Les entrepreneurs sociaux d'Ashoka créent de la valeur et des emplois

Par Annie Kahn, Le Monde

15 octobre 2009

France

Désormais, Siel Bleu s'autofinance, et n'a plus besoin de l'aide financière d'Ashoka, pour se développer.

Guillaume Bapst, autre lauréat d'Ashoka, a lui renoncé à sa bourse six mois avant l'échéance : " J'avais multiplié mon budget par trente ", explique le créateur d'Andes, un réseau d'épiceries solidaires.

Car l'aide d'Ashoka, association créée en 1980 en Inde par un Américain, Bill Drayton, ancien consultant du cabinet de conseil en stratégie McKinsey, est de " soutenir des personnes dont les idées et les ambitions sont à même de propager de nouvelles solutions aux problèmes sociaux et environnementaux ". L'association leur met le pied à l'étrier. Son apport n'est pas seulement financier, mais aussi intellectuel grâce à son réseau de partenaires, entreprises et particuliers. Les cabinets de conseil les plus réputés lui prêtent main-forte : McKinsey, bien sûr, mais aussi Latham & Watkins dans le domaine juridique, Hill & Knowlton (communication), Ernst & Young (financier), Egon Zehnder (ressources humaines).

Des particuliers apportent également un soutien financier (10 000 euros par an chacun) et du temps. " La crise montre bien l'importance de ces nouveaux modèles. Participer à leur émergence m'apporte beaucoup ", confirme Martine Roussel-Adam, entrepreneuse elle-même. De même pour Stéphane Monmousseau, associé de la société de gestion Pragma Capital. Outre ses conseils aux entrepreneurs sociaux, il met aussi ses compétences financières au profit de l'association Ashoka elle-même : création d'une fondation, mise au point d'un partenariat avec une société de gestion, qui reversera à Ashoka les commissions d'un de ses fonds investi à hauteur de 5 % à 10 % dans des entreprises sociales.

Innovation sociale

Arnaud Mourot, directeur général d'Ashoka, attend désormais des politiques qu'ils adaptent l'administration et l'aide de l'Etat à ces nouveaux modèles. " En faisant de la prévention pour personnes âgées, Siel Bleu fait diminuer les fractures du col du fémur et réduit de 10 millions d'euros la dépense en santé publique. Cette économie pourrait être réinjectée dans l'entreprise " explique-t-il. L'innovation sociale pourrait bénéficier des mêmes avantages que l'innovation technique, et se voir ouvrir les portes du Fonds stratégique d'investissement (FSI), plaide-t-il.

Le premier ministre François Fillon a confié le 2 octobre, au député Francis Vercamer, une mission pour que le pays " se dote dans les tout prochains mois d'une politique ambitieuse de développement de l'économie sociale et de l'entreprenariat social ".

Mais aux Etats-Unis, le président Barack Obama a annoncé fin juin la création d'un fonds pour l'innovation sociale doté de 50 millions de dollars (33,6 millions d'euros), rappelle M. Mourot, espérant bien que cet exemple sera suivi.

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