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Retraites dans le monde: des régimes peu nombreux et mal gérésPar: Isabelle Moreau Ce n'est pas un hasard si le livre "Social security pensions : development and reform" vient tout juste d'être publié. Le Bureau international du travail (BIT) a en effet souhaité que la sortie de l'ouvrage coïncide avec le 1er mai 2000, "en reconnaissance de la contribution des travailleurs à la société". Si le rapport, disponible en anglais, rappelle que les régimes de retraite concernent peu de personnes à l'échelle de la planète, il précise aussi que lorsqu'ils existent, ils sont souvent mal gérés, ce qui a pour effet d'aggraver la situation et d'exposer une large part de la population à la pauvreté durant la vieillesse. Et, lorsqu'ils sont correctement gérés, le financement des retraites posera de graves problèmes au fur et à mesure que les populations vieilliront et que les pays s'efforceront de diversifier les risques pour les personnes. Comme l'explique Colin Gillion, directeur du département de la Sécurité sociale du BIT et codirecteur de l'ouvrage, "en moyenne les pays de l'OCDE consacrent 10 % de leur PIB aux pensions de vieillesse, soit plus que leurs dépenses en matière de soins de santé". C'est pourquoi il qualifie ces régimes de "généralement excellents, mais onéreux" et préconise pour "résoudre le problème du vieillissement de la population d'augmenter l'âge effectif de la retraite et le nombre des femmes qui travaillent". L'étude du BIT met également en garde contre l'investissement sur les marchés financiers pour aider les régimes de retraite à faire face aux besoins à venir. "Parce que c'est une opération tout à fait aléatoire", explique Colin Gillion. Revenant sur un certain nombre de mesures prises dans de nombreux pays de l'OCDE comme l'augmentation de l'âge de la retraite anticipée ou la diminution des prestations, les auteurs de l'étude expliquent que "cette sorte d'équilibrage des conditions d'ouverture du droit et de l'âge de la retraite est un luxe que la plupart des pays ne peuvent s'offrir. Il est difficile à réaliser sur le plan politique et il peut compromettre le consensus social qui sous-tend les régimes de retraite". Ces considérations ne valent aujourd'hui que pour les pays industrialisés. Ailleurs, la situation est toute autre. Passant en revue l'ensemble des continents, l'étude dresse un certain nombre de constats : les régimes de retraite dans les pays de l'ex-Union soviétique n'ont pratiquement plus aucune valeur du fait de l'effondrement des économies nationales ; ceux d'Afrique sont très faibles et mal gérés ; ceux d'Asie ont été affaiblis par la tempête financière des années quatre-vingt-dix ; ceux des États arabes du Moyen-Orient sont relativement récents et se heurtent au fait que les nombreux travailleurs étrangers n'ont pas le droit de s'y affilier ; enfin les régimes en place en Amérique latine et des Caraïbes ne fonctionnent pas bien. C'est la raison pour laquelle le BIT formule des recommandations précises sur la manière dont ces pays peuvent augmenter le nombre de travailleurs qui bénéficient d'une protection et améliorer pour tous la qualité des prestations. Avec une problématique de taille à prendre en compte, le fait que des centaines de millions de personnes travaillent dans le secteur informel en pleine expansion. C'est dire l'ampleur de la tâche qui attend les gouvernements qui pourront puiser dans l'ouvrage un certain nombre d'idées, le BIT recommandant que "les pays ne cherchent pas à élaborer un système de retraite unique et parfait".
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