'allonger progressivement l'âge légal de la retraite, qui sera de 65 ans fin 2001 pour les hommes et fin 2004 pour les femmes. Mais l'objectif est de retarder l'âge réel du départ en retraite, actuellement de 59 ans.

Ces départs anticipés (avant l'âge légal) ont été facilités par les systèmes de préretraite, aujourd'hui en partie supprimés. Pour autant, les pensions dépendant des cotisations versées, il n'est pas possible de changer brutalement les règles du jeu.

Dans d'anciens arrêts, la cour constitutionnelle de Karlsruhe a précisé que les futurs retraités ne devaient pas y perdre. Ainsi, il n'est pas possible de descendre au-dessous d'une retraite équivalente à 64 % du salaire brut pour quarante-cinq années de cotisations.

Pour l'heure, une autre menace pèse sur le gouvernement : jusqu'à présent, les salariés paient des impôts sur leurs cotisations sociales, mais leurs pensions sont exonérées. La cour de Karlsruhe pourrait, dès cette année, exiger d'inverser la taxation (cotisations exemptées, retraite taxée). Salariés et fonctionnaires – qui, eux, paient déjà des impôts sur leurs retraites – seraient alors alignés sur un régime fiscal comparable.


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