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"Le Gouvernement Exploite la Misère des Travailleurs"

By Issa K. Barry, L'Observateur Paalga (Ouagadougou)

November 11, 2004 




Dans ces secteurs, l'âge d'ouverture du droit à la pension est toujours prévu par la loi 13/72/AN portant Code de la sécurité sociale en faveur des travailleurs salariés. Trois articles de ladite loi, les articles 37, 38, et 39, font référence à la limite d'age fixée à 55 ans et doivent être remaniés : dans les alinéas où il est mentionné « l'âge de 55 ans », on remplacerait ces mentions par le groupe de mots « l'âge de départ à la retraite » et un libellé renvoyant la fixation de la retraite à un décret en lieu et place de la loi, pour les salariés des secteurs privé et parapublic.

Le projet de décret propose donc, à l'instar de la Fonction publique, une stratification selon les emplois : 56 ans pour les ouvriers et assimilés, 58 ans pour les employés et assimilés, 60 ans pour les agents de maîtrise, les cadres et assimilés, et enfin, 63 ans pour les médecins et enseignants du supérieur officiant dans le privé.

A l'époque, la Commission de l'emploi, des affaires sociales et culturelles (CEASC) de l'Assemblée nationale a eu des entretiens avec le patronat. Il ressortit des échanges, que les employeurs accueillent favorablement les dispositions tendant à fixer l'âge de la retraite par décret. Par contre, s'agissant du relèvement de l'âge de la retraite, ils diront à la commission que si on demandait leur avis avant son application, ils n'y seraient pas favorables.

D'autant plus que, expliqueront-ils, il y a une certaine catégorie qui, à partir d'un certain âge, n'est plus performante et coûte plus cher à l'employeur. Mais résignés, ils ajouteront que puisqu'il s'agit d'une décision politique, ils ne peuvent que s'y soumettre.

Les questions des députés ont surtout porté sur la position du patronat, qui n'a pas apprécié le relèvement de l'âge de la retraite. Certains ont jugé cette position quelque peu irresponsable et d'autres ont pensé que le patronat aurait du plutôt faire une étude d'impact avant de se décider.

Mais face aux députés, le ministre, qui n'était pas particulièrement bavard ce jour, n'a pas voulu faire un commentaire sur le point de vue des employeurs. Certainement une mesure de prudence quand on sait que les tractations se poursuivent.

Par contre, l'intervention qui semble avoir marqué plus d'une personne à l'Hémicycle a été celle du député Soumane Touré, qui ne semble pas être passé par quatre chemins pour dire au ministre du Travail, de l'Emploi et de la Jeunesse, ce qu'il pense du relèvement de l'âge de la retraite : « Ce que vous nous présentez comme de simples mesures peut avoir des incidences graves ! Vous ne nous calculez pas l'incidence financière que cette décision aura sur les travailleurs.

Et ce qui est surtout cynique de votre part, vous allongez le temps de travail du salarié tout en sachant qu'il ne touche que 40% de son salaire une fois en retraite. Cela relève de l'incompétence et de l'irresponsabilité et même de la méchanceté dans ce pays en fin de compte. Car les réserves qui sont à la caisse de sécurité sociale, dont on s'amuse avec, devraient permettre d'atteindre bien des objectifs.

Vous présentez le relèvement de l'âge de la retraite comme une mesure salutaire, alors que tout un chacun voudrait quand même aller à la retraite ! En fait, vous jouez sur la misère des gens parce qu'ils ont peur d'aller à la retraite d'autant plus qu'on ne leur sert pas une pension conséquente. Et l'une des choses la plus frappante est qu'au niveau de la Caisse de sécurité sociale, je crois que vos travailleurs ne connaissent même pas bien leur problème. Cela fait trente ans qu'on pose ce problème. Pour ma part, moi je vote contre jusqu'à ce que vous nous apportiez de façon motivée et chiffrée votre nouveau Code de sécurité sociale ».

Réponse du ministre Ludovic Tou. « On n'est pas cynique, incompétent ou méchant. Notre code de sécurité est évolutif et c'est dans ce sens que nous le proposons aux gens. On est en train de procéder à des modifications majeures. Depuis quelque temps nous avons procédé au relèvement des différents taux de la pension. Depuis la nouvelle décision, la Caisse a pu engranger des recettes, qui sont passées de 5 milliards à 8 milliards. Soit une augmentation d'à peu près 40%.

Je pense que cela n'est pas l'oeuvre de gens incompétents, mais prévoyants et qui font des réformes plus profondes ». Après la première série de questions-réponses, le député Hacynthe Sandwidi viendra détendre quelque peu l'atmosphère. Il demandera au ministre Ludovic Tou, d'une part si on a pensé à une sécurité sociale pour le secteur privé informel et le secteur paysan (rires dans l'hémicycle), et d'autre part, s'il ne faudrait pas prendre en compte une sécurité sociale universelle qui prendrait en compte les laissés-pour-compte.

Finalement, la relecture du code de sécurité sociale a été adoptée à la majorité absolue des 103 votants qui étaient présents ce soir à l'Assemblée nationale.

En Europe, où il y a une couverture sociale intéressante, les travailleurs salariés, pour avoir cotisé au régime général et à plusieurs autres régimes complémentaires, se retrouvent à la retraite avec une pension mensuelle correspondant à 90%, voire 95% de leur salaire pendant qu'ils étaient en activité. A la retraite, ils ont un revenu conséquent.
Aussi, aspire-t-on là-bas à aller vite à la retraite. Au Burkina Faso, le salarié cotisant à la CNSS, qui va à la retraite, se retrouve avec une pension d'environ 40% de son salaire mensuel.
Son niveau de vie chute s'il n'a que sa seule pension pour vivre. La retraite, qui appauvrit, est vécue comme un drame, aussi voit-on les salariés revendiquer le relèvement de l'age du départ à la retraite.


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