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PREVOYANCE SOCIALE EN AFRIQUE 
LA RETRAITE, UN CAUCHEMAR

Par Koné Soungalo

Le 6 Octobre 2004





Grogne des retraités au Sénégal à laquelle répondent en écho des menaces et autres mises en garde proférées par les retraités de Côte d'Ivoire. Autant dire que la vie de retraités n'est pas de tout repos en Afrique de l'Ouest. La retraite perd chaque jour un peu plus de son caractère noble pour être perçue comme une fatalité, voire une sanction. Aller à la retraite rime dès lors avec condamnation à mort. « Alors que la retraite est l'aboutissement logique de décennies de travail. Il faut pouvoir céder la place sans pour autant perdre le goût de la vie » fait remarquer en ce sens M Théodore Kacou président de l'union nationale des retraités en Côte d'Ivoire (UNARCI) qui milite pour une retraite active et réussie. Récemment au cours d'une conférence de presse qu'il a animée à la bourse du travail d'Abidjan (Côte d'Ivoire), M Théodore Kacou a égrené les difficultés des retraités. « La situation du retraité en Côte d'Ivoire », c'était le thème de cette conférence au cours de laquelle le président de l'UNARCI a révélé que l'Etat doit onze mois d'arriérés de pension bloqués depuis la période de transition. Soit quatre milliards Fcfa. Entre autres griefs il a fustigé les frustrations et la maltraitance dont sont victimes les retraités. 
Au Sénégal qui compte environ 118 000 retraités, secteurs public et privé confondus, la situation n'est pas plus reluisante. Les retraités ont de plus en plus de mal à percevoir leurs pensions. Le Fonds national de retraite (FNR) qui s'occupe des fonctionnaires à la retraite est au bord de la banqueroute. Avec un déficit cumulé de six milliards FCFA, il est en cessation de paiement. L'Institut national de la prévoyance sociale (IPRES) qui gère pour sa part les retraités du secteur privé, avec 122 800 cotisants pour 83 251 retraités connaît également des difficultés dans l'accomplissement de sa mission.

Faillite des systèmes

Selon une récente publication du Bureau international du travail (BIT) intitulée « social security pension, developpement and reform », 90% de la population mondiale en âge de travailler ne sont pas couverts par des régimes de retraite de nature à leur garantir un revenu suffisant. La mauvaise gestion d'une grande partie des régimes existants aggrave la situation et expose une large part de la population mondiale à la pauvreté durant la vieillesse. D'une manière générale, les régimes de retraite sont très faibles et en proie à de fortes pressions sur leurs trésoreries. Ce constat s'applique également à l'Afrique de l'Ouest. La Côte d'Ivoire et le Sénégal sont des exemples patents du dysfonctionnement du système de retraite en Afrique. La caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) et la Caisse générale de retraite des agents de l'Etat (CGRAE) en Côte d'Ivoire connaissent certes des fortunes diverses mais ont en commun des problèmes de trésorerie même s'ils sont plus perceptibles à la CNPS. L'IPRES et le FNR au Sénégal sont dans la même situation. Ces différentes structures ont de plus en plus de mal à trouver les ressources pour payer les pensions. Les causes sont multiples mais deux retiennent particulièrement l'attention. Il y a d'abord le ratio retraite/fonctionnaire ou retraité/cotisant ensuite le taux de recouvrement. 

Le ratio retraité/cotisant se détériore de plus en plus et grève largement la trésorerie des structures chargées de gérer les retraités. Cette détérioration s'explique pour sa part par deux raisons essentielles : Le chômage qui est grandissant à cause, entre autres éléments, des licenciements consécutifs à la privatisation tout azimut et à la récession économique. Des centaines de travailleurs du secteur privé se sont retrouvés subitement sans emploi. 
Le second facteur c'est la retraite anticipée suggérée ou imposée, c'est selon, par les bailleurs de fonds et destinée à réduire le budget de fonctionnement des Etats africains sous ajustement.

« On se rend compte de plus en plus que les actifs payent pour les retraités. Les économies évoluant, on a dû, à cause de la mévente des produits et la récession, arriver à une réduction des effectifs des travailleurs. De sorte qu'au niveau du privé par exemple on s'est retrouvé avec une surchauffe. Au total les cotisations encaissées ne permettaient pas de faire face aux pensions de retraite » explique M Ebagninrin Joseph , de la centrale syndicale ivoirienne UGTCI, par ailleurs secrétaire général du SYNA-CNPS. Il apparaît que les structures chargées de gérer les travailleurs du secteur privé ont plus de difficultés à s'en sortir. Cela tient précisément à la deuxième cause principale. Il s'agit en effet du taux de recouvrement des cotisations des travailleurs. La Côte d'Ivoire ayant opté pour un système de répartition il faut que les cotisations soient versées pour qu'en théorie on puisse payer les retraités. Or, à ce niveau il y a problème. Les sociétés ne reversent pas toujours les cotisations prélevées sur le bulletin de leurs employés.« En outre on constate que certains camarades à la retraite n'ont pas de reversement de leurs cotisations à la CNPS. Dans ce cas de figure, la CNPS procède à une mise en demeure. L'employeur a entre quinze jours et trois mois pour s'exécuter. S'il ne le fait pas il y a notification et majoration des pénalités de retard des cotisations dues. Ensuite on établit une contrainte signée de la CNPS puis visée par le président du tribunal du travail . Si au terme des cinq jours après notification il ne réagit toujours pas il est saisi par voie d'huissier » explique M Ebagninrin.

Les choses ne se présentent donc pas toujours sous de bons auspices tant pour les travailleurs que pour les retraités du secteur privé ou les sociétés parapubliques. 

Il en va ainsi dans la quasi totalité des pays de l'Afrique de l'Ouest où les 16retraités vivent entre le doute et l'espoir. Au Sénégal l'IPRES totalise des arriérés de cotisation énormes par le biais des sociétés parapubliques dont certaines sont du reste liquidées. Les arriérés dus par ces sociétés s'élevaient à près de milliards FCFA. Le secteur privé quant à lui, cumulerait environ neuf milliards FCFA à l'IPRES.


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