Quatre-vingt-dix pour cent de la population mondiale
n’ont pas de régimes de retraite
Beaucoup de régimes sont mal gérés
Le vieillissement démographique et la diversification
des risques
causeront des problèmes
28 Avril 2000
( BIT/00/14 )
(Second Part)
Dans cette région, les taux de natalité sont généralement élevés
et le vieillissement démographique n’est pas considéré comme un
problème. La population active se compose parfois d’un grand nombre de
travailleurs étrangers. Le traitement réservé à ces travailleurs
étrangers constitue un problème car certains pays les excluent de leurs
régimes de retraite.
Europe centrale et
orientale et Asie centrale – Les pays de cette région sont encore
dans la phase de transition de l’économie centralisée à l’économie
de marché, ou n’ont pas encore fini de régler la note de la
transition. Dans la plupart d’entre eux, les régimes de protection
sociale présentent des caractéristiques héritées des systèmes des
anciennes économies planifiées, à savoir une composante visible (explicite)
et une composante invisible (implicite). Le système visible prenait en
charge les pensions de retraite, les prestations en espèces à court
terme et les soins de santé. La composante invisible offrait davantage de
sécurité par le biais des mécanismes socialistes de redistribution des
revenus garantissant l’emploi, mettant à la disposition des gens des
logements à coût modéré et subventionnant fortement les biens et
services de première nécessité, les fournitures scolaires, les livres
et les biens et services culturels.
Bon nombre de ces pays
sont en train de revoir leurs régimes de sécurité sociale et certains
adoptent des régimes à cotisations définies. Il est encore trop tôt
pour évaluer la performance de ces régimes, mais on peut d’ores et
déjà affirmer que ceux de pays tels que la Pologne, la République
tchèque, la Hongrie et la Slovaquie se portent bien. En revanche, les
pays qui faisaient partie de l’ex-Union soviétique, de la Russie aux
nations d’Asie centrale, s’en sortent beaucoup moins bien à cause de
l’extrême faiblesse de leur économie.
Développement des
régimes de pensions
Au début du XXe
siècle, rares étaient les travailleurs qui jouissaient de la sécurité
offerte par une pension de vieillesse. Dans les pays développés, la
plupart mouraient jeunes ou travaillaient jusqu’à la fin de la
soixantaine, connaissaient ensuite une brève retraite auprès de leurs
enfants et mouraient peu après l’âge de 70 ans. En général, être
vieux signifiait être pauvre. Et être invalide, être pauvre encore plus
tôt.
Dans
les pays en développement et à revenu intermédiaire, la situation des
personnes âgées étaient encore pire: les revenus étaient beaucoup plus
proches du niveau de subsistance et les enfants avaient moins les moyens
de prendre leurs parents en charge. On y mourait plus jeune et, plus
encore dans ces pays qu’ailleurs, la vie était ingrate, brutale et
brève.
Au
début du XXIe siècle, les choses ont radicalement changé.
Dans les pays développés, le taux de pauvreté des personnes âgés est
aujourd’hui comparable à ce qu’il est pour le reste de la population.
L’espérance de vie s’est allongée et, pour la plupart, les
travailleurs peuvent espérer jouir d’une longue retraite en
s’appuyant sur un revenu raisonnable.
Les
pensions d’invalidité et la possibilité de retraite anticipée ont
réduit les risques financiers liés à l’incapacité de travail. La
quasi-totalité des femmes a droit à une pension de survie et une
majorité croissante d’entre elles peuvent prétendre, en tant que
travailleuses, à leurs propres pensions de retraite.
Parallèlement
à ces changements, un nombre croissant de pays en développement commence
aujourd’hui à imiter l’expérience des pays développés en
élargissant la protection et en améliorant les prestations.
Cette
amélioration radicale des conditions sociales est attribuable, pour une
bonne part, à l’instauration des pensions de retraite servies au titre
de la sécurité sociale, qu’il faut ranger parmi les progrès sociaux
majeurs du siècle écoulé. Après une croissance hésitante dans la
première partie du siècle, les pensions ont connu un véritable essor
dans les cinquante dernières années. Dans les pays développés, la
croissance des dépenses consacrées aux pensions de retraite a été deux
fois plus rapide que celle du PIB, et de plus en plus de pays en
développement et de pays à revenu intermédiaire se sont efforcés de
verser des pensions à leurs retraités.
Cependant,
le livre démontre que la tâche n’est qu’à demi achevée. Partout
dans le monde, les régimes de pension connaissent de profonds
bouleversements. D’une part, les pays développés envisagent de
nouveaux mécanismes de financement des dépenses consacrées aux
retraites, qui exigeront une réflexion approfondie et la mise en place
d’un consensus nouveau. D’autre part, l’écrasante majorité de la
population mondiale ne jouit toujours d’aucune forme de sécurité de
revenu durant la vieillesse ou en cas d’infirmité.
Étendre
à tous les pays du monde la sécurité dont jouissent les travailleurs
dans les pays développés demeure une des tâches primordiales pour les
premières années de ce siècle.
«Elle
exigera des efforts considérables, beaucoup d’imagination et une grande
faculté d’adaptation à la situation particulière des pays en
développement», écrivent les auteurs du livre. «Elle suppose
l’élargissement de la protection assurée par les régimes de retraite
(et par toutes les autres formes de sécurité sociale), une meilleure
gouvernance et une conception de ces régimes qui soit à la fois efficace
sur le plan économique et compatible avec les valeurs humaines et
sociales internationalement reconnues.»
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