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Seniors formés, donc actifs: pas sûr

Par le Pr. Vincent Vandenberghe, UCL, La Libre Belgique

Belgique

7 novembre 2004


Comment augmenter le taux d'emploi des seniors? La formation peut-elle y contribuer?
Certes, les individus mieux formés décrochent à un âge plus avancé. Mais d'autres facteurs influencent plus fortement encore leur maintien en emploi. Car l'activité des seniors a diminué ces quarante dernières années alors que leur formation s'améliorait.
Allongement de la durée des études oblige, les travailleurs âgés de demain seront mieux formés que ceux d'aujourd'hui. Quoique bienvenue, cette évolution ne suffira sans doute pas à garantir une forte élévation du taux d'emploi.
L'heure est à l'identification des leviers d'une augmentation du taux d'emploi chez les seniors. L'attention se focalise sur le rôle de la prépension conventionnelle, celui du régime des chômeurs âgés ou celui des systèmes «Canada Dry». On s'interroge sur la baisse de productivité liée à l'âge et l'intérêt de sa prise en compte dans la formation des salaires. Plusieurs travaux étudient les incitants au départ induits par le mode de calcul des pensions. La discussion porte également sur l'intérêt de la formation continue comme moyen d'augmenter le taux d'emploi. Que penser de cette dernière proposition?
Faute de données et de recul, il est bien difficile d'en tester la validité. Mais l'étude d'une autre relation peut éclairer le débat : celle qui lie taux d'emploi et augmentation du niveau de formation initiale des travailleurs âgés. Certes, formations initiale et continue se distinguent à bien des égards. Elles ont cependant un point commun : elles contribuent l'une et l'autre à doter l'individu d'un supplément de capital humain, lequel augmente la productivité et l'employabilité. Et à l'inverse de l'expansion de la formation continue pour laquelle tout reste à faire ou presque, celle de la formation initiale constitue un fait massif et incontournable. On sait dès à présent, du fait de l'allongement de la durée des études, que le capital humain des seniors augmentera. On sait aussi que les seniors d'aujourd'hui sont mieux dotés que leurs pairs de 1960.
Les données du dernier recensement donnent un certain crédit à l'idée qu'un individu plus éduqué décroche à un âge plus avancé. A 55 ans, les universitaires ont, en effet, un taux d'emploi de 70 pc contre seulement 30 pc pour ceux qui n'ont pas dépassé le niveau primaire. Or, la part des premiers va augmenter et celle des seconds diminuer. Selon nos calculs, ceci devrait porter le taux d'emploi des plus de 55 ans de 26 pc actuellement à 32 pc en 2040, soit une augmentation de 23 pc.

Ce résultat et l'optimisme qu'il véhicule doivent cependant être pondérés. Le taux d'emploi actuel des seniors est très faible. L'évolution attendue le maintiendra à un niveau qui restera faible en absolu; largement inférieur aux 50 pc visés par le gouvernement. Et elle mettra du temps à se concrétiser. La deuxième réserve concerne l'entrée plus tardive des diplômés sur le marché du travail. Plus d'éducation implique un allongement de la durée de scolarisation à temps plein, soit une diminution du taux d'emploi des jeunes adultes. Avec un effet sur le taux d'emploi global (toutes tranches d'âge confondues) incertain.
Enfin et surtout, la comparaison de la situation actuelle avec celle de 1960 révèle les limites d'un raisonnement exclusivement fondé sur le couple éducation-taux d'emploi. Car le taux d'emploi senior a diminué entre 1960 et 2000 alors que le niveau d'éducation s'inscrivait déjà très nettement à la hausse.
Ces éléments invitent à se garder de tout raisonnement mécanique. Comme souvent à propos du capital humain, le bénéfice économique qu'il recèle est de l'ordre du potentiel. Réaliser ce bénéfice suppose que les employeurs et les individus y trouvent un intérêt. Et ceci dépend sans doute en grande partie des choix institutionnels concernant le marché du travail et les régimes de (pré)pensions.

Le niveau d'éducation des travailleurs âgés va, à coup sûr, augmenter. Il pourrait augmenter encore plus par un recours plus systématique à la formation continue. Les deux évolutions sont a priori bienvenues dans un contexte où l'on souhaite augmenter le taux d'emploi. Elles ne seront probablement pas suffisantes pour le garantir.

Le détail des chiffres évoqués dans ce texte peut être consulté en téléchargeant http://www.vvdb.webhop.org/Papers/CapitalHumain_fincarrieres.pdf


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