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Les riches retraités de Laguna Woods, en Californie, tentés par Obama

 

Par Nicolas Bourcier, Le Monde 

 

21 Octobre 2008 

Chaque matin, il s'assoit derrière la porte d'entrée du Starbucks Café et sirote sa tasse de thé en attendant l'heure du déjeuner. A 76 ans, Maurice Brigden, tee-shirt violet et chaussures légères, fait partie des 18 000 retraités du Laguna Woods Village situé juste en face. 

L'établissement est un des plus grands centres pour personnes âgées de Californie, une cité pavillonnaire cossue et grillagée, au coeur du comté d'Orange, ville riche et républicaine où l'aéroport se nomme John-Wayne. "Les temps changent", sourit-il. Ancien vendeur immobilier de San Francisco devenu danseur professionnel pour croisières de luxe, Maurice est inscrit sur les registres électoraux en tant qu'"indépendant". Comme d'autres, il dit avoir apprécié John McCain lors de l'élection de 2000. "Mais plus aujourd'hui, tranche-t-il. Sa campagne est désastreuse."

A ses côtés, l'ami Bill opine du chef. Cet ancien imprimeur de Santa Ana, à peine plus jeune que Maurice, s'est enregistré démocrate après des décennies passées chez les républicains. "A 72 ans, McCain est trop vieux et incapable de gérer la crise actuelle, avance-t-il d'un ton calme. Les années Bush ont été terribles, les pauvres ont souffert un peu plus et les riches ont gagné davantage, comme d'habitude. Et je ne fais pas de la politique en disant cela."

Aucun des deux hommes ne dira vouloir voter pour Barack Obama. Ils se décideront le jour du vote, préviennent-ils. "Cela dépendra aussi du temps qu'il fera", s'amuse Maurice. Pas facile d'annoncer soutenir un démocrate africain-américain : "Les gens ici sont à l'écart, toujours entre eux. Ils apprécient qu'ils n'y ait pas d'Hispaniques et de Noirs dans la communauté", souffle-t-il.

Aux "Rossmoor Towers", Barbara Schwartz, 92 ans, s'apprête à sortir pour aller chez sa manucure. Ici, on croise les plus âgés, celles et ceux qui paient environ 1 000 dollars par mois - en plus de l'achat obligatoire d'un appartement - pour un dîner servi chaque soir et un ménage hebdomadaire. La plage et le golf sont à proximité, tout comme le théâtre de plus de 800 places, qui a déjà accueilli les actrices Raquel Welch et Carol Channing. Mme Schwartz est démocrate, "comme de plus en plus de personnes ici", insiste-t-elle.

Un sondage interne, réalisé ces derniers mois aux "Towers", a donné pour la première fois le Parti démocrate vainqueur devant les républicains. "Je ne sais pas s'ils iront tous jusqu'à voter pour Obama, mais le résultat du 4 novembre sera différent par rapport aux élections présidentielles précédentes."

Issue d'une famille conservatrice, ruinée après le krach de 1929, elle se dit aujourd'hui à l'abri du besoin. Comme presque tous ses congénères, elle a placé la moitié de sa fortune dans une banque, l'autre moitié en actions. Une pension et quelque 1 000 dollars de retraite versés par l'Etat viennent arrondir ses fins de mois. "La crise d'aujourd'hui n'a rien à voir avec la période d'avant-guerre. Même si nous y perdons quelques plumes, nous allons dépasser ces moments difficiles. Il y a des jeunes politiciens pour cela, nouveaux et compétents", ajoute-t-elle.

"La crise m'inquiète, mais je ne suis pas affolé", affirme Phil Borden, 83 ans, autre résidant des "Towers". Professeur à Harvard puis consultant à l'étranger, il votera Obama. "John McCain l'a traité de menteur, ce qui est inadmissible en politique, tranche-t-il. Sans parler du choix de la colistière Sarah Palin, totalement à côté du sujet."

Bob Miller, lui, choisira John McCain, même s'il admet qu'aucun des candidats n'a de bonnes réponses face à la crise. A 91 ans, ce président élu de l'association représentative des retraités du "Village" trouve le candidat démocrate "trop socialiste". Mais pas question de pointer sa couleur de peau.

Ancien ingénieur sur les chantiers pétrolifères et nucléaires, Bob Miller admet sans barguigner avoir "suffisamment" de revenus pour la fin de ses jours, plusieurs portefeuilles boursiers, dont "un petit de 700 000 dollars". Depuis le début de la crise, ses placements ont perdu un peu moins de 20 % sur les marchés. "Je n'ai pas d'inquiétude particulière si Obama gagne", glisse-t-il avant de conclure, sur un ton qui se veut rassurant : "De toute façon, il n'aura pas assez de marge de manoeuvre pour agir comme il l'entend."


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