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La fracture numérique entre les générations se réduit

By Marc Coutty, Le Monde

January 3, 2004


 

L'idée reçue selon laquelle les générations les plus anciennes seraient imperméables aux nouvelles techniques d'information et de communication (NTIC), et particulièrement à l'utilisation d'Internet, est battue en brèche par diverses études récentes. Ainsi, celle de Sim Scanner Interdéco Expert, réalisée en 2003 pour le magazine Notre temps,affirme que les 50- 64 ans sont de plus en plus intéressés par la navigation sur la Toile et le courrier électronique. Elle confirme les résultats d'une enquête du Credoc pour l'Autorité de régulation des télécommunications, qui montre que les baby-boomers (de 40 ans à 59 ans) ressemblent beaucoup à leurs cadets de la tranche d'âge entre 25 à 39 ans, du point de vue des comportements de consommation des NTIC.

Le développement d'Internet concerne également les personnes âgées, celles qui ont passé 60 ans, ainsi que le révèle une troisième étude, menée notamment à Parthenay, dans les Deux-Sèvres, où a été développée une politique locale d'expérimentation baptisée "Ville numérisée", dont rend compte un article d'Emmanuel Eveno et Philippe Vidal, "Les personnes âgées face à la société de l'information", publié dans Les Techniques de la vie quotidienne, âges et usages (CNAV, collection "MiRe", 2002).

Cette réalité nouvelle est cependant complexe. Selon le sociologue Jean-Philippe Viriot Durandal, maître de conférences à l'université de Franche-Comté, qui intervenait dans le cadre d'une rencontre organisée en novembre 2003 par Notre temps et Seniorscopie.com, "la crainte d'une fracture numérique est réelle pour le moment pour les cohortes les plus âgées". Mais des initiatives volontaires tendent à la réduire. Diverses expériences, dans le Val-de-Marne (projet Essaim'age), à Issy-les-Moulineaux (mise en place d'un cybersalon de thé) ou en- core dans des maisons de retraite montrent que l'âge n'est pas fatal à l'acquisition ni à l'emploi des NTIC.

Mieux encore, le potentiel de développement de l'usage des nouvelles technologies repose désormais sur les aînés. Selon Jean-Yves Ruaux, rédacteur en chef de Seniorscopie.com, "les 50-64 ans sont devenus un facteur de dynamisation du marché de l'informatique". Ainsi, 50,1 % de ces seniors possèdent un ordinateur, rattrapant presque la moyenne française (54,1 % des ménages sont désormais équipés). Mieux encore, la marge de progression est plus forte chez les jeunes anciens (+ 12,5 %) que parmi l'ensemble de nos compatriotes (+ 8,4 %).

Aux Etats-Unis, les 65 ans et plus constituent désormais le premier groupe de croissance du Net, avant même les baby-boomers, dont on sait par ailleurs que les comportements de consommation se différencient de moins en moins de ceux de leurs cadets.

En règle générale, les seniors français utilisent moins Internet que leurs voisins européens, du fait d'un sous-équipement informatique. M. Viriot-Durandal remarque que, "si 36 % des Européens de plus de 50 ans possèdent un ordinateur personnel à la maison, les Français ne sont que 31,5 % dans ce cas, contre 41,4 % des Allemands et 58,1 % des Néerlandais". Ainsi, dans l'Europe des Quinze, la France est ainsi à la traîne, en onzième position.

Mais ce retard ne sera sans doute pas durable, compte tenu de la forte augmentation du recours à Internet : 37,9 % des seniors l'ont utilisé au cours des douze derniers mois, soit une progression de 17 % par rapport à 2001. Sans surprise, les différences sociales dans le travail sont, plus que l'âge, le principal facteur explicatif de la fracture numérique. Alors que, parmi les actifs, 76 % des cadres supérieurs disposent d'un ordinateur sur leur lieu de travail, 16 % seulement des ouvriers sont exposés aux NTIC.

La diffusion d'Internet chez les aînés connaît cependant d'autres freins. La peur de la nouveauté et de la complexité, le manque de confiance en soi, l'ergonomie, mais aussi la maîtrise du clavier et de la souris, qui correspondent à l'entrée dans "un nouvel univers psycho-cognitif et culturel", constituent les obstacles les plus fréquents, avec aussi la question de l'utilité. A quoi bon cet objet d'apparence complexe, le plus souvent corrélé à l'univers du travail ? Dans une étude sur la diversité des usages des technologies menée auprès de couples à la retraite et de personnes veuves (CNAV, collection "MiRe"), Vincent Caradec montre comment le rapport aux objets high-tech (du téléphone au four à micro-ondes, en passant par le téléviseur et l'ordinateur) se redistribue.

Les "seniornautes" privilégient Internet pour conserver une intimité à distance avec les "proches-lointains", affirme Jean- Philippe Viriot Durandal. Envoi de courriels et de photos numériques, échanges en direct par vidéoconférences permettent de maintenir un lien familial et amical que l'éloignement géographique et les obligations réciproques distendent.

Les plus jeunes servent souvent de passeurs dans l'apprentissage informatique des grands-parents. Mais, de plus en plus fréquemment, Internet permet aussi de développer la cyberconvivialité, voire la cyberdémocratie. Aux Etats-Unis et au Japon, des associations de retraités se constituent grâce au lien informatique, et les partis politiques utilisent de plus en plus le Net pour relier leurs adhérents. La virtualité technologique se fait alors remède contre l'exclusion sociale et politique des anciens.


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