Home |  Elder Rights |  Health |  Pension Watch |  Rural Aging |  Armed Conflict |  Aging Watch at the UN  

  SEARCH SUBSCRIBE  
 

Mission  |  Contact Us  |  Internships  |    

        

 

 

 

 

 

 

 

 



M. Bush Affronte la Perspective d'une Première Défaite Politique

Par Eric Leser, Le Monde

Le 28 Mars 2005

Le président américain, George Bush, s'exprime sur la réforme de la sécurité sociale, lors d'un meeting à Albuquerque, le 22 mars 2005.  | AP/JOE CAVARETTA
AP/JOE CAVARETTA
Le président américain, George Bush, s'exprime sur la réforme de la sécurité sociale, lors d'un meeting à Albuquerque, le 22 mars 2005.


Pour la première fois depuis son entrée à la Maison Blanche, en janvier 2001, George Bush pourrait subir une défaite majeure en politique intérieure. La privatisation partielle du système de retraite par répartition (social security), annoncée comme la réforme la plus importante du second mandat, n'a semble-t-il plus aucune chance d'être adoptée par le Congrès. Le numéro un de la majorité républicaine au Sénat, Bill Frist, a laissé entendre que le projet pourrait finalement être repoussé à l'année prochaine. 

Et, pourtant, il y a longtemps que les républicains n'avaient été aussi puissants. Après la réélection du président en novembre 2004, ils contrôlent la Maison Blanche et jouissent d'une majorité confortable au Sénat et à la Chambre des représentants. Mais c'est dans son propre parti que George Bush ne parvient pas à convaincre. Paradoxalement, cinq mois seulement après son succès électoral, M. Bush risque de commencer son second mandat par un camouflet dont il aura du mal à se remettre. Fini les grandes ambitions, avouées à la fin de l'année dernière dans l'euphorie de la réélection, de défaire l'Etat providence, l'héritage de Franklin Roosevelt et du New Deal des années 1930.

"Pour la première fois depuis six décennies, nous avons l'opportunité de gagner la bataille sur la sécurité sociale", écrivait au début de l'année Peter Wehner, directeur des initiatives stratégiques de la Maison Blanche, dans une lettre aux élus républicains. Ces derniers n'ont pourtant pas, manifestement, l'intention de prendre des risques pour permettre à George Bush de laisser sa marque dans l'histoire. Ils ont déjà en tête les scrutins de l'année prochaine, et un certain nombre d'entre eux pensent même à la présidentielle de 2008.

"MOTIVATION IDÉOLOGIQUE"

Le risque d'un second mandat marqué par l'impuissance, au moins sur le plan intérieur, est d'autant plus grand pour le président que les sondages lui sont de plus en plus défavorables. Dans le dernier, réalisé par Gallup pour USA Today et CNN la semaine dernière, la cote de popularité de George Bush est tombée à 45 % d'opinions favorables. Elle n'avait jamais été aussi faible. A cela, expliquent les experts, il y a plusieurs raisons : l'impopularité de la réforme des retraites, l'ouverture d'une réserve naturelle de l'Alaska aux forages pétroliers, la hausse des prix de l'essence à la pompe, et enfin l'interventionnisme du gouvernement dans l'affaire Terri Schiavo. 

Une autre étude d'opinion, réalisée la semaine dernière pour CBS News, montre en effet que 82 % des personnes interrogées se déclaraient opposées aux initiatives prises par le Congrès et par le président pour sauver la jeune femme de 41 ans plongée depuis quinze ans dans un coma végétatif. Elle est devenue le symbole d'une bataille juridique et surtout politique entre partisans et adversaires de l'euthanasie, dans laquelle George Bush a clairement choisi son camp. Il a écourté ses vacances de Pâques dans son ranch du Texas pour rentrer à Washington d'urgence et promulguer la loi, votée spécialement par le Parlement, autorisant la justice fédérale à faire réalimenter la jeune femme. Mais toutes les pressions sur les tribunaux fédéraux et sur la Cour suprême ont été inutiles. C'est une défaite pour les républicains ¬ moins pour le président, car elle laissera sans doute moins de traces que l'abandon probable de la réforme de la Sécurité sociale.

"Le plan pour transformer le système des retraites est, aujourd'hui, tout simplement kaputt", résume Jacob Weisberg, le chroniqueur du magazine en ligne Slate. D'abord, parce que les parlementaires démocrates sont, pour une fois, unis. Il n'y a plus à craindre de défections comme lors des votes en 2001 et en 2003 sur les baisses d'impôts. L'opposition est même galvanisée par le sentiment de pouvoir remporter enfin une victoire et d'empêcher le démantèlement d'une institution vieille de 70 ans. Elle a le soutien des syndicats comme l'AFL-CIO et surtout de la puissante association des retraités American Association of Retired Persons (AARP), qui compte 35 millions de membres.
L'engagement de l'AARP contre la réforme a fait réfléchir bon nombre d'élus républicains. Les retraités et les citoyens de plus de 50 ans ont, en effet, un poids électoral considérable et votent plus que les autres aux Etats-Unis. Selon un sondage réalisé à la mi-mars pour le Washington Post et ABC, seuls 35 % des Américains approuvent la privatisation du système de retraite contre 38 % en décembre ¬ 56 % la jugent même dangereuse.

"L'explication est simple. La Sécurité sociale ressemble plus à une maison dont le toit a besoin de réparations qu'à une maison dont les fondations vont s'effondrer. Le système est capable de payer 100 % des pensions promises jusqu'en 2041. Voilà pourquoi les gens ne veulent pas d'un projet dont la motivation est avant tout idéologique", dit Robert Greenstein, du Centre sur les priorités politiques et budgétaires. Et le quotidien USA Today ajoute : "Bush a traité les retraites comme le moyen de parvenir à un réalignement politique, et ça ne passe pas."

Bien des présidents américains ont connu des seconds mandats difficiles : George Bush pourra-t-il éviter un destin similaire ?


Copyright © Global Action on Aging
Terms of Use  |  Privacy Policy  |  Contact Us