Home |  Elder Rights |  Health |  Pension Watch |  Rural Aging |  Armed Conflict |  Aging Watch at the UN  

  SEARCH SUBSCRIBE  
 

Mission  |  Contact Us  |  Internships  |    

        

 

 

 

 

 

 

 

 




« Une Société Qui Néglige ses Personnes Agées Est une Société en Déclin » 

Le Mercredi 8 Décembre 2004

France

By M.- C. Baron-Fagé, Le Journal de Saone-et-Loire




 

Dans la foulée du professeur Pfitzenmeyer, les gériatres de Saône-et-Loire dénoncent une situation « intenable et choquante ». Leur président, le gériatre Chalonnais Yves Gey s'en explique.

Le professeur Pfitzenmeyer, chef du service de médecine gériatrique au centre hospitalier universitaire de Dijon avait démissionné de ses fonctions le 5 novembre dernier pour dénoncer une « politique de santé indigne ». Il a décidé de reprendre ses fonctions après avoir rencontré la secrétaire d'État aux personnes âgées, Catherine Vautrin, mais n'a pas renoncé pour autant à poursuivre son combat. Il est suivi en cela par les gériatres de S-et-L. Leur président, le docteur Yves Gey, du centre de gérontologie de la rue de Traves à Chalon, nous explique pourquoi :

« Le professeur Pfitzenmeyer n'a pas agi pour faire un coup de pub ! C'était le fruit d'une longue réflexion et d'une révolte face à une société devenue maltraitante pour les personnes âgées vulnérables. Nous nous trouvons dans une situation inextricable où l'on manque de tout : de lits de court séjour gériatriques dans les hôpitaux généraux, de lits de réadaptation gériatrique insuffisants ou mal répartis, de structures publiques et privées adaptées pour prendre en charge les personnes âgées dépendantes au long cours, et des moyens pour la prise en soins des personnes âgées à domicile. 

Nous travaillons dans des conditions inacceptables à tel point que les personnels des services hospitaliers gériatriques et ceux des services de soins à domicile connaissent une vraie détresse. 

Ils se sentent impuissants face à une souffrance qu'ils n'ont pas les moyens de soulager. Le système français est malade de son vieillissement ».

Le Journal de S-et-L : Comment en est-on arrivé là ?

Docteur Y. Gey : « On n'a pas su anticiper le choc démographique. alors qu'il était prévisible ! Les pouvoirs publics n'ont pas pris la mesure du problème. On a assisté, avec l'allongement de l'espérance de vie, à l'irruption d'une quatrième classe d'âge : les 85 ans et plus. Ce 4e âge est fondamentalement différent du 3e âge sur lequel la société s'est focalisée. Mais le 3e âge, c'est un peu « la croisière s'amuse », avec des consommateurs autonomes qui deviennent les moteurs économiques de la société. Alors que le 4e âge, fragilisé par des polypathologies médicales, perd son autonomie. Aujourd'hui, on est face au mur, avec des besoins qui ont explosé et des moyens qui ne suivent pas. C'est le cas dans toute la France mais avec des disparités. La Bourgogne fait partie des trois régions les moins dotées de France ! Pour nous c'est terrible : on est face à la détresse des personnes âgées, on sait ce qu'il faudrait faire pour les aider, mais on n'en a pas les moyens ! ».

Le JSL : « Quelle réponse apporter ? 

Docteur Y. Gey : « C'est la société dans son ensemble qui s'est défaussé de cette question. On a osé dire que la dépendance ne venait pas de la maladie mais de la vieillesse elle-même ! Les départements en ont hérité la gestion, alors que la gériatrie doit être gérée par l'État, elle doit être prise en charge par la solidarité nationale ! Les familles ne peuvent pas pour la plupart faire face aux dépenses qui sont lourdes (1 500 € par mois a minima mais plus généralement 2 500 à 3 000 €) ! Je vois régulièrement des personnes dont l'état nécessite une mise en institution et qui ne sont pas solvables. On nous dit qu'il n'y a pas d'argent ? On a pourtant trouvé 150 milliards pour boucher le trou du Crédit Lyonnais, 80 milliards pour celui de France Telecom. Je m'étonne que l'on n'en trouve pas pour les personnes âgées ! ».

Le JSL : Comment voyez-vous les prochaines années ?

Docteur Y. Gey : « Avec beaucoup de crainte. Nous ne sommes qu'au début de l'explosion des besoins ! Le choc démographique va avoir des effets jusqu'en 2050. Or nous sommes déjà à la limite du tenable ! Il faut qu'il y ait une prise de conscience comme il y en a eu une, il y a quelques années, pour le sida. Cela s'est avéré efficace : on n'est plus laissé pour compte, aujourd'hui, lorsque l'on est séropositif. Il faut faire le même effort pour les personnes âgées, sinon on va dans le mur. C'est d'autant plus choquant que ces personnes sont au bout d'une vie d'efforts, de travail, de courage et qu'elles n'ont pas bénéficié de tous les progrès. Tout ce qu'on peut leur dire c'est « on n'a pas de solution pour vous ! » C'est inhumain. C'est pour cela que l'on s'est associé depuis le départ au mouvement du professeur Pfitzenmeyer. Une société qui néglige ses personnes âgées est une société en déclin, l'histoire peut en témoigner ».



Copyright © Global Action on Aging
Terms of Use  |  Privacy Policy  |  Contact Us