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Les vieux salariés ont le vent en poupePar: Richard Reeves Pénurie de main-d'oeuvre, perte de savoir... Au Royaume-Uni, les salariés âgés, victimes des récentes restructurations, sont de nouveau courtisés par les entreprises. Bonne ou mauvaise nouvelle ? Wilma et des milliers de personnes comme elle doivent certainement se réjouir de la nouvelle selon laquelle BT [British Telecommunications] envisage de repousser l'âge de la retraite à 70 ans, ce qui remettrait en cause la tendance au recours à la retraite anticipée dans les entreprises. Pour les militants qui luttent contre la discrimination à l'égard des personnes âgées, il était grand temps. "La question clé est celle du libre choix", martèle Helen Garner, directrice des campagnes d'Employers Forum on Age, qui milite contre l'âgisme. "Le cliché des quinquagénaires inutiles existe depuis trop longtemps. Il faut saluer tout ce qui va contre." Certains signes dénotent un changement d'attitude envers les travailleurs âgés, alors qu'on assiste à un retour de balancier après la priorité donnée aux restructurations des années 80 et 90, durant lesquelles on pensait qu'il était plus juste de se débarrasser des vieux salariés. Les supermarchés et les grands distributeurs (et notamment la chaîne de magasins de bricolage B & Q) embauchent aujourd'hui des salariés plus âgés et mettent en place de nouveaux plans de retraite plus souples que les systèmes traditionnels. La BBC emploie un nombre croissant de personnes ayant dépassé l'âge de la retraite, sous contrat d'associé. Et la Midland Bank a dû rappeler d'anciens cadres alors qu'elle manquait de personnel qualifié à la suite d'une restructuration. Shell fait appel à ses cadres seniors pour qu'ils servent de mentors à de petites entreprises. Les cheveux gris ont décidément le vent en poupe. "Pour l'heure, le mouvement touche essentiellement les allocataires d'une pension de retraite qui veulent la compléter par un travail sous contrat ou à temps partiel, rapporte Mme Garner. Très souvent, les entreprises restent discrètes sur la question en raison de possibles conséquences fiscales, mais le phénomène est bien réel." LES ENTREPRISES VEULENT RETENIR LES SALARIÉS ÂGÉS A première vue, l'équation est simple pour les entreprises, mais aussi pour l'Etat. Les gens vivent plus longtemps et en meilleure santé ; par conséquent, ils restent productifs. Et, en l'absence de réforme, nous sommes face à une bombe à retardement démographique, car les actifs de demain auront du mal à payer les retraites des enfants vieillissants du baby-boom. Par ailleurs, la nature du travail a changé, la force physique perdant de l'importance au profit des capacités intellectuelles, de l'expérience et du savoir, que les personnes âgées possèdent en abondance. En 1960, la majorité des gens pouvaient compter sur un délai de deux à trois ans entre leur dernier jour au travail et les derniers sacrements. Aujourd'hui, cette période est passée à dix ans, et nombreux sont ceux qui peuvent espérer vivre des années encore après avoir cessé leur activité professionnelle. Selon un rapport récent de JP Morgan, s'il n'y a pas de changement de politique (aussi bien dans le secteur privé que dans le public), le niveau de vie risque de chuter de 15 % lorsqu'une population active moins nombreuse devra payer la facture salée des retraites. Pour nombre de personnes du troisième âge, le travail apporte des avantages évidents sur le plan social, car il permet d'élargir le cercle de ses connaissances et donne le sentiment d'exister dans la société. La dispersion de la famille accroît ce besoin. Un départ à la retraite plus tardif permettrait aussi de rééquilibrer la vie active en faveur de la famille plutôt que de travailler surtout durant les années où les enfants sont généralement encore à la maison. Dans un tel contexte, la retraite anticipée paraît aberrante, mais les idées préconçues sur la valeur du personnel âgé ont encouragé les entreprises dans cette voie. "Plus des deux tiers des départs à la retraite ont lieu avant l'âge officiel, note Mme Garner. Cette tendance est essentiellement motivée par un souci d'efficacité ou d'allégement des effectifs, et non pour des raisons de mauvaise santé." Les préjugés ont décidément la vie dure. Il y a également de bonnes raisons de croire que les entreprises en ont davantage pour leur argent avec des salariés plus âgés. Car ils sont moins susceptibles de partir, présentent un taux d'absentéisme moindre (39 % de moins que la moyenne chez B & Q) et, à en croire Wilma, ils s'investissent davantage dans leur travail. "Avec eux au moins, on est sûr qu'ils travaillent parce qu'ils le veulent vraiment, et non pas parce qu'ils y sont obligés", souligne-t-elle. Personnellement, Wilma entend bien persévérer. Pour elle, la perspective de travailler jusqu'à la fin est stimulante. "Je pense que je vais continuer, confie-t-elle. Je ne vois pas pourquoi je devrais m'arrêter. Je vais continuer." PO Box 20022, New York, NY 10025 Phone: +1 (212) 557-3163 - Fax: +1 (212) 557-3164 Email: globalaging@globalaging.org
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