Vieillissement et intégration sociale des personnes âgées en débat

TV 5

France

5 Décembre 2007

Qu'est-ce qu'être vieux? Il faut se référer à "l'âge subjectif, celui qu'on se sent avoir" et faciliter le maintien de l'intégration sociale des personnes âgées, ont expliqué des spécialistes lors d'un colloque organisé par les Académies de médecine et des sciences.

"Aujourd'hui être vieux commence en moyenne à 76-77 ans. En 2040, on dépassera l'âge de 80 ans pour être vieux", selon le directeur du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc), Jean Rochefort.

"Si en 2040, le seuil de la vieillesse atteint 82 ans, la proportion de +vieux+ restera la même qu'actuellement", a-t-il souligné mardi devant les académiciens, tandis qu'une anthropologue, Bernadette Puijalon, insistait sur la notion "d'âge subjectif" estimant que "le chiffre de l'âge ne doit plus être un facteur déterminant".

L'évolution attendue pose, selon M. Rochefort, la question de l'âge de la retraite. Si cinq générations cohabitent, peut-on imaginer qu'une ou deux seulement travaillent, compte tenu aussi de la durée des études, interroge-t-il.
Si actuellement les entreprises ne savent pas "garder un senior de 54 ans, c'est parce qu'à 45 ans le salarié est déjà considéré dans l'antichambre de la préretraite", a-t-il asséné.

Avoir des activités associatives et des journées bien remplies lors de la retraite, voire beaucoup de petits-enfants, est statistiquement "corrélé avec le fait de vivre de façon épanouissante la vieillesse", a-t-il encore noté.

L'âge de cessation d'activité professionnelle "n'est pas un facteur de longévité en soi", mais le nombre et la qualité des activités physiques et intellectuelles poursuivies à un âge avancé est important, selon Jean-François Dartigues (Inserm).

Il faut "fuir la routine, privilégier les activités qui stimulent l'invention, comme le bricolage, jouer sur des ordinateurs à des programmes de stimulation intellectuelle", conseille-t-il dans un large dossier que le mensuel Science et vie consacre en décembre au vieillissement.

Manger moins serait aussi recommandé, des études sur l'animal ayant montré que la "restriction calorique", jusqu'à la moitié de la dose normale, favorise la longévité, a rappelé le Pr Etienne-Emile Baulieu.

Ce découvreur de l'hormone DHEA se dit "très réservé" quant aux mérites d'antioxydants miracles pour lutter contre les radicaux libres, ces composés oxygénés étant jugés facteurs de vieillissement. "Il y a des résultats positifs et négatifs", a-t-il noté devant la presse.

Au niveau physiologique, le vieillissement peut être très différent d'une personne à l'autre. On peut avoir des difficultés à marcher à 80 ans et garder une mémoire intacte, a souligné le neurologue Yves Agid.

Lors du vieillissement normal (et non en cas de maladie d'Alzheimer), "soit il n'y a pas de perte neuronale, soit elle est très faible", a-t-il noté, soulignant que les neurones "qui survivent" peuvent rester "très actif" et établir de nouvelles connexions.

Des phénomènes compensatoires se produisent dans le cerveau, d'où la possibilité d'un "vieillissement réussi".

La force musculaire décline avec l'âge, mais des capacités de compensation existent en cas de stimulation musculaire, d'où la nécessité de maintenir une activité physique. Les déficits visuels et auditifs liés à l'âge devraient aussi être mieux pris en compte, selon des spécialistes.

Le Pr Maurice Tubiana, qui a relevé qu'à 88 ans il ne peut plus utiliser le métro faute d'accès adapté, a invité architectes et urbanistes à veiller à ce que "15 à 20 millions de personnes vieillissantes puissent continuer à avoir une vie normale".

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