La semaine dernière, Véronique Langlois a reçu un appel de sa grand-mère qui voulait vérifier si elle avait de gros ennuis à Montréal et un urgent besoin d'argent pour se tirer du pétrin.

Mais Véronique était au travail à Québec et n'avait rien de spécial à signaler. Mis à part, a-t-elle vite compris, qu'une femme venait d'essayer d'escroquer sa grand-mère de 90 ans au téléphone.

La fraudeuse a dit «que j'étais partie à Montréal avec des amies de fille, que j'étais en boisson, que j'avais frappé une personne et que j'avais besoin de 3600 $ pour m'en sortir avec l'avocat», raconte Véronique.

L'inconnue au bout du fil s'est présentée à la grand-mère comme sa petite-fille. Elle lui a déballé son histoire inventée en lui demandant de lui envoyer les 3600 $ par une entreprise spécialisée dans le transfert d'argent comme Western Union. Les ennuis de la fausse Véronique devaient bien sûr rester confidentiels, demandait la fraudeuse. Surtout, il ne fallait pas que la grand-mère prévienne une autre personne.

«Il s'est écoulé trois heures avant qu'elle ose me contacter, parce qu'elle avait peur qu'il m'arrive quelque chose si elle appelait quelqu'un», relate Véronique.

Au cours des quatre derniers mois, le Centre antifraude canadien (CAFC) a constaté une importante recrudescence de ce type de fraude au Canada.

À Québec, une vingtaine de plaintes concernant ce que le CAFC nomme «escroquerie de grands-parents» ou «escroquerie d'urgence» ont été comptabilisées depuis juin. À l'échelle de la province, on parle d'environ 250.

La pointe de l'iceberg

Mais ce ne pourrait être que la pointe de l'iceberg, indique Philippe Charron, analyste au CAFC. «Les gens ont honte, ils sont embarrassés par la situation et il y a vraiment un faible pourcentage de gens qui rapportent ces fraudes.»

Au Coeur du Bourg, la résidence où habite la grand-mère de Véronique à Charlesbourg, deux résidants ont été victimes d'appels frauduleux dans les dernières semaines, indique Claudine Gauthier, la secrétaire administrative de ce complexe pour retraités. Les autres résidants ont été avertis de se méfier de ce genre d'appels.

Pour M. Charron, c'est d'ailleurs le réflexe que tous ceux qui se font demander de l'argent au téléphone devraient avoir, même envers des gens dont ils ont l'impression de reconnaître la voix. «S'ils ne peuvent pas se montrer au pas de la porte, dit M. Charron, vous ne leur donnez pas d'argent.»