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Alzheimer : The Reimbursement of Four Drugs Questioned

By Martine Perez, Le Figaro

September 20, 2011

France





La Haute autorité de santé entame une réévaluation de ces molécules, dont l'efficacité ne fait pas l'unanimité chez les gériatres et les neurologues.

Il existe depuis une vingtaine d'années quatre médicaments destinés à traiter les personnes atteintes d'une forme modérée de la maladie d'Alzheimer. Or, de manière quasi concomitante à leur mise sur le marché, une polémique concernant l'efficacité de ces molécules anime le milieu des gériatres et des neurologues. Le débat n'est pas propre d'ailleurs à la France, puisque dans pratiquement tous les pays d'Europe, mais aussi aux États-Unis et au Canada, des voix se sont élevées pour s'opposer aux remboursements de ces substances par les assurances sociales, tandis que d'autres au contraire tonnaient pour dire la nécessité de cette prise en charge médicamenteuse.

Aujourd'hui, la Commission de transparence a lancé un processus de réévaluation, au grand dam de l'industrie pharmaceutique qui craint à juste titre l'effet dévastateur pour elle d'une remise en cause. Les experts eux-mêmes sont relativement partagés, même si tous savent, malheureusement, que ces molécules pourraient au mieux limiter quelque temps la dégradation des fonctions cognitives, chez certains patients, sans empêcher l'évolution de la maladie. Il existe quatre molécules, dont trois ont le même mode d'activité dite anticholinestérasique (donezepil, galantamine, rivastigmine), la mémantine ayant un mode d'action différent.

«Dans le cadre des procédures de réévaluation habituelles, nous avons revu au cours des dernières semaines l'efficacité des médicaments utilisés contre la maladie d'Alzheimer», explique le professeur Gilles Bouvenot, président de la Commission de transparence. Cette commission a récemment rendu un avis, qui reste pour l'instant confidentiel, mais qui rétrograderait le service médical rendu par ces molécules, justifiant alors une réduction du taux de remboursement.

Pour l'instant, cet avis a été soumis aux firmes pharmaceutiques dans le cadre d'une procédure contradictoire. Et désormais, elles fourbissent leurs armes pour maintenir un «service médical rendu important» et le même taux de remboursement. En réalité, l'affaire est avant tout symbolique, carl'Alzheimer étant une affection prise en charge à 100 %, les patients continueraient à bénéficier d'un remboursement. Mais les médecins pourraient eux être moins enclins à les prescrire.

«Service faible, mais pas nul»
Une chose est sûre, l'existence de médicaments a contribué à médicaliser cette maladie, en amenant le patient à rentrer dans un cursus de soin global, là où, autrefois, la médecine se déclarait totalement impuissante. Une autre chose est certaine, l'efficacité de ces médicaments est limitée et il n'a jamais été prouvé qu'ils ralentissaient la progression de la maladie. La revue Prescrire (indépendante de l'industrie) déconseille leur prescription. «La vitesse d'évolution de la maladie est variable d'une personne à l'autre. Mais on a l'impression que les malades qui les prennent peuvent en tirer un bénéfice, affirme le professeur Florence Pasquier (Centre mémoire, CHRU, Lille). Le service médical rendu est faible, mais pas nul. On ne peut pas dire que ces traitements soient inutiles.»

Le professeur Olivier Saint-Jean (chef du service de gériatrie, hôpital Georges-Pompidou, Paris) ne partage pas cet avis. «C'est totalement scandaleux de rembourser plus de 200 millions d'euros par an pour des traitements qui ne servent à rien, dénonce-t-il. Il vaudrait mieux investir cet argent pour financer des auxiliaires de jour, des soins aux patients, des aides aux familles.»

Pour le professeur Joël Ankri (hôpital Sainte-Perrine, Paris), le sujet est difficile : «Ce sont des médicaments symptomatiques, par rapport à rien, ils apportent un petit plus, pour un petit nombre de patients. Le risque d'un déremboursement, c'est de faire déplacer les prescriptions vers des produits comme les neuroleptiques, plus dangereux.» La demande des patients et de leur famille en médicaments est énorme. Mais faut-il répondre à cet appel, quitte à donner de faux espoirs ?


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