L'Europe amorce lentement le virage de la retraite par capitalisation
Plusieurs états membres n'ont pas attendu les recommandations de Bruxelles pour financer leurs retraites en faisant appel aux fonds de pension. Le
vieillissement de la population et l'allongement de la durée de la vie
représentent une " bombe à retardement" pour les
systèmes de retraite par répartition, selon l'expression utilisée le 6 février
2001 par Frits Bolkestein, commissaire européen au marché intérieur.
Il était donc logique que Bruxelles se préoccupe du sujet et recommande
aux Etats membres d'accélérer les réformes des systèmes par répartition,
en prenant notamment appui sur la capitalisation. Le rapport
qu'Eurostat vient de réaliser sur le marché de l'assurance en général
et des fonds de pension en particulier tombe donc à pic. Il a pour but de
fournir un instrument de réflexion sur l'évolution des Quinze dans ce
domaine nouveau du financement des retraites. Bien entendu, la difficulté
d'une telle entreprise de synthèse réside, principalement, dans l'hétérogénéité
des systèmes statistiques qui rend malaisée toute présentation globale. Cela étant,
et comme il fallait s'y attendre, la position de chaque pays européen
diffère vis-à-vis de la retraite par capitalisation. En nombre de fonds
tout d'abord. Certains pays comme le Luxembourg n'en comptent qu'un alors
que la Suisse en aligne 3 806. Entre les deux, on trouve les Pays-Bas
(1 019), l'Espagne (557) et l'Italie (483). Le nombre de cotisants
varie également de pays à pays : le Danemark en compte moins de 24 000 alors
qu'ils sont presque 13 millions aux Pays-Bas et 21 millions dans
l'ensemble de l'Union européenne. En termes de
capitalisation, le volume d'investissements varie de 55 millions
d'euros au Danemark à 26,3 milliards d'euros en Grande-Bretagne en
passant par des volumes intermédiaires en Allemagne (18 milliards
d'euros) et aux Pays-Bas (11,7 milliards d'euros). Au plan
global, le nombre de fonds de pension a augmenté de 2,51 % dans
l'Union européenne entre 1997 et 1999 alors que le nombre de
cotisants a, lui, augmenté de 14,75 % sur la même période. Toutefois, la
situation est très contrastée selon les pays. Au Danemark, en Finlande,
aux Pays-Bas, en Italie et en Allemagne, le nombre de fonds de pension en
exercice a diminué entre 1997 et 1999. Dans d'autres pays comme
l'Espagne, l'Autriche, la Belgique et le Portugal, ce nombre a augmenté
alors qu'il est resté stable au Luxembourg et en Suède. Le taux de
croissance le plus élevé (+ 35 %) a été enregistré en
Espagne. La France, avec ses rares fonds de pension réservés aux
fonctionnaires, n'a pas été intégrée dans les statistiques d'Eurostat. Plus intéressant,
le nombre de cotisants a diminué de manière significative dans deux pays
scandinaves, la Finlande (- 15,9 %) et le Danemark (- 6,8 %).
Dans ce dernier pays, les fonds de retraite ont fait l'objet d'une
restructuration en profondeur, leurs actifs étant transférés
massivement à des compagnies d'assurances. C'est en Espagne que le nombre
d'adhérents a explosé, augmentant de plus de 58 % sur la période
considérée. Malgré
l'apparent morcellement du secteur, la tendance à la capitalisation
s'amorce nettement en Europe. Mais en termes de taille (nombre
d'entreprises adhérentes et capitaux investis), l'ensemble est si
disparate que l'on est en droit de penser que des restructurations
nationales, voire transnationales, finiront par avoir lieu. Concernant le
volume de l'investissement, 70 % des fonds européens investissent
moins de 50 millions d'euros, mais leur nombre va en se réduisant.
En revanche, le nombre des fonds qui investissent entre 500 millions
et 2,5 milliards d'euros a augmenté vigoureusement dans cinq pays au
moins : Islande, Belgique, Italie, Autriche et Portugal, avec des
taux de croissance allant de 50 % à 400 %. Mais c'est en
Grande-Bretagne et aux Pays-Bas que le stock des capitaux investis pour
garantir les retraites des cotisants est le plus impressionnant : 1 148 milliards
d'euros pour le premier et 500 milliards d'euros pour le second. L'écart
entre le plus haut et le plus bas niveau d'investissements est environ de
273 fois. Ces capitaux
se répartissent entre des actions et autres placements à valeur variable
et des obligations. La proportion d'obligations et autres actifs à revenu
fixe est supérieure à 50 % au Danemark (58,7 %), en Espagne
(58,6 %), en Norvège (57 %) et en Islande (50,5 %). La
part des obligations avoisine 50 % en Suède, Portugal, Italie et
Finlande. Seuls les Pays-Bas et la Grande Bretagne privilégient nettement
les actions au point d'y consacrer de la moitié aux deux tiers de leurs
capitaux. Il est
important de constater que la part des placements à risque tend à
s'accroître : elle a augmenté de 353 % en Italie, 183,7 %
en Islande, 150 % en Espagne, etc. Mais, comme l'indiquent les
rapporteurs, " le mouvement de diversification des placements
peut avoir des avantages : bon nombre d'études indiquent un retour
sur investissements plus élevé des capitaux investis en actions. La
contrepartie d'un tel choix est une plus grande volatilité du
portefeuille, laquelle peut être réduite par une définition des règles
prudentielles au niveau européen". Lesquelles règles restent
encore à écrire.
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