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France:

Craignant un Nouvel Eté Caniculaire, les Directeurs de Maisons de Retraite fustigent l'Inaction du Gouvernement  

By Philippe Bernard, Le Monde

March 17, 2004  

 

"Les autorités tentent de faire croire à l'opinion que la question est réglée, ce n'est nullement le cas", estime leur représentant, qui réclame la création de 250  000 postes dans les établissements.

"Où sont nos millions  ?" Un an et une canicule meurtrière ont passé, mais la question n'a pas changé. En mars 2003, les responsables de maisons de retraite avaient protesté dans tout le pays, fait rare, contre le gel par l'Etat des crédits destinés à la modernisation de leurs établissements. Mardi 16  mars, à cinq jours des élections des conseillers généraux qui gèrent une partie des crédits de leur secteur, la profession est de nouveau en émoi.  

Alors que les 15  000 décès liés à la canicule de l'été 2003 ont suscité une émotion publique et une mobilisation politique sans précédent, les gestionnaires d'établissements estiment que ce sursaut aura été sans lendemain. Non seulement le plan "Vieillissement et solidarités" annoncé en novembre  2003 par le gouvernement est, selon eux, gravement insuffisant, mais le retard pris pour sa mise en œuvre le rend inefficient pour l'été. "Depuis la canicule, les autorités tentent de faire croire à l'opinion que la question est réglée, ce n'est nullement le cas, tempête Pascal Champvert, président de l'Association des directeurs d'établissements d'hébergement pour personnes âgées (Adehpa, 1  700  adhérents revendiqués), qui a réuni, mardi 16  mars, une conférence de presse. La France continue d'avoir deux à trois fois moins de professionnels par personne âgée que les pays voisins. Des parlementaires aux inspecteurs de l'IGAS, tout le monde en a fait le constat. Mais le plan gouvernemental ne permettra pas de remédier à ce sous-développement." L'Adehpa, qui estime nécessaire la création de 250  000  postes dans les établissements pour parvenir au taux d'encadrement en vigueur en Allemagne (8 professionnels pour 10  personnes âgées contre 4 en France), juge "notoirement insuffisants" les 15  000  créations annoncées dans le plan gouvernemental sur cinq ans. L'association revendique donc l'accélération de ce plan et sa mise en œuvre sur deux ans au lieu de cinq.  

"RAFRAÎCHIR" UNE SALLE  

Le calendrier retenu par le gouvernement inquiète aussi les professionnels dans l'éventualité d'un nouvel été caniculaire. "Aucun crédit post-canicule n'arrivera avant septembre", martèle M.  Champ- vert, en rappelant que le Parlement n'a pas encore débattu des dispositions législatives supprimant le jour férié du lundi de Pentecôte, principale source de financement du plan gouvernemental et créant la Caisse nationale de solidarité autonomie (CNSA) chargée de gérer ces fonds. "Le temps que les crédits soient distribués, nous ne verrons rien avant septembre et les embauches ne pourront être effectives avant novembre", assure le président de l'Adehpa. Pour pallier les conséquences de ce délai, l'association demande le recrutement de personnels saisonniers - trois pour chacun des 10  000  établissements - durant les mois de juillet et août. Les responsables de maisons de retraite redoutent en effet qu'en cas de nouvel été torride le gouvernement ne cherche à "culpabiliser les individus au lieu de rechercher des solutions de fond". Déjà choqués par la condamnation, en janvier, d'un de leur collègue à la suite d'un incendie mortel, ils ont sursauté en lisant la récente circulaire d'Hubert Falco, secrétaire d'Etat chargé des personnes âgées, les enjoignant de "rafraîchir" une salle de chaque établissement "pour éviter que ne se reproduise le drame de l'été dernier".  

"Quatre mois avant l'été, on nous donne l'ordre d'installer la climatisation partout, du nord au sud, sans aucun moyen supplémentaire,analyse M.  Champvert, dont l'association estime qu'il ne s'agit pas là d'une priorité. Cela n'a aucun sens, si ce n'est de rejeter les responsabilités sur les Ddass et les directeurs."  

Interrogé par Le Monde, Hubert Falco s'indigne des accusations de Pascal Champvert, qui, selon le secrétaire d'Etat, "fait de la politique politicienne à quelques jours des élections". "Je ne peux pas laisser dire que rien n'a été fait depuis la canicule, lance M.  Falco. 470  millions d'euros sont disponibles dès maintenant et notre effort est sans précédent." A propos de l'air conditionné, le secrétaire d'Etat assure que "les 10  000 à 15  000  euros nécessaires peuvent être dégagés dans le budget propre"de chaque maison de retraite.

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