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La Canicule Débute avec 29 °C à Cherbourg, 38 °C à Toulouse

Par Sylvestre Huet, Libération

June 1, 2004

Début août 2003. La France transpire. Durant quinze jours, elle bat un record au moins séculaire de canicule estivale sur l'essentiel du pays. Seule la Bretagne est épargnée. Le thermomètre grimpe au-delà de 40 °C dans de nombreuses villes. Sous l'effet conjugué de températures extrêmes, de nuits chaudes et d'une pollution urbaine accentuée, une surmortalité de près de 15 000 personnes, pour la plupart âgées, soulève une intense émotion. Les urgentistes tirent la sonnette d'alarme dans les hôpitaux débordés, la mairie de Paris doit mettre en place une installation temporaire pour les corps en attente de funérailles. Et le gouvernement Raffarin choque l'opinion en sous-estimant le danger.

Paradoxe. Pourtant, chaque jour, la carte de vigilance météo exhibe sur presque tous les départements un magnifique vert, signe que tout va bien. Le temps qu'il fait ne semble menacer ni la tranquillité du ciel ni celle du pays... alors que tout le monde ne parle que de ses dégâts. Logique, les paramètres météo pris en compte par les prévisionnistes comportent gel, neige, avalanches, orages, pluies diluviennes et vents violents. Mais pas la canicule. A partir de mardi, ce paradoxe ne se reproduira plus, la canicule fait son entrée dans la carte de vigilance.

Si la décision fut rapide, dès l'automne 2003, la détermination des seuils d'alerte exigeait une analyse fouillée du risque caniculaire. Météo France et l'Institut de veille sanitaire (IVS) ont croisé leurs compétences. Climatologie pour les ingénieurs météo, épidémiologie pour les médecins. Ils ont étudié, en sus de l'expérience dramatique de 2003, les épisodes de 1976 et 1983, lorsque des vagues de chaleur avaient également provoqué des surmortalités notables. Pour chacune de ces périodes, les deux organismes ont comparé les données météo et sanitaires. Les surmortalités résultent en effet non d'un record ponctuel de température, mais de la conjonction de températures minimales (nocturnes) et maximales élevées, et de leur persistance durant plusieurs jours. Les personnes affaiblies peuvent encaisser un ou deux jours très chauds, mais ne parviennent plus à récupérer au-delà de trois ou quatre jours. C'est l'effet cumulatif qui provoque les plus gros dégâts. Du coup, le passage critique entre la couleur orange, qui correspond à une alerte sérieuse, et le rouge, qui aurait dû être affiché sur la carte durant l'été 2003, tient bien plus à la persistance de températures élevées qu'à une hausse supplémentaire des températures. En outre, l'expérience montre que les conséquences sanitaires d'un niveau de température donné varient selon les modes d'habitation et de vie locaux. La population des Bouches-du-Rhône résiste mieux que les Bretons à la canicule.

D'où de gros écarts pour les seuils déclenchants. La Haute-Savoie sort le carton orange dès que se cumulent 14 °C en températures minimales, 31 °C en maximales et trois jours de persistance (en plaine). Pour les Bouches-du-Rhône, il faut 22 °C en minimales et 34 °C maximales. Quant aux Côtes-d'Armor, le seuil se situe à 17 °C en minimales et 29 °C en maximales. Seuils qui seront modulés par les prévisionnistes en cas de vent rafraîchissant ou d'humidité bienfaitrice.

Information. Calculée deux fois par jour, la carte de vigilance est mise à la disposition du public et accompagnée de bulletins de suivi en langage clair, donnant des conseils de comportement établis par l'IVS et la sécurité civile. En parallèle, une prévision à sept jours, moins fiable, sera envoyée chaque jour à l'IVS, permettant ainsi l'activation des systèmes de préalerte pour les pouvoirs publics et la sécurité civile, qui pourront ainsi prévenir hôpitaux ou maisons de retraite.

La carte de vigilance créée après les grandes tempêtes de décembre 1999 est manifestement utile et appréciée des usagers. Selon une enquête réalisée par Météo France en septembre 2003, elle est connue de 70 % des Français. Et si deux tiers d'entre eux (66 %) estiment être suffisamment informés des dangers météo, le score grimpe à 77 % chez ceux qui connaissent l'existence de cette carte. Les quatre couleurs vert, jaune, orange et rouge sont bien identifiées et leur ordre de gradation repéré par une très large majorité d'usagers. La couleur orange se trouve la plus citée, en toute logique puisque le carton rouge ne sort que très rarement : un seul cas depuis la mise en route du système, avec les pluies intenses sur le Gard en septembre 2002.

60 % des Français affirment tenir compte de l'avertissement orange pour leurs activités exposées à la météo. C'est surtout par l'intermédiaire de la télévision (à 92 %) que l'information sur la carte vigilance leur parvient. La radio (12 %, deux fois plus citée qu'en 2002) et la presse écrite (11 %) sont également utilisées. En revanche, l'Internet n'est cité que par 6 % des personnes, alors que la carte est disponible en permanence sur le site de Météo France (www.meteo.fr).

Prochaine amélioration : l'hiver prochain, le paramètre basses températures fera à son tour son entrée dans la carte de vigilance.


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