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 L'Europe amorce lentement le virage de la retraite par capitalisation


By: Yves Mamou 
Le Monde Economie, February 11, 2002

 

Plusieurs états membres n'ont pas attendu les recommandations de Bruxelles pour financer leurs retraites en faisant appel aux fonds de pension. 

Le vieillissement de la population et l'allongement de la durée de la vie représentent une " bombe à retardement" pour les systèmes de retraite par répartition, selon l'expression utilisée le 6 février 2001 par Frits Bolkestein, commissaire européen au marché intérieur. Il était donc logique que Bruxelles se préoccupe du sujet et recommande aux Etats membres d'accélérer les réformes des systèmes par répartition, en prenant notamment appui sur la capitalisation.

Le rapport qu'Eurostat vient de réaliser sur le marché de l'assurance en général et des fonds de pension en particulier tombe donc à pic. Il a pour but de fournir un instrument de réflexion sur l'évolution des Quinze dans ce domaine nouveau du financement des retraites. Bien entendu, la difficulté d'une telle entreprise de synthèse réside, principalement, dans l'hétérogénéité des systèmes statistiques qui rend malaisée toute présentation globale.

Cela étant, et comme il fallait s'y attendre, la position de chaque pays européen diffère vis-à-vis de la retraite par capitalisation. En nombre de fonds tout d'abord. Certains pays comme le Luxembourg n'en comptent qu'un alors que la Suisse en aligne 3 806. Entre les deux, on trouve les Pays-Bas (1 019), l'Espagne (557) et l'Italie (483). Le nombre de cotisants varie également de pays à pays : le Danemark en compte moins de 24 000 alors qu'ils sont presque 13 millions aux Pays-Bas et 21 millions dans l'ensemble de l'Union européenne.

En termes de capitalisation, le volume d'investissements varie de 55 millions d'euros au Danemark à 26,3 milliards d'euros en Grande-Bretagne en passant par des volumes intermédiaires en Allemagne (18 milliards d'euros) et aux Pays-Bas (11,7 milliards d'euros).

Au plan global, le nombre de fonds de pension a augmenté de 2,51 % dans l'Union européenne entre 1997 et 1999 alors que le nombre de cotisants a, lui, augmenté de 14,75 % sur la même période.

Toutefois, la situation est très contrastée selon les pays. Au Danemark, en Finlande, aux Pays-Bas, en Italie et en Allemagne, le nombre de fonds de pension en exercice a diminué entre 1997 et 1999. Dans d'autres pays comme l'Espagne, l'Autriche, la Belgique et le Portugal, ce nombre a augmenté alors qu'il est resté stable au Luxembourg et en Suède. Le taux de croissance le plus élevé (+ 35 %) a été enregistré en Espagne. La France, avec ses rares fonds de pension réservés aux fonctionnaires, n'a pas été intégrée dans les statistiques d'Eurostat.

Plus intéressant, le nombre de cotisants a diminué de manière significative dans deux pays scandinaves, la Finlande (- 15,9 %) et le Danemark (- 6,8 %). Dans ce dernier pays, les fonds de retraite ont fait l'objet d'une restructuration en profondeur, leurs actifs étant transférés massivement à des compagnies d'assurances. C'est en Espagne que le nombre d'adhérents a explosé, augmentant de plus de 58 % sur la période considérée.

Malgré l'apparent morcellement du secteur, la tendance à la capitalisation s'amorce nettement en Europe. Mais en termes de taille (nombre d'entreprises adhérentes et capitaux investis), l'ensemble est si disparate que l'on est en droit de penser que des restructurations nationales, voire transnationales, finiront par avoir lieu. Concernant le volume de l'investissement, 70 % des fonds européens investissent moins de 50 millions d'euros, mais leur nombre va en se réduisant. En revanche, le nombre des fonds qui investissent entre 500 millions et 2,5 milliards d'euros a augmenté vigoureusement dans cinq pays au moins : Islande, Belgique, Italie, Autriche et Portugal, avec des taux de croissance allant de 50 % à 400 %. Mais c'est en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas que le stock des capitaux investis pour garantir les retraites des cotisants est le plus impressionnant : 1 148 milliards d'euros pour le premier et 500 milliards d'euros pour le second. L'écart entre le plus haut et le plus bas niveau d'investissements est environ de 273 fois.

Ces capitaux se répartissent entre des actions et autres placements à valeur variable et des obligations. La proportion d'obligations et autres actifs à revenu fixe est supérieure à 50 % au Danemark (58,7 %), en Espagne (58,6 %), en Norvège (57 %) et en Islande (50,5 %). La part des obligations avoisine 50 % en Suède, Portugal, Italie et Finlande. Seuls les Pays-Bas et la Grande Bretagne privilégient nettement les actions au point d'y consacrer de la moitié aux deux tiers de leurs capitaux.

Il est important de constater que la part des placements à risque tend à s'accroître : elle a augmenté de 353 % en Italie, 183,7 % en Islande, 150 % en Espagne, etc. Mais, comme l'indiquent les rapporteurs, " le mouvement de diversification des placements peut avoir des avantages : bon nombre d'études indiquent un retour sur investissements plus élevé des capitaux investis en actions. La contrepartie d'un tel choix est une plus grande volatilité du portefeuille, laquelle peut être réduite par une définition des règles prudentielles au niveau européen". Lesquelles règles restent encore à écrire.

 


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