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L'Autriche bientôt asphyxiée sous le poids de ses retraités

Par Joëlle Stolz, Le Monde


1 novembre 2009 

Autriche


C'est une photo qui a mis beaucoup d'Autrichiens au bord de l'infarctus : un dentier flottant dans un verre, avec de longues canines à la Dracula. " Le danger gris ", titrait l'hebdomadaire viennois Profil, pour dénoncer de façon brutale ce qu'il appelle la " gérontocratie " - le pouvoir exercé par les plus âgés au détriment des plus jeunes, dans une société où jamais on n'avait vécu aussi confortablement ni si longtemps.

Le gouvernement se félicite d'avoir contenu à 1,5 % la revalorisation annuelle des pensions, lors d'une négociation conclue le 30 octobre, quand l'inflation était inférieure à 1 %. Car l'Autriche est le paradis des retraités. La revue américaine Forbes vient de la classer numéro un mondial, pour la qualité de vie et des soins médicaux. Certes, note le magazine, " il manque la joie de vivre méditerranéenne ", mais les amateurs de musique classique et de promenade en montagne sont comblés.

Même s'ils ne jouissent pas de la même aisance financière que les lecteurs de Forbes, les Autrichiens sont toujours plus nombreux à profiter de leur vieillesse. Les 18 000 accidents sportifs dont ont été victimes des " seniors " l'an dernier, témoignent de leur présence assidue sur les pistes de ski ou les sentiers de grande randonnée.

Le montant de leurs retraites, qui atteint 80 % du salaire brut (contre 53,3 % en France et 43 % en Allemagne) reste généreux. Avec 2 600 euros par mois en moyenne, les fonctionnaires sont particulièrement gâtés. Ils touchent des revenus plus élevés que durant leur vie active, parce qu'ils paient alors moins de cotisations sociales.

" Il s'agit d'un grand privilège ", déclare au Monde Bernd Marin, directeur à Vienne du Centre européen de recherche en politique sociale. Selon lui, on retrouve souvent ces régimes spéciaux " dans les pays qui ont un passé fasciste ou autoritaire, comme l'Espagne, l'Italie, la Pologne, où le pouvoir s'est efforcé d'acheter les groupes potentiellement dangereux ". Dans une société attachée au modèle de la mère au foyer, chaque enfant élevé " compte " pour cinq ans de cotisations.

Le gouvernement de droite a facilité ces dernières années le départ précoce à la retraite de ceux qui effectuent des " tâches pénibles ", en donnant à ce terme une interprétation très laxiste. La mesure a été prolongée jusqu'en 2013, avec le soutien des sociaux-démocrates, malgré son coût ruineux pour le budget public. Résultat : les Autrichiens sont les Européens qui partent le plus tôt à la retraite, à 57,9 ans pour les femmes et 58,9 ans pour les hommes.
Dangereux déséquilibre

Combien de temps cet âge d'or peut-il durer ? En 2008, l'Autriche comptait déjà 1,85 million de retraités - 2,2 millions si l'on inclut les pensions d'invalidité et autres allocations vieillesse - pour 8,3 millions d'habitants. Dans vingt ans, ils seront 3 millions, plus du tiers de la population : " Un cauchemar ", dit M. Marin qui, avec d'autres experts, tire depuis longtemps la sonnette d'alarme : " Un Etat-providence n'a pas de sens si une génération l'emporte avec lui dans la tombe. "

En 2009, l'Etat fédéral doit déjà débourser 13 milliards d'euros pour financer les pensions, davantage que pour l'ensemble des écoles et universités du pays. Les 10 000 étudiants qui ont manifesté dans les rues de Vienne, mercredi 28 octobre, pour réclamer un enseignement de meilleure qualité, ne font pas vraiment le poids face aux bataillons de retraités : ceux-ci forment un tiers de l'électorat, voire la moitié dans le cas du parti social-démocrate.

Ce déséquilibre aura des effets politiques. Inquiets de devoir travailler plus longtemps pour de plus maigres bénéfices, mais hostiles à l'immigration, les jeunes peu qualifiés se tournent souvent vers l'extrême droite : 24 % des électeurs de moins de 25 ans, en octobre, se déclaraient prêts à voter pour elle.


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