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Femme,vieille et seule : une triple discrimination


programme d'information soutenu par la Commission Européenne
 

France


7 octobre 2005


L'ONU avait déclaré 1999, l'année des personnes âgées. Des études* furent menées, qui aboutirent aux mêmes conclusions : pécuniairement parlant, mieux vaut être un vieux qu'une vieille - en France.

En Europe, l'espérance de vie des femmes dépassent de plusieurs années celle des hommes, les Françaises jouissant d'une particulière longévité. Conséquence logique, dans une société où la famille nucléaire domine : les femmes restent plus longtemps seules en fin de vie, que les hommes. Et cette solitude entraîne, par rapport à la vie en couple précédant, une nette baisse des revenus (à hauteur de 30%) pour la majorité d'entre elles , alors que ce n'est le cas que pour la moitié des hommes (à hauteur de 10%).

Si le compagnon disparu était un concubin, il faut espérer que la femme aura accumulé assez de "points" pour avoir une retraite convenable, aura pu se constituer un patrimoine personnelle, ou aura assuré ses droits sur d'éventuels biens communs au couple - car elle n'est pas son héritière, aussi longue ait été leur vie commune. Si le compagnon était un époux, la veuve perçoit une pension de réversion, à condition d'en faire la demande. Cette pension équivaut à 54% de la retraite du disparu - pas grand chose, dans l'immense majorité des cas !

A bas salaire, retraite de misère
Ces lois jouent certes dans les deux sens ; légalement, un veuf n'est ni plus ni moins avantagé qu'une veuve. Mais le retraité est, toutes classes sociales confondues, toujours plus riche que la retraitée : la pension de l'un équivaut à plus du double de celle de l'autre, selon les chiffres de la Caisse nationale d'assurance vieillesse (CNAV). Cette disparité est la conséquence directe d'inégalités antérieures : parcours professionnel moins favorable (sur un panel de 3 000 retraités âgés de 75 ans réuni par la CNAV en 1997, 37 % des hommes avaient été cadres, contre 19% des femmes) et emplois moins bien rémunérés pour les femmes. Elles dépendent donc davantage du seul Régime général, sans retraite complémentaire. Inégalité supplémentaire pour une large part des mères de famille ayant occupé un ou des emplois : une carrière dite "incomplète", soit insuffisamment d'années de cotisation, les années manquantes ayant bien évidemment été consacrées à s'occuper de la maison et des enfants.
Cette abnégation est plus chèrement payée encore par celles qui sont restées leur vie durant "femmes au foyer", puisqu'une fois veuves, leurs revenus baissent de moitié (ce qui, les célibataires le savent bien, correspond à une diminution du niveau de vie supérieure). Les "conjointes aidantes" arrivent au même résultat - mais en ayant contribué à faire fructifier l'entreprise familiale de longues années durant. Ce sont les épouses de médecin, d'agriculteur, de commerçant, d'artisan, sans existence légale en tant qu'"assistante" de leur mari, sans revenus déclarés, et donc sans droits sociaux propres. Au mieux, ces travailleuses de l'ombre jouiront à la retraite de leurs maigres droits d'épouses de retraité. En cas de séparation, elles n'auront (sauf mesures prises auprès d'un notaire durant la vie commune) aucun droit sur l'entreprise dont le mari reste officiellement l'unique propriétaire. Ces pratiques sont certes illégales - mais si bien ancrées dans les mours qu'il est difficile de les éradiquer, aujourd'hui encore.
Les études de la CNAV ont montré que nombre de retraités échappaient à la pauvreté grâce au patrimoine qu'ils étaient parvenus à se constituer. Les travailleurs à bas revenus en disposent naturellement moins que les hauts revenus - ce qui ajoute une discrimination pour les femmes.

L'autonomie aujourd'hui pour la sécurité demain
Certes, il semblerait que l'écart des retraites entre hommes et femmes diminue en France. Mais, c'est évident, pas plus vite que l'écart des salaires ! Si l'on veut sérieusement que les femmes âgées échappent à la pauvreté, c'est donc par combler cet écart-là qu'il faut commencer. Les incitations à quitter la vie "active", provisoirement ou définitivement, ce fameux "salaire familial" que la droite remet régulièrement sur le tapis, vont dans le sens inverse. Le congé parental, ouvert aux hommes mais dans la pratique presque exclusivement pris par les femmes, aussi, puisqu'en l'état actuel des mentalités, il freine une carrière, et par conséquent l'évolution d'un salaire. Le plus pervers est que ces offres séduisent davantage les femmes exerçant une profession peu intéressante, voire pénible, et mal rémunérée. A première vue, assez logiquement : à quoi bon rester clouée des heures derrière une caisse de supermarché si cela ne sert qu'à payer les frais de garde des enfants ? Mais en cas de séparation d'avec l'époux ou le concubin, comment se réinsérer sur le marché du travail ?
En dépit de quelques success stories montées en épingle, et dont les start-up réputées miraculeuses ont relancé la mode, en France, on meurt rarement riche quand on est né pauvre. En revanche, il est possible pour une femme ayant vécu dans une relative aisance, de finir ses jours dans l'indigence. Le nombre des femmes très âgées va croissant ; beaucoup sont en état de santé médiocre ou mauvaise, voire de dépendance. Le prix des maisons de retraite supportables étant prohibitif, où, dans quelles conditions, finiront-elles leurs jours si leurs enfants éventuels ne peuvent ou ne veulent les prendre en charge ? Si une vraie politique d'égalité des chances n'est pas menée, et si les accords sur le commerce des services prennent le tour souhaité par les multinationales, être vieille demain sera pire qu'aujourd'hui.

 


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