|
By
Philippe Bernard, Le Monde
"Les autorités tentent de faire croire à l'opinion que la question
est réglée, ce n'est nullement le cas", estime leur représentant,
qui réclame la création de 250 000
postes dans les établissements. "Où sont nos millions ?"
Un an et une canicule meurtrière ont passé, mais la question n'a pas
changé. En mars 2003, les responsables de maisons de retraite avaient
protesté dans tout le pays, fait rare, contre le gel par l'Etat des crédits
destinés à la modernisation de leurs établissements. Mardi 16
mars, à cinq jours des élections des conseillers généraux qui gèrent
une partie des crédits de leur secteur, la profession est de nouveau en
émoi. Alors que les 15 000 décès liés
à la canicule de l'été 2003 ont suscité une émotion publique et une
mobilisation politique sans précédent, les gestionnaires d'établissements
estiment que ce sursaut aura été sans lendemain. Non seulement le plan
"Vieillissement et solidarités" annoncé en novembre
2003 par le gouvernement est, selon eux, gravement insuffisant,
mais le retard pris pour sa mise en œuvre le rend inefficient pour l'été.
"Depuis la canicule, les autorités tentent de faire croire à
l'opinion que la question est réglée, ce n'est nullement le cas, tempête
Pascal Champvert, président de l'Association des directeurs d'établissements
d'hébergement pour personnes âgées (Adehpa, 1
700 adhérents
revendiqués), qui a réuni, mardi 16
mars, une conférence de presse. La France continue d'avoir deux à
trois fois moins de professionnels par personne âgée que les pays
voisins. Des parlementaires aux inspecteurs de l'IGAS, tout le monde en a
fait le constat. Mais le plan gouvernemental ne permettra pas de remédier
à ce sous-développement." L'Adehpa, qui estime nécessaire la création
de 250 000
postes dans les établissements pour parvenir au taux d'encadrement
en vigueur en Allemagne (8 professionnels pour 10
personnes âgées contre 4 en France), juge "notoirement
insuffisants" les 15 000
créations annoncées dans le plan gouvernemental sur cinq ans.
L'association revendique donc l'accélération de ce plan et sa mise en œuvre
sur deux ans au lieu de cinq. "RAFRAÎCHIR" UNE SALLE Le calendrier retenu par le gouvernement inquiète aussi les professionnels
dans l'éventualité d'un nouvel été caniculaire. "Aucun crédit
post-canicule n'arrivera avant septembre", martèle M.
Champ- vert, en rappelant que le Parlement n'a pas encore débattu
des dispositions législatives supprimant le jour férié du lundi de
Pentecôte, principale source de financement du plan gouvernemental et créant
la Caisse nationale de solidarité autonomie (CNSA) chargée de gérer ces
fonds. "Le temps que les crédits soient distribués, nous ne verrons
rien avant septembre et les embauches ne pourront être effectives avant
novembre", assure le président de l'Adehpa. Pour pallier les conséquences
de ce délai, l'association demande le recrutement de personnels
saisonniers - trois pour chacun des 10
000 établissements -
durant les mois de juillet et août. Les responsables de maisons de
retraite redoutent en effet qu'en cas de nouvel été torride le
gouvernement ne cherche à "culpabiliser les individus au lieu de
rechercher des solutions de fond". Déjà choqués par la
condamnation, en janvier, d'un de leur collègue à la suite d'un incendie
mortel, ils ont sursauté en lisant la récente circulaire d'Hubert Falco,
secrétaire d'Etat chargé des personnes âgées, les enjoignant de "rafraîchir"
une salle de chaque établissement "pour éviter que ne se reproduise
le drame de l'été dernier". "Quatre mois avant l'été, on nous donne l'ordre d'installer la
climatisation partout, du nord au sud, sans aucun moyen supplémentaire,analyse
M. Champvert, dont
l'association estime qu'il ne s'agit pas là d'une priorité. Cela n'a
aucun sens, si ce n'est de rejeter les responsabilités sur les Ddass et
les directeurs." Interrogé par Le Monde, Hubert Falco s'indigne des accusations de Pascal Champvert, qui, selon le secrétaire d'Etat, "fait de la politique politicienne à quelques jours des élections". "Je ne peux pas laisser dire que rien n'a été fait depuis la canicule, lance M. Falco. 470 millions d'euros sont disponibles dès maintenant et notre effort est sans précédent." A propos de l'air conditionné, le secrétaire d'Etat assure que "les 10 000 à 15 000 euros nécessaires peuvent être dégagés dans le budget propre"de chaque maison de retraite. Copyright © 2004
Global Action on Aging |