Home |  Elder Rights |  Health |  Pension Watch |  Rural Aging |  Armed Conflict |  Aging Watch at the UN  

  SEARCH SUBSCRIBE  
 

Mission  |  Contact Us  |  Internships  |    

        

 

 

 

 

 

 

 

 



La recherche au chevet de la santé des seniors


Par Alain Perez, Les Echos 

27 novembre 2009 

Monde


 

 

Les seniors représentent une part de plus en plus importante de la société. L'étude des mécanismes du vieillissement est en pleine expansion, tout comme la recherche de technologies adaptées.

A quel âge commence la vieillesse ? Pour l'Organisation mondiale de la santé, c'est 65 ans. D'après les organisations en charge de l'aide aux personnes âgées, c'est 75 ans. Dans les maisons de retraite, on utilise un autre filtre : 85 ans, âge moyen des personnes vivant en institution. Les biologistes brouillent encore les cartes en citant une formule à géométrie variable : « ça dépend à la fois des gènes et du mode de vie ». En fait, cette diversité reflète une évidence connue de tous : nous ne sommes pas égaux face au temps qui passe. En gros, les spécialistes estiment que 30 % des troubles de santé des seniors sont de nature génétique (hérédité ou mutation aléatoire), 40 % sont d'origine environnementale ou découlent du mode de vie (y compris l'alimentation), le reste venant de causes diverses (accidents).

Les gériatres classent les seniors en trois groupes : les « autonomes », majoritaires et en bonne santé, les « partiellement dépendants » souffrant de plusieurs pathologies (comorbidités) qui limitent leur liberté d'action, et les « fragiles », qui cumulent des comorbidités associées à des affections aiguës et parfois d'importantes détresses psychologiques. Ce week-end se tient à l'Unesco, à Paris, un forum scientifique consacré à la recherche en gérontologie. Quelques spécialistes vont tenter de répondre à une question dans l'air du temps : comment alléger les outrages du temps ?

De nombreux terriens ont déjà trouvé la recette. Selon les données des Nations unies (World Population Prospects), dans les pays développés, la proportion des centenaires est actuellement comprise entre 0,02 % et 0,05 % de la population (environ 20.000 en France). En 2025, le Japon, pays où l'on vit le plus longtemps, devrait compter plus de 200.000 centenaires. Si les projections se réalisent, environ 0,3 % de la population française passera le cap des 100 bougies en 2050.

Biologie du vieillissement

La biologie du vieillissement était un des sujets phares du dernier congrès de gériatrie qui s'est tenu à Paris (IAGG). Deux théories ont actuellement le vent en poupe : l' hypothèse oxydative et la théorie endocrine. La première est construite sur une analogie mécanicienne du corps, assimilé à une machine se détériorant inexorablement au fil du temps. Cette usure biochimique est la conséquence d'une accumulation d'oxygène atomique dans les cellules provoquant des dégâts irréversibles. La seconde piste, plus récente, fait intervenir une des stars du métabolisme humain : l'insuline. Selon les tenants de cette théorie, les hormones peptidiques règlent l'entrée en scène d'un invité dont personne ne veut : la sénescence.

Les études réalisées sur des centenaires confirment que ces chanceux bénéficient d'un double avantage : un faible niveau d'IGF (« Insulin Growth Factor ») et un système immunitaire très performant qui les protège des infections. Cette piste expliquerait également pourquoi la restriction alimentaire augmente la longévité chez la souris. Le mois dernier, le prix Nobel de médecine 2009 a donné ses lettres de noblesse à la gériatrie moléculaire. Les trois vainqueurs américains ont découvert la télomérase, cette enzyme qui protège les cellules d'une perte d'information à chaque division. Mais de nombreuses questions restent sans réponse. Pourquoi la chauve-souris vit entre dix et vingt ans, alors que sa cousine des villes et des champs ne dépasse pas les trois ans ?

Maintien à domicile

Une chose est sûre, l‘an prochain, la France comptera plus de 10 millions de plus de 65 ans. En 2020, le pays devrait héberger au moins 2 millions de patients âgés de plus de 85 ans. Dans ce contexte, le corps médical, les responsables de la santé publique et le monde politique posent une seule question : comment prendre soin de ces populations ? « En les maintenant à domicile le plus longtemps possible et en amenant les services médicaux là où ils vivent » , tranche le professeur canadien Réjean Hébert, de l'université Sherbrooke au Québec. Ce gériatre regrette l'hospitalo-centrisme de certains pays (à commencer par la France), qui expédient les personnes âgées à l'hôpital à la moindre alerte. « Il faut sortir de cette logique qui déracine les gens et leur donne l'impression qu'ils sont des fardeaux pour la société. Les aidants familiaux sont des partenaires des services médicaux. L'avenir est au “ home care ”», insiste le spécialiste québécois. John Morley, gérontologue à l'université de St Louis, aux Etats-Unis, est tout aussi radical vis-à-vis d'un autre fléau : la surmédicalisation des personnes âgées. « L'exercice physique est 6 fois plus efficace que les médicaments », résume cet expert. « Certains malades dépressifs hospitalisés sont en permanence entre demi-sommeil et demi-veille à cause des neuroleptiques », ajoute le docteur Patrick Lemoine, psychiatre à Lyon.

Syndrome de la fragilité

Mais, contrairement à l'aphorisme exprimé en son temps par le général de Gaulle, la vieillesse n'est pas un naufrage. Selon les données officielles, seulement 10 % des plus de 65 ans sont dépendants et environ 20 % souffrent d'un syndrome gériatrique qui intrigue les chercheurs : la fragilité. Ce concept né aux Etats-Unis (« frailty ») est aujourd'hui l'objet de nombreuses études. A partir de 70 ans, 20 % des sujets sont fragiles et à 85 ans, cette faiblesse concerne la majorité d'entre eux. Ces personnes souffrent de polypathologies, chutent plus fréquemment et ont un surrisque de développer une maladie d'Alzheimer.

Cette fragilité s'accompagne souvent d'une perte de fonte musculaire (sarcopénie) et d'un déclin cognitif entraînant une grande vulnérabilité. Ces patients affaiblis sont aussi victimes de maltraitance. On estime à 6 à 8 % le nombre de personnes de plus de 65 ans souffrant de mauvais traitements, souvent par inadvertance ou manque d'attention. Heureusement, le concept de bientraitance fondé sur le respect de la personne fait son chemin. « L'identification et le suivi de ces patients fragiles sont un enjeu de société », rapporte le professeur Gabor Abellan Van Kan du gérontopôle de Toulouse.

Une équipe de ce centre a mis au point un test d'analyse de la vitesse de la marche qui permet de détecter les personnes à risque. « La dépendance dépend souvent du parcours de vie. Chacun est responsable de son propre vieillissement », conclut ce gériatre.


More Information on World Health Issues 


Copyright © Global Action on Aging
Terms of Use  |  Privacy Policy  |  Contact Us