Volkswagen joue les éclaireurs en matière de retraite

Par: P. Ri.
Le Monde, 10 mai 2001

FRANCFORT de notre correspondant.

Qu'il y ait ou non accord entre les partenaires sociaux de la métallurgie, le constructeur automobile Volkswagen a pris les devants pour créer, en février, son propre fonds de pension. "Un instrument interne, qui n'a rien à voir avec les réflexions en cours dans la branche, et que nous comptons développer quel que soit le sort de la réforme des retraites projetée par le gouvernement", dit un des négociateurs de l'accord.

Géré par des professionnels extérieurs, mais placé sous la houlette d'un conseil de surveillance associant de façon paritaire la direction et les syndicats, ce fonds, qui ne renie pas ses origines anglo-saxonnes puisqu'il est baptisé VW Pension Trust, s'adresse aux 126 000 salariés de moins de cinquante ans employés par les marques Volkswagen et Audi en Allemagne, sur un total de 164 000 personnes. Les ouvriers et cadres de plus de cinquante ans ont le choix: soit adhérer au fonds, en conservant les droits acquis au long de leur carrière, soit rester fidèles au système traditionnel de retraites complémentaires proposées depuis des décennies par VW, à l'instar de nombreux grands de l'industrie allemande.


L'initiative est largement soutenue par le syndicat IG Metall, incontournable au sein du groupe. Klaus Volkert, président du comité d'entreprise de Volkswagen, parlait en février "d'une inflexion historique", lors de la mise en place de cet instrument quasi unique dans le monde de l'entreprise allemand.

"La combinaison du maintien des cotisations patronales avec le placement des fonds collectés sur les marchés de capitaux est à notre avis le chemin idéal pour garantir le haut niveau de prestations attendu par les salariés, et réduire les coûts", expliquait M. Volkert. Brochures, réunions: aujourd'hui, le syndicat se mobilise pour populariser le fonds interne.

Pour la direction de Volkswagen, cette innovation est une réponse aux évolutions démographiques "remettant en cause le financement des retraites complémentaires proposées par l'entreprise". A l'horizon 2030, le nombre de retraités allemands concernés par les prestations retraites de la maison devrait passer de 70 000 à 100 000, tandis que le nombre d'actifs devrait stagner: la charge financière risque de fortement s'alourdir. Les compléments retraite proposés par le groupe de Wolfsburg représentent déjà 8,7 % des coûts de personnel… soit un montant de l'ordre de 16,5 milliards de deutschemarks (8,2 milliards d'euros) lors de l'exercice 1999.

"ALLÉGER LES COÛTS DU TRAVAIL"

Le fonds, investi pour moitié en actions, pour moitié dans des titres monétaires, devrait collecter une somme de l'ordre de 200 millions de deutschemarks dès cette année: Volkswagen y verse automatiquement l'équivalent de 2 % du salaire brut de ses employés, et 1 % pour les nouveaux embauchés. Ceux-ci peuvent compléter la mise, sur une base volontaire.

"Pour le groupe, il s'agit de réduire la mise et les risques, car une partie des retraites va désormais être financée par l'intermédiaire des marchés de capitaux", dit un expert. Coïnventeur de la semaine de quatre jours, Peter Hartz, le directeur du personnel du constructeur automobile considère que "l'introduction d'un fonds de pension VW est d'une importance déterminante pour l'allégement des coûts du travail sur les sites de production allemands". Un argument qui fait mouche au sein d'un personnel très soucieux des risques de délocalisation.

Volkswagen est ainsi un des rares grands groupes allemands à avoir adapté avant l'heure son système de retraite interne. Un luxe que nombre d'entreprises ne peuvent s'offrir. Si d'autres grands de l'industrie sont aussi à la recherche de solutions pour répondre à des évolutions qui s'imposent à tous les PME sont à la peine. Bien souvent, elles n'ont pas pu s'engager dans la voie des retraites d'entreprise, mais elles prennent conscience que ce type de prestations offertes aux salariés devient un outil de plus en plus déterminant pour attirer les nouvelles recrues. D'où l'intérêt qu'elles peuvent porter à l'éventuelle constitution par les partenaires sociaux d'un fonds de branche. Une initiative observée de plus loin chez Volkswagen, qui n'a pas attendu.


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