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VIH : il faut "identifier les séropositifs qui s'ignorent"


Par Audrey Fournier, Le Monde 

21 octobre 2009

France

 

Selon un rapport publié mercredi 21 octobre par Libération, la Haute Autorité de santé (HAS) suggère que le dépistage du virus du sida soit proposé à toute la population, de 15 à 70 ans, sur la base du volontariat. Pour la HAS, "le dispositif actuel de dépistage souffre d'un nombre important d'insuffisances". Ce rapport met un terme à deux ans de travail mené par des chercheurs, des médecins et des responsables d'associations. Il montre que si la France figure en excellente place pour la quantité de tests effectués – 5 millions par an –, 40 000 personnes ignoreraient actuellement leur séropositivité, et la plupart d'entre elles ne font pas partie des catégories traditionnellement considérées comme "à risque".

"En 2007, une étude a révélé que 37 % des patients traités pour un VIH débutaient les soins à un stade tardif", souligne le professeur Yazdan Yazdanpanah, spécialiste des maladies infectieuses au CHU de Tourcoing et membre du groupe de travail de la HAS. "L'impact de ce retard est double : d'une part il diminue les chances de survie car le traitement est d'autant moins efficace qu'il est prescrit tardivement, d'autre part il augmente le risque de transmission du virus aux autres, car on sait aujourd'hui que les antirétroviraux diminuent la contagiosité du VIH", précise-t-il. "Or, beaucoup de ces patients sont des personnes âgées, des femmes hétérosexuelles...", c'est-à-dire des personnes auxquelles les tests ne sont habituellement pas proposés. "Quand un homme de 60 ans présente un très fort amaigrissement, un médecin va avant tout chercher un cancer, pas un VIH", déplore-t-il.

"Stratégie de rattrapage"

En France, ainsi que dans la plupart des pays développés, la politique de dépistage du sida s'adresse principalement aux populations à risque : consommateurs de drogues, homosexuels et migrants. "C'est ce paradigme qu'il faut changer", explique Jean-Marie Le Gall, responsable des actions de recherche pour l'association Aides et membre du groupe de travail de la HAS. "Il s'agit de dépister plus et mieux, et surtout d'arrêter de systématiquement lier le test de dépistage à une prise de risque", ajoute-t-il. "Proposer le dépistage à toute la population au moins une fois dans sa vie revient à demander à chacun : 'êtes-vous toujours séronégatif ?' et surtout : 'L'avez-vous vérifié ?' Trop de personnes évitent le dépistage car elles n'ont pas l'impression d'avoir pris de risque."

Jean-Marie Le Gall insiste également sur la nécessité de continuer à circonscrire la maladie, même si le regard sur celle-ci a changé du fait des progrès en matière de traitement et de la perspective d'un vaccin efficace : "Nous allons devoir vivre encore 25 ou 50 ans avant qu'il n'y ait un vaccin ou un traitement curatif contre le sida, dépister le virus reste indispensable pour pouvoir vivre avec."

Selon le professeur Yazdanpanah, les modalités d'application du dépistage généralisé sont simples et peu coûteuses : "Nous devons continuer à dépister les personnes à risque de façon régulière, au moins une fois par an, et organiser pour le reste de la population une stratégie de rattrapage pour identifier les séropositifs qui s'ignorent." En guise de suivi, il préconise un deuxième test au bout de cinq ans pour les populations non à risque. "Les médecins généralistes et les services hospitaliers sont les mieux placés pour proposer ce type de test, quel que soit le motif de la consultation", ajoute-t-il. Cette organisation présenterait également des avantages économiques : "D'un point de vue du rapport coût-efficacité, le dépistage des malades à un stade précoce revient bien moins cher que soigner des malades en fin de vie", note le professeur Yazdanpanah.

"Diversifier l'offre de tests"

Les recommandations stratégiques formulées par la HAS visent aussi à faire évoluer les mentalités et les pratiques en matière de prévention et de traitement du sida. Evolution des mentalités des soignants, car un certain nombre de patients ne se voit toujours pas proposer de test, faute de présenter un profil à risque. Evolution des pratiques de dépistage également, car l'offre de test devrait, selon les membres du groupe de travail, être diversifiée. "Nous souhaitons que les laboratoires aient l'autorisation de pratiquer des tests remboursés sans prescription médicale", explique Jean-Marie Le Gall. "Nous demandons également que les réseaux communautaires et les associations puissent participer au dépistage en proposant des tests 'rapides.'" Ce type de test, qui donne un résultat en une demi-heure à l'aide d'une simple goutte de sang prélevée au bout du doigt, est actuellement autorisé dans les hôpitaux et les cabinets médicaux. L'association Aides le propose également dans le cadre d'un protocole expérimental.

"La fiabilité des tests rapides est inférieure à celle des tests pratiqués en laboratoire, tempère le professeur Yazdanpanah, mais ils peuvent être pratiqués en cas d'urgence, quand le risque de contamination est flagrant." "Les tests rapides sont une bonne solution pour une petite partie de la population, très exposée, renchérit Jean-Louis Le Gall, une population qui rechigne à consulter un médecin ou à se rendre à l'hôpital."

Les propositions formulées par la HAS devraient être étudiées dans le cadre du plan de lutte nationale contre le sida en vue d'une éventuelle intégration.


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